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WOLA- Un quartier aux multiples facettes

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 15 mai 2017, mis à jour le 16 mai 2017

Wola est un des dix-huits arrondissements de Varsovie. Plutôt  éloigné des sentiers touristiques, on passe souvent à côté sans s'y arrêter. Et c'est bien dommage car il recèle de nombreux secrets et de  de lieux atypiques! Grâce à Varsovie Accueil, lepetitjournal.com/Varsovie a pu découvrir les multiples facettes de Wola, à la fois moderne et industrielle, témoin du passé du ghetto de Varsovie et de l'élection des rois de Pologne. Nous vous avons préparé un parcours que vous pourrez refaire, en famille ou entre amis.

Très proche du centre, Wola se trouve à l'ouest de Varsovie. Abritant environ 140 000 habitants, c'est un quartier très hétérogène, où se côtoient aussi bien gratte-ciels, grues des bâtiments en construction et petits immeubles. Il faut remonter aux origines de Varsovie, c'est-à-dire au XIV siècle, pour connaître l'histoire de ce quartier. A cette époque Wielka Wola est le nom d'un petit village aux frontières de Varsovie, qui vient du mot "uwolni? " qui signifie libéré des taxes. En effet, il s'agissait d'une zone franche, où le roi avait libéré les habitants des impôts. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la rue Towarowa séparait Varsovie de Wola. Plus qu'une limitation géographique, son objectif était également de prévenir la ville de maladies extérieures. Le village Wielka Wola a été ravagé au cours des deux destructions de la capitale,au XVIIème par les Suédois qui lors du "déluge suédois" ont détruit Varsovie mais également ses environ est enfin rasé à 90% lors de la Seconde Guerre mondiale.

L'itinéraire de la visite, à retrouver sur Google Maps

Immeuble Warsaw Spire (1)

Wola accueille une partie du quartier d'affaire de Varsovie et on y retrouve à ce titre plusieurs gratte-ciels, qui donnent à Varsovie sa skyline reconnaissable. Le dernier en date est le Warsaw Spire, immeuble de bureaux situé plac Europejski, inauguré en mai 2016. Trois bâtiments composent cet ensemble immobilier réalisé par la société belge Ghelamco : une tour principale de 220 mètres de hauteur en comptant les flèches, et deux bâtiments latéraux de 55 mètres. N'hésitez pas à jeter un rapide coup d'?il à l'intérieur du hall de la tour principale, vous aurez l'impression d'être plongé en plein milieu d'un film futuriste.

Musée de l'Insurrection (2)

En face du Warsaw Spire se trouve le Musée de l'Insurrection, crée en 2004 par l'ex-président Lech Kaczynski. Il est installé dans le bâtiment d'une ancienne usine électrique pour les tramways, qui a été reconstruite après-guerre et offerte pour accueillir ce musée. L'édifice est surmonté du symbole de l'ancre, la "Kotwica", emblème de l'Etat polonais clandestin. Les lettres PW revêtent plusieurs significations, Polska Walcz?ca ("Pologne combattante"), Wojsko Polskie ("Armée polonaise ") et Powstanie Warszawskie ("Insurrection de Varsovie "). C'est un des musées incontournables de Varsovie car il permet de bien comprendre la bataille des Polonais contre les nazis mais également contre les Soviétiques à la libération. Pour plus d'informations : http://www.1944.pl/en

Plus ancien bâtiment en brique de Varsovie (3)

On rentre ici dans la Wola industrielle. N'hésitez pas à rentrer dans la cour de Lucka 8, avec cet immeuble à l'aspect délabré qui date de 1870, faisant de lui le plus ancien bâtiment en brique de Varsovie, et le plus vieux édifice de Wola.

 Limite du petit ghetto de Varsovie (4)

On arrive maintenant dans ce qui fut la Wola juive, avec cet immeuble en brique qui date du ghetto juif de Varsovie. La rue Waliców constituait la limite du petit ghetto, situé dans la zone sud. Il ne faut pas oublier que durant la Seconde Guerre mondiale, le ghetto était composé de deux parties, le grand et le petit ghetto. Alors que le grand ghetto a été totalement détruit, il reste quelques traces du petit, où plus de 400 000 personnes vivaient, soit plus de 100 000 personnes par km².  Même dans nos villes actuelles très urbanisées, on ne dépasse pas les 15 000 personnes! Parmi eux, le quart des personnes meurt de faim ou de maladie. Les corps sont mis dans la rue par les familles, pour être ensuite ramassés par des chariots et amenés au cimetière. L'extermination des juifs en juillet 42 commence par le petit ghetto et fera 300 000 morts en trois mois. C'est après l'insurrection du ghetto le 19 avril 1943 qu'en guise de représailles le ghetto sera rasé sitôt l'insurrection écrasée. Notre guide nous précise d'ailleurs que contrairement à ce qu'on peut voir dans le film actuellement à l'affiche The Zookeeper's wife, les Allemands venaient rarement dans le ghetto car ils avaient peur des maladies qui y circulaient. C'est une police juive qui ?uvrait dans le ghetto, les Allemands gardant les portes par lesquelles passaient les camions.

Passerelle entre le petit et le grand ghetto (5)

Nous restons dans la Wola juive, à la jonction entre le petit et le grand ghetto où se trouvait « l'Axe de Saxe » ou "O? Saska" en polonais. Il s'agit d'une voie qui longeait la Vistule jusqu'à la Plac ?elaznej Bramy, en passant par le Palais présidentiel, la rue Krakowskie Przedmie?cie, le Palais de Saxe et son jardin, et le Palais Lubomirski. C'est le roi Auguste II de Pologne (1697-1704) qui est à l'initiative de cet axe uniquement réservé à la noblesse polonaise, en imitant le modèle architectural du de Versailles ainsi que les jardins à la française. (Retrouvez notre article sur le Parc des Miniatures, qui s'organise autour de cet axe : http://lepetitjournal.com/varsovie/a-voir-a-faire/274623-plac-bankowy-parc-des-miniatures-un-plongeon-dans-le-varsovie-d-antan ). Voie commerciale sous la Seconde Guerre mondiale, elle sert également pour le trafic militaire. C'est pour cela qu'on veut absolument la tenir à l'extérieur du ghetto de Varsovie. Cependant, il fat bien que les juifs puissent se rendre de chaque côté du ghetto. Des portes sont d'abord installées mais, pour des raisons pratiques on installe en 1942 une passerelle en bois qui enjambe l'axe. Elle est devenue le symbole de la division entre le ghetto et le reste de la ville puisqu'on pouvait voir un contraste flagrant entre les belles voitures, les militaires....et les juifs qui passaient sur cette passerelle, symbolisée aujourd'hui par ces deux poteaux de chaque côté de la rue. 

Monument en mémoire du massacre de Wola (6)

 

Nous sommes maintenant dans un lieu symbolique de l'insurrection de la ville. .Ce monument rend hommage au massacre de Wola, massacre de plusieurs milliers de polonais perpétré par la Wehrmacht du 5 au 8 août 1944, lors de l'insurrection de Varsovie qui a duré d'août à octobre 1944. Lancé le 1er août par l'explosion d'une bombe polonaise dans le quartier général de la Gestapo, le but de ce soulèvement
est de préserver la souveraineté de la Pologne face à l'avancée de l'Armée Rouge qui s'approche de Varsovie. Une partie des Polonais ne veut pas que l'URSS puisse dire qu'elle a délivré la capitale, ce qui aurait pu ensuite les mettre sous sa coupe. Cette insurrection marque la fin de Varsovie puisque dès le premier jour, et dans les semaines qui suivent, Hitler demande par représailles de raser la ville et d'en tuer tous les habitants. Ce sera le plus grand massacre de l'histoire de la Pologne, avec un nombre estimé de victimes entre 40 000 et 100 000 personnes. Durant la première semaine, les nazis tuent tout ce qui se trouve sur leur passage: enfants, femmes, chiens, chats... Véritable enfer sur terre, très peu de personnes survivront. Au bout de quelques semaines, les nazis commencent à l'emporter sur les insurgés et à libérer la ville, qui est vidée puis rasée, d'octobre à novembre 1944. C'est par Wola que les survivants quittent la ville et sont emmenés vers des camps de travail, dans d'autres villes en Pologne ou en Allemagne, épisode connu sous le nom d'« exode ». Un cimetière des insurgés se trouve à Wola, quartier qui concentre le plus grand nombre de cimetières à Varsovie puisqu'on peut en retrouver six en plus de celui des insurgés: deux protestants, un catholique, un orthodoxe et deux musulmans.

Place d'élection des rois de Pologne (7)

Peinture de la plaine de Wola par le peintre Caneletto

Achevons ce tour par la Wola royale, qui a rendu cette partie de la ville tellement célèbre. En effet, c'est sur cette place, à l'époque entièrement entourée de champs et de pâturages, que les rois de Pologne étaient élus par la noblesse polonaise, du XVIe au XVIIe siècle.
À la fin du XVIe siècle, le dernier roi de la dynastie des Jagellon meurt sans aucune descendance masculine. On décide alors que les rois seront désormais élus, non pas de manière démocratique par l'ensemble du peuple mais par la noblesse polonaise, qui représente seulement une infime partie de la population. Une fois le roi élu, il doit signer avec elle un accord, le "Pacta Conventa" afin d'être sûr qu'il respecte ses promesses. La noblesse exercet ainsi une réelle emprise sur les rois qu'elle élit, même si certains arrivaient à s'en affranchir, à l'instar du roi Sobieski III.
Le dernier roi élu, et qui marque la fin de la monarchie polonaise sera le roi Stanislas II Auguste Poniatowski, élu en 1764.

Au centre de la place vous prêterez attention à la colonne surmontée d'une couronne, issue du Palais Kronenberg, demeure de Léopold Kronenberg, industriel et banquier d'origine juive, qui cède aujourd'hui sa place à l'actuel hôtel Sofitel Victoria. Sur cette colonne sont dessinés un polonais et un lithuanien, avec un prêtre entre les deux pour valider leur union. En effet ces deux pays ont formé la république des Deux Nations, du XVI à la fin du XVIIIe siècle, durant laquelle le royaume de Pologne et le grand-duché de Luthuanie formaient une même république fédérale aristocratique.

C'est ici que s'achève ce parcours qui vous aura permis de traverser l'histoire polonaise du XVI siècle aux années 2010.

Remerciement à Varsovie Accueil et à notre guide Lukasz Misiurkiewicz, pour ses explications et sa disponibilité. 

 

Constance H. (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mardi 16 mai 2017

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Publié le 15 mai 2017, mis à jour le 16 mai 2017