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TORINO E’ CASA MIA – Giuseppe Culicchia : Turin, une boîte magique

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 novembre 2013

 

A Turin, il est chez lui. Il l'a d'ailleurs très bien expliqué dans son livre Torino è casa mia, un guide devenu incontournable pour tous ceux qui souhaitent sortir des clichés réservés aux touristes et aux étrangers. Rencontre avec Giuseppe Culicchia dont le regard curieux et sensible d'écrivain transforme la ville en une sorte de boîte magique, mystérieuse et surprenante. 

Turin, c'est chez moi. C'est en partant de ce simple axiome, dans son livre Torino è casa mia, que Giuseppe Culicchia fait découvrir la ville aux lecteurs comme on fait visiter sa maison : voici le salon, là à gauche la cuisine, plus loin la salle de bain? Une intuition géniale qui a transformé ce petit ouvrage en guide incontournable pour tous ceux qui souhaitent sortir des clichés réservés aux touristes et aux étrangers. Au point de devenir le cadeau que l'on offre aux nouveaux arrivants, fraîchement débarqués dans la ville, mais aussi le livre que l'on n'oublie pas de mettre dans sa valise au moment de quitter Turin pour partir vers d'autres horizons. "Depuis la sortie du livre en 2005, la ville a beaucoup changé, c'est certain. Mais dans le fond, elle est restée la même. A Turin, chaque quartier est  un monde à part, a une identité très forte. Vanchiglia, Porta Palazzo, Borgo Po, San Salvario? Il suffit parfois de traverser une rue, tout simplement, ou un pont, pour que tout change".

Son premier roman, Tutti giù per terra - Patatrac en français - a donné naissance en 1997  à un film de Davide Ferrario, avec Valerio Mastrandea. D'autres romans de Giuseppe Culicchia ont été traduits en français : Paso doble, Le Pays des Merveilles, Un été à la mer

Au c?ur de Turin, sa cuisine : Porta Palazzo
Jouons le jeu du livre Torino è casa mia, alors : dans cette maison imaginaire qu'est Turin, quelle est la "pièce" préférée de Giuseppe Culicchia ?

"Le c?ur de Turin est pour moi le quartier de Porta Palazzo, son immense marché. C'est une explosion de vie et de couleurs, un mélange de parfums et de voix qui me fait penser à un tableau de Bosch. Ce qui me fascine, c'est qu'ici tout le monde prend et laisse quelque chose, c'est un lieu d'échange et de rassemblement. Un microcosme en perpétuelle transformation. Jusqu'aux années 40, le quartier de Porta Palazzo était un véritable village dans la ville. Dans les années 50, son visage s'est transformé avec l'arrivée massive des immigrés du sud de l'Italie, venus travailler chez Fiat. Ils se tassaient dans des chambres sans chauffage et sans salle de bain à l'intérieur des immeubles du quartier, autrefois élégants. Et puis, grâce à leurs premiers salaires, ils ont commencé à déménager dans des logements plus salubres et situés plus près des usines. Aujourd'hui, les immigrés provenant de l'Italie du Sud ont été remplacés par une nouvelle vague d'immigration, venue d'Afrique et d'Asie cette fois. Porta Palazzo est un lieu unique, je l'aime tout particulièrement quand le marché touche à sa fin. J'aime ce moment si particulier qui existe entre l'animation et la place vide, le silence."

J'aime Turin le matin tôt, quand la ville s'éveille
C'est peut-être cette image de la ville suspendue dans le temps et dans l'espace, cette traversée de la "terre du milieu" qui fascine le plus Giuseppe Culicchia. Le meilleur moment pour tomber sous le charme de Turin est alors pour lui "le matin tôt, quand la ville s'éveille. Quelques rares personnes dans la rue, le silence brisé par le vrombissement du moteur des premières voitures, l'air piquant et le ciel bleu". Nous retrouvons alors le regard curieux et émerveillé de l'enfant qui a grandi à la campagne et qui arrive dans la grande ville : "Turin était pour moi une sorte de boîte magique, où tout semblait possible". Aujourd'hui encore on devine ce même regard caché derrière les mots qui accompagnent sa réflexion sur la métamorphose de la ville ?de monolithe à ville multiple- et sur son avenir. Comment doit-elle construire son avenir ? "En travaillant sur ses atouts, qu'elle vient de découvrir, sans toutefois se laisser emprisonner, il ne faut pas tout planifier". Car les adjectifs qui lui viennent à l'esprit pour décrire Turin, pour essayer de saisir sa vraie nature, sont "surprenant" et "mystérieux". "Surprenant parce que la ville ne se laisse pas résumer en quelques mots : Turin baroque ? oui, mais également capitale de l'art contemporain. Turin gris ? la ville de Fiat est aussi parmi les plus vertes d'Italie? Et mystérieux parce que c'est une ville intrigante, on ignore ce qu'elle peut vous réserver, au coin de la rue en changeant de quartier comme je viens de le dire mais aussi dans les années à venir".

Torino è casa mia
Surprenant et mystérieux, deux adjectifs qui expliquent pourquoi Giuseppe Culicchia n'a pas hésité à revenir à Turin après avoir vécu dans des métropoles comme Londres ou Berlin. Ce n'est pas uniquement pour "la qualité de la vie" ou parce que la ville donne l'impression de pouvoir respirer avec ses grands boulevards et les montagnes qu'on devine derrière les immeubles. Son sentiment d'appartenance à la ville est très marqué. "Ennio Flaiano disait que l'Italie est le pays où les Italiens ont planté leurs tentes. Les dominations étrangères qui se sont succédé dans la Péninsule ont empêché qu'un attachement à la patrie ne se développe ici comme dans d'autres pays." Et Turin, dans tout ça? "Turin, c'est un cas à part. C'est une ancienne ville militaire où chacun doit avoir sa place". Arriver à définir son rôle et son identité dans ce contexte, surtout pour ceux qui arrivent du dehors, relève alors souvent du défi, "on pourrait même parler d'un véritable rite d'initiation". Mais puisqu'on aime davantage les choses qu'on a dû mériter, une fois qu'on a trouvé sa place, Turin devient alors casa mia.

Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) mercredi 20 novembre 2013

(photos L.G. lepetitjournal.com/Turin)

Publié le 19 novembre 2013, mis à jour le 20 novembre 2013
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