JUSTICE - Condamné pour brutalités policières 25 ans après les faits

Il aura fallu attendre 25 ans pour voir l'un des auteurs de brutalités policières ayant entraîné la mort de Grzegorz Przemyk, condamné par la justice. Un verdict tant attendu et espéré par les parties civilesGrzegorz Przemyk (photo d'archive)Il y a 25 ans, Grzegorz Przemyk, un jeune homme de 19 ans et son ami fêtaient leur succès aux examens du baccalauréat dans la vieille ville de Varsovie. Grzegorz Przemyk était embarqué au poste pour une vérification d'identité suite à un contrôle de routine des miliciens.Il en est sorti sur une civière pour être admis dans un hôpital où il est décédé 2 jours plus tard des suites de multiples lésions internes. Avant de mourir le jeune homme a eu le temps de dénoncer à sa mère venue à son chevet, les violences dont il avait été l'objet pendant son interrogatoire au commissariat.La nouvelle de sa mort avait soulevé une émotion considérable auprès de la population, d'autant plus que sa mère, Barbara Sadowska, une poétesse connue, dissidente et membre du Comité d'Aide aux Internés, avait été également agressée quelques jours plus tôt par des "inconnus". La foule présente aux funérailles de Grzegorz Przemyk avait crié sa colère, réclamé que la vérité soit faite sur les circonstances de la mort du jeune homme et qu'un procès soit tenu pour juger les auteurs des brutalités.25 ans de procédures judiciaires contradictoiresEn 1984, un procès organisé par les autorités communistes avait disculpé les miliciens incriminés en rejetant la responsabilité sur le personnel des services d'urgence qui avait emmené le jeune homme à l'hôpital. Les infirmiers subirent des pressions pour avouer et pour accréditer cette version des faits.En 1989, le changement du régime politique a permis de réexaminer le jugement. Ireneusz Kościuk et Dariusz Denkiewicz, les deux miliciens protagonistes de cette affaire se sont retrouvés une nouvelle fois devant la justice. Dariusz Denkiewicz a été condamné en 1997 à une peine de 2 ans de prison, non effectuée pour raison de santé. Ireneusz Kościuk, faute de preuves avait été disculpé. Par la suite, le jugement a été cassé et réexaminé plusieurs fois.Après plus de 25 ans de procédures et un gymkhana judiciaire, le juge Monika Niezabitowska-Nowakowska a fini par rendre, mardi dernier, un verdict condamnant Ireneusz Kościuk à 8 années de prison, ramenées après amnistie à 4 ans.Beaucoup trop tard pour Barbara Sadowska qui ne s'est jamais remise de la mort de son fils unique et qui est décédée 3 ans après lui.J.R. (www.lepetitjournal.com - Varsovie) jeudi 29 mai 2008{mxc}