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APPRENDRE L'ITALIEN – Quatre mots intraduisibles à connaître absolument

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 13 novembre 2013, mis à jour le 28 novembre 2013

 

Vous maîtrisez parfaitement l'italien ? Vous êtes même capable de ponctuer vos phrases de gestes éloquents témoignant de votre intégration en Italie ? Il ne vous reste qu'à placer ces quelques mots dans la conversation pour passer pour un parfait Italien et sembler toujours au fait de l'actualité. 

Apprendre une langue étrangère, c'est un peu comme gravir une montagne. Prenons un Français ayant décidé d'apprendre l'italien, une langue pourtant proche de la sienne. L'escalade ne sera pas toujours aisée, il devra certainement parcourir le vallon des verbes irréguliers, passer à gué des torrents de faux amis, longer des lignes de crêtes périlleuses afin d'apprendre à maîtriser l'impératif et les pronoms et employer à la perfection des formes comme portaglieli ou ricordiamocene.

Avant d'arriver au sommet, il faut faire un dernier petit effort supplémentaire. Le moment est arrivé de découvrir quatre mots italiens intraduisibles qui lui permettront de franchir la dernière étape, celle d'une intégration parfaitement réussie.

Magari et quasi quasi, bienvenue dans le monde du (presque) possible

Magari est un vrai condensé d' "italianité", puisque sa signification change selon l'intonation. Prononcé d'un ton rêveur, teinté de nostalgie ou de regret, magari pourrait être traduit par la phrase : "j'aimerais bien, mais ce n'est pas possible?". Ce qui ne veut pas dire pour autant que l'on renonce complètement à son projet, tout espoir est encore permis. Si par contre le ton laisse transparaître une certaine hésitation, il s'agit alors d'une promesse que l'on n'est pas sûr de pouvoir tenir.

Après la théorie, la pratique :

Vieni alla mia festa domani ? 

Magari ! (je serais ravi de venir, mais j'ai un empêchement)

Magari passo più tardi? (je ne suis pas sûr, je vais essayer de passer. Dans ce cas, magari pourrait être traduit par "peut-être").

Quasi quasi est une expression qui ouvre la porte à toutes les possibilités, qui permet d'exprimer les rêves les plus fous, mais aussi de formuler quelques bons plans pour la journée. Un éventail d'options qui, en d'autres termes, va donc de "quasi quasi je prends une année sabbatique pour faire le tour du monde en solitaire" à "quasi quasi je reste à la maison, bien au chaud, pour regarder mon film préféré à la télé". C'est le moment où une idée est en train de germer, de prendre forme, il peut s'agir de manger une pizza ou de partir pour un long voyage, peu importe. C'est un peu comme dans la locution avere una mezza idea, la moitié d'une idée, pas une idée entière, pas encore. Une fois la bonne résolution ou l'intention formulées, vient le moment de se poser la question libératrice : pourquoi pas ? Perché no ? 

Attention, toutefois, quasi quasi a aussi d'autres significations : quasi quasi cadevo signifie "j'ai failli tomber". Et quasi quasi era meglio non venire signifie "il aurait sans doute mieux valu ne pas venir".

Le Guépard est de retour

Sortons maintenant du monde des adverbes et des locutions adverbiales pour aborder le thème de l'actualité. Il n'est pas rare que les journalistes et les politologues italiens utilisent des mots énigmatiques pour synthétiser des idées ou des situations plus complexes, notamment dans les gros titres des journaux. En voici deux exemples qui permettent de traduire à la perfection l'air du temps en Italie : ventennio et gattopardesco.

Ventennio indique tout simplement une période de vingt ans. Jusqu'à présent, le ventennio par excellence était celui du fascisme, à partir de l'arrivée au pouvoir de Mussolini en 1922. Pourtant, depuis quelque temps, on parle avec insistance d'un autre ventennio, celui de Berlusconi. Sur le devant de la scène politique italienne depuis 1994, Berlusconi est aujourd'hui affaibli par la menace de scission au sein de son parti et par ses déboires avec la justice. L'homme nous a habitués à bien des surprises, avec lui rien n'est jamais définitif. Pourtant, c'est probablement une question de mois. En Italie, on respire déjà une atmosphère de fin de règne et le mot ventennio risque d'être de plus en plus fréquent dans les journaux. 

Quant à l'adjectif gattopardesco, il est devenu très à la mode dernièrement. Malheureusement, ce n'est pas une bonne nouvelle. Il Gattopardo, "Le Guépard" en français, est le titre du célèbre roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa dont le réalisateur Luchino Visconti a tiré son film, plus célèbre encore. Une phrase du roman explique l'origine de cet adjectif : "Il faut que tout change pour que rien ne change" disait le jeune et beau Tancredi (Alain Delon dans le film) à son oncle, le prince don Fabrizio Salina. Un comportement gattopardesco est donc finalisé à préserver ses privilèges en empêchant toute forme de renouvellement aussi bien en politique que dans la société civile. Rien à voir avec le cynisme de l'Italie contemporaine ? Magari !

Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) jeudi 14 novembre 2013

Publié le 13 novembre 2013, mis à jour le 28 novembre 2013

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