Édition internationale

LE NOUVEAU DIVORCE A L’ITALIENNE – Six mois pour se dire adieu

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 3 janvier 2024

Quarante ans après le référendum sur le divorce de 1974 qui a représenté une des étapes principales de la modernisation du pays, le thème est toujours d'actualité en Italie. D'importants changements sont en vue. Ils concernent notamment les délais permettant d'obtenir le divorce, qui passent de trois ans à un an, une période qui se réduit encore à six mois  en cas de divorce consensuel.

Les délais nécessaires pour le prononcé du divorce pourraient connaître un abaissement important en Italie, au point que l'on n'hésite pas à utiliser une formule comme "divorzio breve", divorce rapide, pour indiquer la petite grande révolution qui s'annonce. C'est le sens du texte que la Commission de la Justice vient d'approuver à une large majorité après avoir accepté plusieurs amendements et qui sera présenté le 26 mai au Parlement. Dans un monde qui se transforme et qui va de plus en plus vite, les procédures du divorce ne peuvent que suivre et s'adapter aux changements profonds de la société même dans un pays qui a fait de la famille l'un de ses piliers. Le nouveau texte préconise donc l'abaissement de trois ans à un an des délais nécessaires pour obtenir le divorce. En cas de consentement mutuel, le prononcé pourrait arriver 6 mois à peine après la première notification, la présence d'enfants mineurs ne changeant pas la durée de la procédure.

La parole au Parlement

(photo Umberto Battaglia -  Aula di Montecitorio)

Luca D'Alessandro (Forza Italia), un des deux rapporteurs parlementaires de la commission d'étude, a tenu à souligner que le texte qui vient d'être approuvé est le fruit du travail de médiation entre les différentes positions et sensibilités politiques en présence. Seul le représentant du NCD (Nouveau Centre Droit, aujourd'hui dans la coalition gouvernementale avec le PD de Matteo Renzi) a exprimé un vote contraire : lors du passage au Parlement le 26 mai, il faudra donc s'attendre fort probablement à un vote transversal, qui tiendra compte des réserves et des observations de la CEI (Conférence Episcopale Italienne). Interrogé sur le divorzio breve, Don Paolo Gentili, directeur du bureau national pour la Pastorale de la famille de la CEI, a souligné l'importance du rôle de la famille dans la société tout en mettant en garde contre les dangers provoqués par sa dissolution. L'autre rapporteur du texte, Alessandra Moretti, candidate du PD aux élections européennes, a mis l'accent sur les effets bénéfiques d'une réduction des délais pour arriver au divorce : les honoraires des avocats qui pèsent souvent lourd diminuent, tout comme les occasions de conflits au sein du couple qui a décidé de se séparer.
 

Mariages et divorces en Italie, quelques chiffres
La discussion sur le divorzio breve arrive quarante ans après une date historique, celle du référendum pour l'abrogation de la loi sur le divorce introduite en 1970. Fortement voulu par le principal parti politique de l'époque, la Démocratie chrétienne, le référendum de mai 1974 ne donna pas le résultat escompté. Il représente aujourd'hui une pierre miliaire sur la voie de la modernisation du pays : la réponse des Italiens - 59,1% de voix contre l'abrogation de la loi sur le divorce - ne laissait pas de place au doute. Il faut reconnaître que depuis son introduction le nombre de séparations et de divorces n'a fait qu'augmenter. Les données diffusées par l'Istat sont claires : si sur 1.000 mariages il y a eu 158 séparations et 80 divorces en 1995, en 2011 ce nombre s'est élevé à 311 séparations et à 182 divorces. Quelle est la durée moyenne d'un mariage en Italie aujourd'hui ? Il faut compter 15 ans en ce qui concerne les séparations (en moyenne à 46 ans pour les hommes et à 43 ans pour les femmes) et 18 pour les divorces (à 47 ans pour les hommes, à 44 ans pour les femmes). La crise économique de ces dernières années n'a pas été sans conséquences : nombreux sont les couples qui sont contraints de continuer à vivre sous le même toit, ne pouvant pas faire face à une séparation pour des raisons économiques. Et pour ceux qui décident de se marier, l'âge du oui fatidique est de plus en plus tardif : les jeunes mariés ont aujourd'hui en moyenne 34 ans pour les hommes et 31 pour les femmes. Dans ce cas, il faut cependant prendre en compte d'autres facteurs, comme les études prolongées et les mentalités qui évoluent.
Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) vendredi 16 mai 2014

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Publié le 15 mai 2014, mis à jour le 3 janvier 2024

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