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ADOPTION DE L’EURO: vers un référendum

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

La Pologne est loin de satisfaire l'ensemble des critères nécessaires à l'adoption de l'euro en lieu et place du zloty. La volonté affichée régulièrement par le gouvernement du premier ministre Donald Tusk d'adopter la monnaie européenne suscite cependant le débat. Alors que le passage à l'euro est un objectif affiché pour 2015 par le président B.Komorowski, il ne pourra se faire sans une profonde modification de la constitution polonaise. L'occasion, selon l'opposition menée par Jaros?aw Kaczy?ski de demander son avis au peuple polonais, et de soumettre la question à référendum. Une idée reprise par le gouvernement.

L'unanimité entre le parti au pouvoir (la Plateforme Civique du premier ministre D.Tusk) et le premier parti d'opposition (Droit et Justice de l'ancien premier ministre J.Kaczy?ski) est assez rare pour être soulignée. Si les deux principaux partis politiques polonais affichent leur soutien au référendum, les deux n'y voient en revanche pas les mêmes intérêts, chacun ayant un point de vue opposé sur la question de la monnaie européenne.

Pour le gouvernement : un référendum pour contourner le parlement

Pour la Plateforme Civique (PO), l'adoption de la monnaie unique est un but pour la Pologne, et le président Bronis?aw Komorowski a récemment tenu à rappeler son ambition de rejoindre la zone euro en 2015. Le parti au pouvoir souligne également que l'adoption de l'euro est un engagement pris par la Pologne en 2003, lorsque les polonais ont décidé par référendum (et à 75%), l'adhésion à l'Union Européenne (effectif le 1er mai 2004). L'idée d'un référendum sur l'euro apparaît davantage comme une stratégie politique que comme un véritable appel au peuple de la part de Donald Tusk. 

L'adoption de l'euro suppose en effet une profonde réforme des institutions polonaises et de la constitution, notamment pour garantir une plus grande indépendance de la Banque Centrale Polonaise (NBP). Toute modification constitutionnelle ne pouvant se faire sans une majorité des deux tiers au Sejm (parlement), quasiment impossible à obtenir en raison du système électoral du pays, le gouvernement chercherait surtout à contourner le parlement par un référendum.

Pour l'opposition : confirmer l'hostilité polonaise à l'euro

A l'opposé, le parti Droit et Justice (PiS) réclame de son côté un référendum pour confirmer l'opposition du pays à l'adoption de la monnaie unique. Selon un sondage publié par Rzeczpospolita, plus de 60% des polonais restent opposés à la disparition du zloty, par crainte de perdre de leur souveraineté, ou en raison du risque de hausse des prix comme cela s'est produit en Slovaquie. Pour le PiS, organiser un référendum permettrait d'affirmer cette opposition et d'éviter tout coup de force des partisans de l'euro au parlement. Jaros?aw Kaczy?ski est d'ailleurs coutumier des appels aux référendums, puisque suite à l'annonce faite par David Cameron d'un référendum sur l'adhésion à l'Union Européenne au Royaume-Uni en 2015, le président du PiS avait enjoint le gouvernement polonais à adopter la même attitude.

Un référendum en Pologne confirmerait probablement le refus des polonais d'aller vers toujours plus d'intégration en Europe. Un coup dur pour Bruxelles, alors que la crise économique continue de toucher sévèrement la zone euro. Une crise qui participe du rejet polonais de la monnaie unique, et qui avait déjà poussé la Bulgarie à abandonner toute idée d'adoption de l'euro, à l'été 2012.

Autre obstacle : l'économie polonaise, encore loin des critères européens

L'adoption de l'euro a peu de chances d'être acceptée par les polonais. Elle se heurte également à la situation économique du pays, qui reste loin de satisfaire aux critères d'adhésion à l'Union Européenne. Si la Pologne connaît toujours la croissance et conserve une dette publique relativement modérée (55% du PIB), son gouvernement ne parvient toujours pas à équilibrer la dette publique (4% par an) ni à réduire l'inflation (3,5% par an). Même si les « critères de Maastricht » sont peu respectés par les Etats membres de la zone euro, ils restent (officiellement) une condition à l'accès à la monnaie européenne.

La Pologne est donc loin de pouvoir prétendre à l'adoption de la monnaie unique. Pour certains économistes comme l'ancien ministre Leszek Balcerowicz, le pays serait même sur le point de s'en éloigner, la faute à une absence de réformes économiques pour dynamiser l'économie du pays, aujourd'hui fragilisée. De quoi repousser sine die l'adoption de l'euro, même sans référendum.

Charles Hubert (www.lepetitjournal.com/varsovie) - lundi 8 avril 2013

 

 

 

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Publié le 7 avril 2013, mis à jour le 5 janvier 2018
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