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CURIOSITE – J’ai du bon tabac… en Italie

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 28 octobre 2014, mis à jour le 22 octobre 2014

Les campagnes italiennes recèlent bien des surprises : les promeneurs attentifs ont ainsi l'occasion, dans de nombreuses régions de la Péninsule, d'apercevoir des champs de tabac. Car le saviez-vous ? L'Italie est le premier producteur européen de tabac.

Quel est le rapport entre l'Italie et le tabac ? Aucun, répondront spontanément ceux qui ne se sont jamais penchés sur la question. Et pourtant les rapports sont multiples : car si le mot tabac, utilisé pour désigner cette plante herbacée bien connue, cultivée pour ses feuilles riches en nicotine, dérive de l'espagnol tabaco, qui provient à son tour de l'arawak tobaco, c'est bien à un Italien que l'on doit son introduction en Europe : c'est en effet Christophe Colomb qui rapporta les premières feuilles de tabac à la cour d'Espagne au retour de son premier voyage. Cette herbe que l'on pare à l'époque de vertus médicinales prend ensuite le nom de "nicotiane" : à l'origine de ce terme on trouve Jean Nicot, ambassadeur de France au Portugal, qui aurait envoyé de la poudre de tabac à l'une des plus grandes figures de l'histoire européenne du XVIe s., Catherine de Médicis, lui conseillant de l'utiliser pour soigner les fortes migraines de son fils François II. Et voilà le tabac ou nicotiane rebaptisé "l'herbe à la reine". Reine de France, oui, mais d'origine italienne.

L'Italie, premier producteur de tabac en Europe
Mais oublions ces subtilités linguistiques qui, bien que fort intéressantes, remontent à des temps reculés, pour nous pencher sur la culture du tabac en Italie. Une culture solidement ancrée depuis plusieurs siècles (comme dans de nombreux pays d'Europe) mais, fait plus rare, qui perdure aujourd'hui. L'Italie est actuellement le premier producteur européen de tabac, très loin bien sûr derrière les premiers producteurs mondiaux (la Chine, le Brésil, l'Inde, les Etats-Unis, l'Indonésie), mais la filière du tabac est importante dans la Péninsule tant au niveau de la qualité des produits cultivés qu'à celui de la part qu'elle représente dans l'économie agricole du pays. Le dernier rapport Nomisma en date sur la filière du tabac en Italie, publié en août 2013, cite quelques chiffres particulièrement éloquents : 4.000 producteurs, 190.000 personnes employées dans le secteur, une production de 51.000 tonnes, plusieurs régions spécialisées dans la culture des différents plants de tabac, le Virginia en Ombrie et en Vénétie, le Kentucky dans le Latium, le Burley en Campanie.

Un secteur en crise

La Manifattura Tabacchi de Turin

Le secteur traverse cependant une passe difficile : les surfaces cultivées sont en diminution (60% de moins entre 2002 et 2012) tandis que la production est en baisse de 27 %, parallèlement au nombre de producteurs (de 6.000 en 2010 à 4.000 en 2012). De multiples facteurs, d'ordre très divers, sont en jeu, allant de la nouvelle politique agricole commune qui a exclu tout financement à ce secteur dans le cadre de la nouvelle PAC 2014-2020 à une réduction drastique de la consommation, qui n'a jamais été aussi basse même lors de la promulgation de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, en passant par la quasi disparition des usines de cigarettes (il n'en va pas de même pour la fabrication des cigares, qui se porte plutôt bien). Dans une vingtaine de villes, un certain nombre d'édifices témoignent encore de l'époque florissante de cette industrie nationale : à Turin, à Milan, à Rovereto (Trentin), à Lecce (Pouilles), à Scafati et à Cava dei Terreni (Campanie), les Manifatture Tabacchi sont souvent désaffectées en raison de la privatisation du système de production de tabac et de la suppression du monopole d'Etat.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin)  mercredi 29 octobre 2014

Publié le 28 octobre 2014, mis à jour le 22 octobre 2014

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