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Le folklore de la Pologne des années 90 – Les transports en commun

anciens tickets de busanciens tickets de bus
Écrit par Cédric Tavernier
Publié le 7 août 2020, mis à jour le 7 août 2020

La photo de cet article est celle des tickets de bus à Varsovie à la fin des années 90… Papier ultra fin et poinçonnage surréaliste… Mais les transports en commun réservaient aussi d’autres surprises…

Lors de mon dernier article sur le folklore de la Pologne des années 90, je vous racontai mon séjour dans un petit village de l’est de la Pologne où il fallait encore passer par une centrale téléphonique pour appeler un téléphone fixe tandis que les premiers téléphones portables faisaient leur apparition.

Après toutes ces pérégrinations en Pologne, j’avais envie de voir comment c'était d’habiter dans ce pays, ainsi je dégottai mon stage de fin d’études à Varsovie à la fin de l’année 1999.

 

Des titres de transport pas pratiques…

Avant d’acquérir une carte de transport mensuelle, j’achetai un ticket hebdomadaire. Et les titres de transport pour de courtes durées n’étaient pas du tout magnétiques comme aujourd’hui. Et ils n’étaient pas en carton non plus mais faits d’un papier très fin. Il fallait les insérer dans un poinçonneur qui se trouvait dans le moyen de transport utilisé et les trous effectués indiquaient le jour et l’heure ainsi que le lieu du poinçonnage. C'était un véritable casse-tête. Le contrôleur mettait un temps assez important à déchiffrer les informations, ce qui laissait largement le temps aux fraudeurs pas encore contrôlés de s’éloigner puis de décamper au prochain arrêt.

 

Une corruption généralisée

Du coup, être contrôleur à Varsovie à la fin des années 90 était loin d’être une sinécure, et en plus c’était sacrément mal payé. Mais en contrepartie, la corruption y régnait largement, de quoi mettre du beurre dans les épinards. J’en ai fait les frais deux fois, la première fois parce que j’appris à ma grande stupéfaction que lorsqu’on avait un bagage, il fallait payer un supplément, règle qui heureusement a été supprimée depuis. Et la deuxième fois car j’avais oublié ma carte d'étudiant chez moi alors que j’avais un ticket de transport à tarif réduit.

Ni une ni deux, les contrôleurs m’ont à chaque fois fait sortir du tramway. La première fois, ils ont exagéré, ils ont fait mine de téléphoner à l’ambassade pour signaler l’incident, je pense en effet que cela les aurait en effet vraiment intéressés… Mais bon, tout cela était pour générer un état de peur avant de se regarder puis de dire :

- J’aimerais bien boire une bonne vodka. Combien ça coûte une bonne vodka, Marek ?

- Bah, facilement 40 zlotys…

Avant de me regarder, interrogatifs.

- Vous voulez 40 zlotys, c’est ça ?

- Non, nous on n’a pas le droit de vous demander, par contre, vous, vous avez le droit de proposer…

- C’est cher 40 zlotys.

- Ah, OK. Marek, on prendrait bien 2 cafés, avec de la crème, tout ça. Ça coûte combien 2 bons cafés ?

- Oh, bien 20 zlotys…

 

Le paradis des pickpockets

Enfin, lorsque j’effectuais mon stage dans une grande société allemande à Varsovie, je fus surpris quand le dernier jour du mois, un des employés de l’étage du dessus passa dans notre bureau, tout sourire pour nous annoncer que la paye était arrivée. Tout le monde délaissa alors sa tâche et déguerpit du bureau… Sauf moi qui ne comprenais pas ce qui se passait. Étonné de me voir resté à mon poste, l’annonciateur de la bonne nouvelle me demanda pourquoi je ne voulais pas aller recevoir mon salaire. Je le suivis alors et après avoir fait la queue une bonne quinzaine de minutes et avoir montré mon passeport, je reçus une douzaine de billets verts en échange d’une signature. Il n’y avait plus d’enveloppe… En effet, à l’époque, beaucoup de gens n’avaient pas de compte bancaire. Ça m’avait quand même bien sidéré. Il y avait belle lurette qu’en France on ne versait plus les salaires de cette façon.

Comme la plupart des employés, je rentrai chez moi en tramway avec mon salaire du mois en liquide. Je me disais que pour un pickpocket bien avisé, il suffisait de ne travailler que le dernier jour du mois…

C’est la fin de cette série d’articles sur le folklore des années 90 mais je vous invite à lire ou à relire les précédents !