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Rencontre avec Cyrielle Czyżewska, nommée pour le Prix du Public – Trophées 2023

Cyrielle Czyżewska ID DROP  ITW TROPHEES 2023Cyrielle Czyżewska ID DROP  ITW TROPHEES 2023
Cyrielle Czyżewska a créé la société ID DROP
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 31 juillet 2023, mis à jour le 31 juillet 2023

Cyrielle Czyżewska, en Pologne depuis 13 ans, fait partie des 10 heureux candidats sélectionnés dans la catégorie : Prix du Public de la 11e édition des Trophées des Français de l’étranger, parrainé par la Banque Transatlantique, ayant postulé parmi les 72 éditions lepetitjournal.com présentes à travers le monde. Vous avez jusqu’à vendredi 17 février midi pour soutenir Cyrielle, qui revient au fil de cette interview sur son parcours professionnel, le lancement de son entreprise, son implication au sein de la communauté, ainsi que sur les difficultés en tant que femme et jeune trentenaire rencontrées sur le chemin de l’indépendance… et de la reconnaissance !

 

Lepetitjournal.com/varsovie : Cyrielle, pourriez-vous nous raconter comment vous êtes arrivée en Pologne ?

Je suis arrivée en Pologne en 2010 dans le cadre d'un stage de 6 mois à l'Institut français de Pologne pour valider ma dernière année de Master à Sciences Po Lille. J'ai ensuite effectué un VIA à l'Ambassade de France en Pologne pendant 2 ans au service de coopération et d'action culturelle pour coordonner les projets de coopération universitaire. À la suite de ce VIA, j'ai été employée directement par le ministère français des Affaires étrangères pour développer des actions dans le domaine de la coopération scientifique, universitaire et culturelle en Pologne.

En tout, j'ai travaillé pendant près de 7 ans au service du rayonnement de la France en Pologne, et ai été à l'initiative de nombreux projets qui perdurent encore aujourd'hui. Après cette belle expérience dans le secteur public, j'ai fait le choix de me tourner ensuite vers le privé et ai travaillé pendant près de 2 ans dans les relations publiques pour une grande entreprise française du CAC 40. Néanmoins, l'envie de monter ma propre entreprise m'a poussée à prendre les dessus et à me lancer alors que je venais d'avoir à peine 30 ans.

 

Comment l’idée de créer votre propre entreprise a-t-elle germé, était-ce une évidence ?

L’idée de monter une agence de communication m’est venue après un constat flagrant : beaucoup d’entreprises et d’institutions ne savent pas communiquer sur leurs activités.

Je me souviens encore de ce que nous répétait constamment Pierre Buhler, alors ambassadeur de France en Pologne : « il y a le savoir-faire et le faire-savoir, et l’un ne va pas sans l’autre ».

C’est sur ses conseils que j’ai commencé à dédier une part importante de mon travail à la communication et aux relations publiques.

Aussi, il me tenait à cœur de pouvoir aider les autres à grandir. Le manque de ressources en interne pour lancer une communication professionnelle et efficace ne devrait pas être un frein au développement de nouveaux projets ou produits pour une entreprise ou une organisation.

J’ai commencé au départ seule, en tant que consultante indépendante. Très vite, mon carnet de clients s’est enrichi et je suis maintenant à la tête d’une équipe multilingue de 10 employés.

 

Que propose aujourd’hui votre entreprise, ID DROP ? Qu’est-ce qui rend votre entreprise spéciale ?

Notre offre de services a beaucoup évolué en 5 ans, d’abord parce qu’elle reposait au départ en grande partie sur mes compétences propres, mais aussi, car le COVID m’a obligée à redéfinir notre activité autour des canaux de communication en ligne, les événements et les relations presse traditionnelles n’étant plus envisageables pendant le confinement.

Aujourd’hui nous proposons à nos clients un accompagnement de A à Z dans tous les domaines du marketing : stratégie, réseaux sociaux, digital, communication online et offine, branding, campagnes publicitaires, et cela en trois langues (français, polonais, anglais). La grande majorité de nos clients sont des entreprises polonaises qui veulent étendre leurs activités en France et des entreprises françaises qui souhaitent se développer en Pologne.

Nous venons aussi de lancer récemment une nouvelle gamme de services destinés aux microentreprises et autoentrepreneurs. 

 

De quelles manières êtes-vous impliquée dans la communauté française et francophone en Pologne ?

Notre entreprise participe pleinement au développement et à l'accompagnement des entreprises françaises en Pologne. Dès le début de mon aventure entrepreneuriale, j’ai fait le choix de me rapprocher de la Chambre de commerce franco-polonaise (CCIFP) pour laquelle j’ai eu l’occasion d’intervenir à plusieurs reprises en tant qu’expert auprès d’autres PME sur les thèmes de la communication sur les réseaux sociaux.

Depuis 2019, j'apporte également mon expertise au Lycée français de Varsovie. Nous les avons notamment accompagnés dans l'organisation de leurs événements du Centenaire, créé et lancé un nouveau site internet trilingue, développé la promotion de l'établissement sur les réseaux sociaux et dans les médias, mais aussi coordonné la recherche de partenariats pour la mise en place d'un jardin en permaculture au sein de l'école.

En 2019, j’ai aussi rejoint le Réseau francophone de l'Entrepreneuriat en Pologne afin d'accompagner les jeunes entrepreneurs et porteurs de projets francophones en Pologne dans leurs efforts de communication. En septembre 2022, j’ai d’ailleurs rejoint le Conseil de surveillance de l'association RFE Pologne et conseille l’équipe sur le développement du réseau.

Outre mes fonctions de CEO, j’interviens également auprès d’entreprises et d’institutions en tant que consultant stratégique et organise des formations en marketing digital pour le public francophone en Pologne.

 

En quoi votre expérience est-elle exceptionnelle ? De quoi êtes-vous le plus fière ?

Quand je suis arrivée à Varsovie il y a douze ans, je n'avais aucun lien avec la Pologne. D’ailleurs, je n'aurai jamais pensé faire ma vie en Pologne, et encore moins lancer mon entreprise !
Je suis convaincue que je n'aurai pas eu le même parcours professionnel en France. C'est vraiment la Pologne, et notamment Varsovie avec son dynamisme et son ouverture vers l'Europe, qui m'a donné la force d'entreprendre et de lancer ma propre activité.

Aussi, et contrairement à de nombreux francophones installés en Pologne, j'ai tout de suite tenu à apprendre la langue, l'histoire et la culture du pays. C'est aussi ce qui m'a permis de faire ce qui me plait aujourd'hui : travailler dans la communication et le marketing.

Cette double culture que j'ai acquise sur place m'a permis de monter une équipe réellement franco-polonaise. Que ce soit dans ma vie privée, comme dans ma vie professionnelle, je suis en contact permanent avec les deux cultures.

Je suis aussi très fière d'avoir poussé la porte de l'entrepreneuriat à 30 ans et d'avoir pu accompagner plus de 20 entreprises à développer leurs activités en Pologne ou en France. C'est vraiment cette possibilité d’accompagnement des entreprises et des entrepreneurs dans leurs projets, qui me motive au quotidien.

 

On ne va pas se voiler la face, vous avez dû rencontrer un certain nombre de difficultés… Acceptez-vous de revenir sur ces aspects dont on ne parle pas souvent malheureusement ?

Beaucoup de personnes n'ont pas cru en moi au départ, car elles pensaient que j'étais encore trop jeune. Le monde de l'entrepreneuriat n'est pas facile non plus quand on est une femme.

Il est très rare pour moi de croiser une femme de mon âge avec le même niveau de responsabilités dans les événements de networking professionnel (notamment au sein de la communauté francophone de Varsovie !). Je me sens parfois très seule…

Aussi, lancer son entreprise est souvent présenté comme le nouveau « Graal » pour atteindre un certain niveau de liberté ou de confort, or il n’en est rien. Oui, je n’ai plus de chef, mais mes clients sont juges ; oui, je n’ai plus d’horaires fixes, mais je dois souvent travailler le weekend et ai peu de vacances. Après 5 ans, je n’ai toujours pas trouvé l’équilibre idéal qui me permette d’avoir du temps pour moi. Être chef d’entreprise, c’est stressant, exigeant, et cela demande beaucoup d’énergie.

Par ailleurs, et avec le développement de mon entreprise, je dois maintenant acquérir de nouvelles compétences managériales. Il faut aimer sans cesse réapprendre et savoir être constamment à l’écoute.

 

Peut-on dire que vous êtes également « mentor » aujourd’hui ?

En tant que CEO, j'ai maintenant la possibilité de créer de l'emploi et de donner une chance à de jeunes talents français et polonais qui veulent évoluer dans le domaine du marketing. Les voir progresser, monter en compétences, et être à l'initiative de projets pour nos clients me rend très heureuse.

J'aimerais aussi pouvoir montrer aux jeunes entrepreneurs à l'étranger (et notamment aux jeunes femmes), qu'il est possible de réussir en ne partant de rien. Tout ce que j'ai construit aujourd'hui, je ne le dois qu'à moi et à mon travail. Je remercie bien entendu ici toutes les personnes qui ont cru en moi et mon équipe de choc à l’agence qui fait un travail remarquable chaque jour.

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à présenter votre candidature aux Trophées des Français de l’étranger ?

J’aimerais donner envie à ceux qui doutent encore, et notamment aux jeunes femmes, de se lancer dans l'entrepreneuriat. C’est selon moi la plus belle aventure humaine. Chaque jour, j'apprends, je grandis… On m'a dit une fois que l'entrepreneuriat était la meilleure école de la vie, et c'est bien vrai !

 


ID DROP en quelques chiffres :

Création de l’entreprise : 2018

Nombre de projets réalisés pour des entreprises françaises : 35

Nombre de projets réalisés pour des institutions françaises : 30

Membre de la CCIFP depuis 2018

Membre de l'association RFE Pologne depuis 2019 date de sa création

Nombre de salariés : 10

Site internet 

 

La rédaction vous recommande le portrait de Cyrielle Czyżewska publié en février 2019, dans la série « Femmes entrepreneuses ».

Soutenez Cyrielle, votez dès à présent pour le Prix du public, et ce jusqu’au vendredi 17 février 2023 midi heure française ! 

Article initialement publié le 12/02/2023