Le centre scientifique Copernic organise de novembre 2013 jusqu'au 19 janvier 2014 à Varsovie une exposition sur le thème des odeurs. Les odeurs y sont présentées comme un "code invisible". Comme son nom l'indique, on découvre une façon originale de décrypter l'histoire des parfums, mais aussi les senteurs qui nous entourent dans la vie tous les jours. Une expérience sensorielle qui vaut le détour.
Inauguré en 2010 sur les bords de la Vistule, le centre scientifique Copernic est en quelque sorte l'équivalent de la Cité des sciences parisienne. Dès l'entrée, on ne sait plus vraiment où donner de la tête. Le musée apparaît comme un laboratoire géant, dans lequel on se plonge volontiers. Entre expériences farfelues et autres jeux explicatifs, on s'imagine facilement le temps d'un après-midi dans le corps d'un grand scientifique.
En entrant dans la salle d'exposition, ce ne sont pas les odeurs qui nous submergent bizarrement. La salle voilée de draps blancs est disposée de façon à nous imprégner pleinement de chaque parfum. Un panneau nous avertit tout de même de ne pas inhaler trop longtemps, au risque d'attraper une migraine. Une fois bien informé, la visite peut alors commencer.
L'exposition s'ouvre sur une reconstitution historique des odeurs. A travers les époques, on découvre les vertus des parfums. De l'Antiquité au monde moderne, en passant par le Moyen-Age et la Renaissance, le parfum a connu bien de fonctions. Au fil des explications, il nous est possible de sentir chaque parfum propre à l'époque décrite. Tout a commencé en Égypte Antique. Éléments essentiels aux célébrations religieuses, encens et aux huiles aromatiques étaient considérées comme une part des dieux. Au Moyen-Age, les parfums sont davantage utilisés comme remède médical contre toute épidémie. Car à cette époque, l'hygiène reste assez approximative. Quand prendre un bain est perçu comme un risque mortel, quoi de mieux pour remplacer les bains publics ? Les parfums. Le camphre devient alors très populaire pour ses vertus thérapeutiques. Les senteurs s'imposent véritablement comme geste ultime de coquetterie dès la Renaissance. Les odeurs se mélangent. Les tons diffèrent. Mais c'est à l'époque baroque que la parfumerie se développe sous des formes moins courantes. Les gants parfumés introduits par Catherine de Médicis sont adoptés par les grandes cours européennes. Si Versailles est connu comme la cour du parfum, une autre ville se démarque : Cologne. Malgré des débats incessants sur son origine exacte, ce parfum reste aujourd'hui une valeur sûre. La révolution industrielle aidant, le marché de la parfumerie va se développer. De grands parfumeurs vont se faire connaître comme Lanvin, Guerlain ou encore Chanel.
Quand les odeurs deviennent familières
L'autre principe de l'exposition, c'est de s'intéresser au jeu des odeurs. En véritable nez, on se retrouve autour d'une table face à différents arômes. Armés de nos bâtonnets en carton de parfumerie, à nous de retrouver les odeurs, essayer les différentes compositions parfumées. Allant du jasmin au musc, les odeurs se font de plus en plus puissantes. Ce qui reste assez étonnant, c'est la façon dont on associe les arômes aux éléments du quotidien. C'est d'ailleurs le projet dans lequel s'est lancée Sissel Tolaas, biochimiste et artiste norvégienne établie à Berlin depuis vingt-cinq ans. En fine connaisseuse de sa ville, Sissel Tolaas, a décidé d'organiser les quartiers de la capitale allemande en fonction des différentes odeurs qui s'y trouvent. Elle a alors fait appel à sa mémoire olfactive pour créer les senteurs qui se dégagent des rues qu'elle connaît. Si les odeurs peuvent paraître surprenantes, elles n'en sont pas moins réalistes. Quand on y pense, chacun connaît et reconnaît ces odeurs qui cachent des souvenirs. C'est finalement là que l'on comprend à quel point les odeurs peuvent marquer les esprits.
Clémence Bragard (lepetitjournal.com/varsovie) - Jeudi 28 novembre 2013
Crédits photos: Clémence Bragard
Quelques informations pratiques :
http://www.kopernik.org.pl/en/exhibitions/scent-the-invisible-code/
Le musée est ouvert du mardi au vendredi de 9h00 à 18h00, et le samedi et dimanche de 10h00 à 19h00.
Tarif normal : 25zl
Tarif réduit (enfants, étudiants et seniors) : 16zl