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MOKOTOW- Laissez-vous guider...

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 juillet 2016

Vous restez à Varsovie pendant l'été ? Et si vous en profitiez pour redécouvrir la ville ? Avec sa superficie étendue (517 km2), la capitale regorge de quartiers pas forcément prisés des touristes mais intéressants à découvrir. Après avoir visité Sadyba avec Varsovie Accueil, c'est désormais Mokotów qui va nous livrer ses secrets.

 Le parc Morskie Oko à Mokotów

 Un peu d'histoire

Le quartier de Mokotów date du XIVème siècle. Selon une hypothèse, le nom viendrait du français « mon coteau », ce qui est sûrement le cas pour une petite partie du quartier qui comprend une pente. Mais plus vraisemblablement, c'est d'un Prussien, « Mokot », propriétaire de nombreux terrains dans le coin au XIVème siècle, que le quartier tient son nom. La ville de Varsovie et le quartier de Mokotów datent de cette période mais bien sûr à l'époque, et pour 150 ans, Mokotów est situé loin de Varsovie et n'y est pas rattaché. Pour preuve, la rue Nowy Swiat (signifiant « nouveau monde ») évoque bien l'idée d'un lieu lointain pour les Varsoviens d'alors. 

Mokotów était constitué de champs d'une superficie moyenne de 420 hectares (près de 6 fois la superficie du parc ?azienki), habité par quelques paysans qui venaient travailler la terre et vendaient leurs récoltes à Varsovie. Au XVIIème siècle, Mokotów subit de nombreuses destructions avec la guerre polono-suédoise, puis comptera peu à peu de plus en plus de maisons. Les riches Varsoviens sont alors toujours plus nombreux à s'installer en dehors de la ville, fuyant la « Montagne de Fumier » : une décharge publique où se trouve désormais une terrasse panoramique dans la Vieille ville. Tous les déchets y étaient déposés et dégageaient une odeur épouvantable. Au XVIIIème siècle, la famille Lubomirski avait notamment construit une maison de vacances à Mokotów qui devient un lieu de villégiature pour les riches Varsoviens, à une heure en calèche. 

Le quartier se développe véritablement à la fin du XIXème siècle et connaît une forte croissance dans l'entre-deux-guerres, la plupart des maisons du quartier datant de cette période. Alors qu'entre 20 et 30 000 personnes habitaient à Mokotów après la Première Guerre mondiale, le quartier compte aujourd'hui 200 000 résidents, soit près de 10% des Varsoviens.

En effet, aujourd'hui, c'est un quartier calme, où il fait bon vivre, avec de nombreux parcs et espaces verts, des petits cafés, magasins et ateliers. Il est agréable de venir s'y promener, flâner, boire un verre en terrasse ou déguster une glace à Malinowa, glacier réputé dans le quartier.

Une balade dans le quartier

Pourquoi ne pas commencer la balade à Iluzjon ? Ce bâtiment original qui date de la fin des années 1950 abrite un cinéma alternatif  à la programmation éclectique : de nombreux films des années 80 sont régulièrement projetés, avec des longs-métrages d'art et d'essai aussi bien que d'autres à grand spectacle. D'autre part, le cinéma dispose d'un café qui propose des sandwichs frais, soupes, pierogi maison, tartes salées et sucrées? Rien de mieux que de siroter un de leurs cocktails de fruits vitaminés sur une des chaises longues de la terrasse !

En vous promenant dans le parc adjacent, vous trouverez des troncs d'arbre bien particuliers ayant une fonction de bibliothèque. Chacun peut venir y prendre un livre et en déposer. Une belle idée mise en ?uvre à l'initiative des habitants, financée par le budget participatif. 

La rue adjacente (44 rue Narbutta) abrite un des rares ateliers encore existants, qui fabrique, sur demande uniquement, des lustres et abat-jours en vitraux.

Au 60 de la rue perpendiculaire, Kazimierzowska, devant l'entrée d'une école de coiffure, se trouve une des nombreuses plaques commémoratives. Car le bâtiment, construit dans les années 30, fut occupé pendant la guerre par les nazis, lesquels s'étaient installés dans les quartiers au sud de la ville jusqu'au parc Lazienki, mais aussi dans de belles maisons à Mokotów.. Beaucoup de Polonais furent contraints de quitter leur maison tandis que les écoles étaient transformées en casernes. En 1944, les insurgés ont essayé de reprendre cette école aux mains des nazis, malheureusement sans succès et 37 Varsoviens y trouvèrent la mort.

Plus loin, sur la grande avenue Narbutta, une plaque placée au numéro 29 nous apprend que la maison qui s'y trouve était le premier siège de la radio polonaise. Dès 1923, des employés y travaillaient et la première diffusion radio date de février 1925. Un moment historique dont le 90ème anniversaire était célébré l'année dernière, à l'occasion duquel la plaque fut dévoilée.

Dans la petite rue Szczepana, perpendiculaire à la grande avenue Narbutta, se trouve une ancienne église, ce qui ne se voit pas vraiment au premier abord. En effet, il s'agit d'une villa qui appartenait à une riche famille: les Lubomirski. Celle-ci, après la guerre, pour éviter la nationalisation, a donné la maison aux Jésuites. Des messes s'y déroulaient donc de la fin des années 1940 à la fin des années 1990, ce qui est assez amusant car les décors de maison ne sont pas vraiment? « catholiques » : des satyres nus se tiennent en haut de ses façades.

En rejoignant la rue Melszty?ska, vous découvrirez le tout nouveau siège du Nowy Teatr. Ce théâtre et centre culturel qui accueille de nombreux festivals s'est installé dans d'anciens ateliers et garages rénovés. 

Vous pouvez ensuite retrouver le début de l'avenue Narbutta. Aux numéros 9 et 7, grâce aux anciens panneaux indicatifs, vous verrez deux orthographes différentes pour le nom de la rue : Narbuta et Narbutta. La première orthographe renvoie à Georges Narbut, Lituanien qui vivait en Pologne et était propriétaire du terrain où se trouve la rue. La seconde se réfère à Ludwik Narbutt qui a vécu à peu près à la même époque. Polonais, il a combattu en Lituanie (puisque le pays était alors uni avec la Pologne) et est mort pendant l'insurrection de 1863. Le nom de la rue s'écrit ainsi désormais avec deux t pour lui rendre hommage.  

Tout près, devant une entrée de porte, se trouve une plaque recouvrant une écriture sur la façade qui signifie «pas de bombes». En effet, en 1945 à la fin de la guerre, la ville était remplie de bombes qui n'avaient pas explosé : les soldats procédaient donc à des vérifications dans chaque maison et écrivaient ensuite sur la façade le résultat du contrôle.

En arrivant ensuite sur la grande rue Pulawska, vous pourrez découvrir au numéro 26 l'immeuble que la célèbre famille de chocolatiers Wedel a fait construire et a habité. Si les grandes décorations semblent communistes, elles ne le sont pas car le bâtiment date des années 1930. L'architecture du bâtiment obéit aux cinq règles définies par Le Corbusier avec un rez-de-chaussée aéré, des fenêtres alignées, des décorations modestes, un plan libre, un toit-terrasse. 

En traversant, vous atteindrez ensuite le parc Morskie Oko qui signifie en polonais «l'?il de la mer » (nom d'un lac dans la montagne proche de Zakopane). Peu connu et moins bondé que d'autres jardins de la capitale, il est agréable de s'y promener. Vous y retrouverez, comme toujours à Varsovie, des monuments commémoratifs. L'un d'entre eux vient rappeler un événement tragique survenu à la fin de l'insurrection de septembre 1944. Les nazis commencèrent à attaquer frontalement les insurgés le 24 septembre à Mokotów. Ces derniers se cachent alors dans les bouches d'égout. Le 27 septembre, ils sont pris par les Allemands quelques heures après la signature e leur acte de capitulation. Mais l'information n'ayant pas encore circulé, 119 insurgés sont abattus. 

Le parc abrite en outre le palais Szustra, construit par la famille Szuster, s'étant enrichie dans l'imprimerie. Leurs tombes peuvent être vues à quelques centaines de mètres. Le palais abrite aujourd'hui les bureaux de l'association de musique Stanislaw Moniuszko qui organise de nombreux événements (concerts, expositions, festivals) pour promouvoir la musique classique auprès des jeunes. Des concerts de Chopinpeuvent y être programmés sur demande. 

Enfin, à la sortie du parc, vous pouvez terminer votre promenade en découvrant le beau monument représentant Jan Matejko. Grand peintre polonais du XIXème siècle connu à l'international, il est l'auteur d'immenses peintures représentant de grandes batailles, dont celle de Grunwald et du tableau illustrant la proclamation de la Constitution du 3 mai. Une autre de ses ?uvres célèbres est le tableau Sta?czyk dépeignant un des plus célèbres bouffons de Pologne, et auquel le monument rend également hommage.

© Photos : Hélène Sancey-Dodivers 

Hélène Sancey-Dodivers  (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mardi 19 juillet 2016

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Publié le 18 juillet 2016, mis à jour le 18 juillet 2016
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