

Le bilan est lourd, une dizaine de blessés et cinq arrestations, mais la situation aurait pu dégénérer. Alors que les enquêteurs passent en boucle les vidéos afin d'identifier tous les responsables des épisodes de violence, la polémique monte. Comment faire face à la violence dans les stades et, surtout, les contrôles effectués à l'entrée sont-ils suffisants pour éviter tout incident?
Le match de dimanche a réservé bien des émotions aux tifosi : la Juventus a marqué un but dans la première mi-temps grâce à l'incontournable Andrea Pirlo, Darmian et Quagliariella ont répondu en marquant un but chacun pour terminer sur le résultat de 2-1 pour le Torino.
Il aura fallu vingt ans pour que l'équipe du Torino gagne enfin le match le plus convoité, celui contre son éternelle rivale, la Juventus. La dernière victoire en date des Granata remontait en effet à janvier 1995, ce qui représente presque une ère géologique aux yeux des tifosi. Pourtant la satisfaction des uns et la déception des autres sont vite passées au second plan, tant la journée de dimanche a été marquée par des épisodes de violence. Le derby, c'est-à-dire le match entre les deux équipes de foot d'une même ville (comme Lazio et Roma, mais aussi Milan Ac et Inter), est toujours un prétexte où les esprits des tifosi s'échauffent, la rivalité est très forte et les insultes courantes, mais lors du dernier match qui a opposé les deux équipes turinoises la situation a rapidement dégénéré. 
Quelques petits affrontements s'étaient déjà produits le matin, mais deux épisodes en particulier ont retenu l'attention des forces de l'ordre. Le premier, l'attaque des tifosi de l'équipe du Torino contre le car qui transportait les joueurs de la Juventus en direction du stade. Les coups de pied et les tirs de pierres se sont alors succédé au point qu'une vitre du car a été brisée. Sans conséquences, fort heureusement, puisque ce dernier est équipé de doubles vitrages. Le deuxième épisode, pendant le match : un engin explosif rudimentaire a éclaté dans le secteur des supporteurs du Torino en provoquant une dizaine de blessés. La réaction des forces de l'ordre ne s'est pas fait attendre, trois personnes ont immédiatement été arrêtées pour avoir lancé des pétards et des fumigènes alors que le match était encore en cours. Deux hypothèses sont actuellement à l'étude : l'engin explosif provenait du secteur des supporteurs de la Juventus (la plus probable), ou bien l'explosion aurait surpris les personnes qui étaient en train de le préparer dans le secteur du Torino.
Des contrôles insuffisants
"Aucune clémence ne sera réservée aux ennemis du sport" a déclaré à chaud le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano. Tous les responsables feront l'objet d'une Daspo, l'interdiction d'accéder à toute manifestation sportive pour une période pouvant aller jusqu'à 8 ans. Il faut reconnaître que l'introduction d'un certain nombre de mesures pour lutter contre la violence dans les stades (un meilleur contrôle de la vente des billets par exemple, mais aussi des tourniquets à l'entrée ou la possibilité de jouer sans public) a eu des effets positifs. Pendant le premier tour du championnat italien de cette année, le nombre de spectateurs blessés lors d'un match a baissé de 65% par rapport à l'année précédente et le nombre de matchs avec des blessés a diminué de 30%. Mais il est évident que le système a encore des failles : introduire dans un stade le matériel nécessaire pour fabriquer un engin explosif est non seulement un acte prémédité d'une gravité extrême, mais il devrait être impossible de le mener à bien. Les contrôles sont bien évidemment insuffisants et le prix fort est alors payé par les supporteurs bien souvent accompagnés de leurs enfants pour partager avec eux leur passion pour le calcio qui, tout en ayant un sentiment d'appartenance au maillot très fort, viennent assister au match sans l'intention de nuire à leurs adversaires.
Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) mardi 28 avril 2015






