Inauguré le 14 décembre 2014, le Pendolino d'Alstom représente une avancée considérable dans la modernisation du parc ferroviaire polonais. Mais à peine un mois après sa mise en circulation, le petit nouveau de chez PKP-Intercity accumule déjà des griefs. En cause, le coût du billet et une logistique parfois défaillante. Autant d'éléments qui profitent à la concurrence...
Des débuts peu encourageants
Le Pendolino offre un niveau de confort qui n'a rien à envier au TGV français : prises secteur, éclairage individuel, écrans LCD et une série d'aménagements pour les personnes à mobilité réduite.
Pourtant de mi-décembre à mi-janvier, 150.000 usagers ont emprunté le Pendolino sur l'axe nord-sud qui relie Gdynia et Varsovie à la triade Cracovie/Katowice/Wroclaw, laissant vide près d'un siège sur deux. Optimiste, Marcin Celejewski, président de PKP intercity estime pourtant qu'il transportera trois millions de personnes avant la fin de l'année 2015. Il ajoute que le Pendolino a permi une hausse de 50% de la fréquentation des trains du réseau Intercity Express par rapport à la même période de l'année 2014.
Mais en l'état actuel, le réseau du rail polonais ne permet pas au train d'atteindre sa vitesse de pointe de 250 km/heures et, d'après le même Celejewski, ce ne sera apparemment pas le cas avant 2018.
Une panne informatique venue fausser les prix
L'exceptionnelle baisse des tarifs survenue un mois avant l'inauguration du Pendolino ne permet pas de fournir des statistiques fiables. Le 17 novembre dernier ? la PKP annonçait en effet que, suite à une défaillance du système de billetterie en ligne, elle mettrait en vente une gamme de titres au « prix imbattable » de 49 PLN (le tarif le plus bas proposé par PKP-Premium). Avant même de s'interroger sur les perspectives de remplissage du Pendolino, Gazeta Wyborcza note que sur les 150.000 passagers précédemment évoqués, la moitié d'entre eux ont pu bénéficier d'une telle ristourne. Ces 75 ;000 passagers demeureront-ils des clients fidèles au train bleu une fois l'offre expirée, s'interroge le journal. Pour l'heure, on ne peut présager ni de l'évolution du nombre « stable » d'usagers, ni de la stratégie commerciale que devra déployer PKP en réponse à cette évolution.
Des solutions alternatives au Pendolino pour les usagers
Alors faute de pouvoir s'offrir le Pendolino, certains usagers lui préféreront des modes de transport plus rentables. La plupart d'entre eux continueront à voyager sur les anciens trains du réseau Intercity, quitte à sacrifier le confort à l'économie d'argent. D'autres se rabattront sur l'autobus, un moyen de transport encore très plébiscité en Europe centrale. Sous l'effet de la concurrence, le numéro 1 polonais Polski.Bus a déjà revu ses tarifs à la baisse avec une moyenne de 55 PLN pour le billet Gdansk-Cracovie et ce, bien avant la mise en service du Pendolino. Enfin, la réduction du prix de l'essence ne joue pas non plus en faveur de PKP : aujourd'hui, rejoindre Cracovie depuis la capitale polonaise coûte en moyenne 100 PLN à l'automobiliste (soit 15 PLN de moins qu'il y a deux mois) contre 150 PLN pour une place prise au tarif standard à bord du Pendolino.
Source : Wyborcza.pl
Arnaud Chaffange (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 5 février 2015
© Photos: Arnaud Chaffange