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RENCONTRE – Lionel Perrone, un manager de la grande distribution au pays du petit commerce

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 3 décembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
Un travail très varié qu'il exerce avec passion, un goût prononcé pour la communication, un profond respect pour le contexte local et l'envie de découvrir les mille facettes du pays qui l'accueille. Rencontre avec Lionel Perrone, directeur du premier magasin Auchan à avoir ouvert à Turin et en Italie il y a vingt ans

Comment êtes-vous arrivé en Italie ?
Je suis né d'un père italien? ce qui fait qu'à un certain moment j'ai senti que l'Italie m'appelait? . J'ai commencé à travailler à Auchan tout à fait par hasard, dans la ville d'Annecy où j'habitais à l'époque après avoir pratiqué divers métiers de la distribution, je suis devenu directeur de magasin à Poitiers et en 2005 je suis arrivé à Turin. Malgré mes origines, je ne parlais pas italien : un vrai défi, celui de m'adapter à ce nouveau pays.

L'hypermarché de Corso Romania dont vous êtes actuellement le directeur a été le premier magasin de l'enseigne Auchan à ouvrir en Italie.
C'est exact, nous venons d'ailleurs de fêter les 20 ans du magasin puisqu'il a ouvert en 1989. Aujourd'hui, grâce à sa présence dans 11 régions, le groupe ?qui emploie plus de 16.000 personnes- est bien implanté sur le marché italien avec 48 magasins en propre, une franchise avec 5 autres magasins en Calabre, auxquels s'ajoutent les enseignes Sma, Cityper, Simply Market. Un réseau qui arrive en partie du rachat des activités alimentaires du groupe italien Ifil-La Rinascente, auquel Auchan s'était associé en 1997 afin d'accélérer son développement en Italie.

Quel avenir pour la grande distribution en Italie ? Un développement trop important ne risque-t-il pas d'entraîner la disparition des petits commerces ?
Il faut faire une distinction entre grande distribution ? des pôles multiservices comprenant un hypermarché une galerie marchande et des surfaces spécialisées - et les supermarchés qui ont fleuri un peu partout ces dernières années. L'équilibre commercial d'un quartier est davantage mis en danger par la multiplication de moyennes surfaces de proximité que par l'ouverture d'un grand centre commercial. Il est très important que l'Italie arrive à garder son tissu commercial fait de petits magasins et de marchés, qui peuvent se démarquer des grandes surfaces en termes de proximité et de service. Les Italiens ont une lourde responsabilité, ils doivent continuer à montrer leur attachement envers ces petits commerces, encore très nombreux dans la Péninsule.

Le site du magasin de Corso Romania accueille également le premier Drive Auchan d'Italie (photo lepetitjournal.com)


De votre point d'observation privilégié, avez-vous remarqué des différences de consommation entre la France et l'Italie ?
Pour la petite anecdote, lors de ma première Foire aux vins dans le magasin -qui coïncidait pratiquement avec mon arrivée en Italie-, j'ai été surpris de constater que les vins français n'occupaient qu'une petite place dans les rayons? ce qui m'a amené à découvrir le patrimoine et la culture du vin en Italie ! Quelques mois plus tard, pendant la période de Noël, j'ai compris à quel point les Italiens sont encore attachés à leurs traditions gastronomiques comme les cotechini, les panettoni ?.! Ceci dit, il n'y a pas de différences majeures de consommation, si ce n'est une prédilection pour une cuisine qui met plus en valeur les ingrédients contrairement à la France où la demande de produits élaborés est plus forte et l'habitude d'acheter en petites quantités au lieu de remplir son caddy.  

Quels sont les points forts de votre expérience de travail en Italie ?
Dès le début, j'ai été impressionné de voir à quel point les gens sont volontaires, passionnés, optimistes? Certes, il y a aussi quelques revers de la médaille : en France, nous avons tendance à discuter longuement avant de prendre une décision, mais quand elle est prise, un budget est débloqué, les objectifs sont fixés. En Italie, les choses sont plutôt faites rapidement, sans parfois anticiper les risques : cette attitude volontaire traduit néanmoins un optimisme et un dynamisme qui vont me manquer le jour où je vais rentrer en France?  

Pouvez-vous nous dévoiler vos coups de c?ur à Turin ?
C'est difficile, parce que mes coups de c?ur à Turin sont? Turin ! J'ai beaucoup de plaisir maintenant à faire partager "ma"ville aux gens que je connais, et je suis très content qu'elle soit enfin mise en valeur ! S'il fallait vraiment choisir, je dirais que mes plus grands coups de c?ur sont les belles façades, à découvrir au détour de chaque rue, et les marchés : celui de Porta Palazzo, magnifique, mais également tous les marchés de quartier qui donnent à Turin ce côté de grande ville à taille humaine, très facile à vivre. Et comment oublier les aperitivi, les fabuleux apéritifs dînatoires auxquels je m'adonne souvent avec beaucoup, beaucoup de plaisir ? Un véritable régal !
Propos recueillis par Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com - Turin) jeudi 3 décembre 2009
Publié le 3 décembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

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