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DIPLOMATIE – Tensions entre la Pologne et Israël

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Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 30 janvier 2018, mis à jour le 30 janvier 2018

Israël accuse la Pologne de vouloir changer l’histoire après l’adoption par la Chambre basse du Parlement polonais d’une loi visant à interdire  l’utilisation du terme « camps de la mort  polonais ». Pour les Polonais, l’utilisation de ce terme donne la fausse impression que leur pays est responsable de la Shoah.

 

Pour rappel, vendredi dernier la Diète a adopté une loi sur l'Institut de la mémoire nationale sanctionnant pénalement le fait de « d’attribuer à l’Etat ou au peuple polonais une responsabilité ou une coresponsabilité pour les crimes nazis commis par le IIIe Reich allemand » la peine maximale encourue allant jusqu’à trois années de prison pour l’utilisation du terme « camps de la mort polonais ». Ce projet de loi intervient la veille du 73ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz qui coïncide avec la journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Pour rentrer en vigueur ce texte doit être volté par le Sénat et signé par le Président.

 

Colère en Israël

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a réagi immédiatement en déclarant que « cette loi était sans fondement, que l’histoire ne peut être modifiée et que nul n’a le droit de nier l’Holocauste » et a exigé un entretien de l’ambassadrice d’Israël, Anna Azari, avec le Premier ministre polonais. Celle-ci présente aux commémorations du 73ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, a expliqué lors de son discours samedi que l’amendement « a été considéré en Israël comme l’annonce d’une sanction possible contre les témoignages des survivants de la Shoah » et a appelé Varsovie à modifier la loi.

Le Président Reuven Rivlin a dit par ailleurs que les Polonais « aidaient aux crimes nazis, mais tendaient aussi une main secourable ».  Le ministre des Affaires étrangères israélien a également réagi en estimant que "le projet de loi n'aidera pas à établir la vérité historique et pourrait nuire à la liberté de la recherche, tout en empêchant la discussion sur le message historique et l'héritage de la Seconde Guerre mondiale"

Le chargé d’affaires de l’ambassade de Pologne en Israël a quant à lui été convoqué au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem pour une « clarification » sur le projet de loi.

 

Varsovie calme le jeu

Benjamin Netanyahou s'est entretenu dimanche en fin de soirée avec son homologue polonais Mateusz Morawiecki. Les deux hommes "se sont mis d'accord pour ouvrir dès à présent des discussions entre des équipes des deux pays afin d'essayer de trouver un accord sur cette législation."

Le Président polonais a promis dimanche d’examiner les passages de la loi en question. Il a de plus assuré que "toute personne dont les souvenirs personnels ou la recherche historique exprime la vérité sur des crimes ou des comportements honteux survenus dans le passé avec la participation de Polonais, a pleinement le droit à cette vérité". Son conseiller, Krzysztof Szczerski, a rencontré hier l’ambassadrice Anna Azari. Pour Jacek Czaputowicz, chef de la diplomatie polonaise, « cette loi n’a pas pour but d’empêcher les discussions mais de bloquer la vague des calomnies adressées contre la Pologne, notamment contre l’utilisation du terme « camps de la mort polonais ».

 

Réactions de la presse polonaise

« Un accroc note entre la Pologne et Israël » titre en Une Rzeczpospolita en ajoutant que « Varsovie et Tel Aviv se retrouvent au bord d’une guerre diplomatique liée à l’implication des Polonais dans les crimes de la Shoah ». Gazeta Wyborcza titre de son côté « Israël furieux contre le gouvernement PiS ».

Le rédacteur en chef de Rzeczpospolita s’étonne de cette querelle qui résulte d’une certaine incompréhension des intentions des auteurs de l’amendement qui ne consiste pas en une forme de négationnisme mais en une meilleure protection contre les diffamations. Un autre commentateur du journal considère que cette bombe a été « posée » par le chef du parti centriste israëlien Yesh Atid, Yaïr Lapid, à des fins de politique intérieure. Le journaliste appelle le gouvernement à ne pas céder aux émotions et à défendre la vérité historique.

 

La Rédaction – (lepetitjournal.com/Varsovie) – Mardi 30 janvier 2018

 

 

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Publié le 30 janvier 2018, mis à jour le 30 janvier 2018

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