Les Italiens et la télévision : tout un poème... Autant la télévision est aimée, autant la redevance audiovisuelle, appelée canone RAI, est unanimement détestée. En ce début d'année 2014, alors que la RAI fête ses 60 ans de télévision, la nouvelle ? immédiatement démentie - d'une abolition possible de la redevance a fait le buzz sur Internet.
Alors que la télévision publique italienne (la RAI, Radiotelevisione Italiana) s'apprêtait à fêter ses 60 ans, une nouvelle formidable se diffusait en un éclair : la redevance audiovisuelle, appelée canone Rai dans la langue de Dante, aurait été déclarée "illégitime" par une sentence du 30 décembre de la Cour européenne des Droits de l'homme. A l'origine de ce que les Italiens appellent "una bufala" (littéralement, une bufflonne, un terme utilisé quand une information délibérément fausse a été diffusée), un certain "Giornale del Corriere". Sans aucune vérification, la nouvelle a été immédiatement reprise par certains quotidiens qui ont dû très vite la démentir, et surtout par un nombre impressionnants d'internautes qui se sont empressés de la diffuser sur les réseaux sociaux. Mais l'enthousiasme des partisans d'une abolition de la redevance audiovisuelle a été de courte durée, d'autant plus qu'en ce début du mois de janvier les spots se multipliaient pour rappeler aux téléspectateurs le montant du canone RAI, 113,50 ?, et la date limite de paiement, le 31/01/2014. Seules quelques catégories très précises, comme les personnes de plus de 75 ans, sont dispensées du paiement de cette redevance.
Parallèlement, ces jours-ci, la télévision publique italienne propose régulièrement des rétrospectives en images pour marquer ses 60 ans d'existence. C'est en effet le 3 janvier 1954 que sont inaugurés les premiers studios de télévision, à Rome et à Milan. L'événement est immédiatement suivi par le premier journal télévisé. C'est le début d'une nouvelle ère destinée à transformer l'Italie (le rôle de la télévision italienne a fréquemment été souligné, notamment lors de la belle exposition Fare gli Italiani présentée à Turin à l'occasion des 150 ans de l'Unité italienne). Et peu importe si, en ce 3 janvier 1954, le nombre de postes de télévision existant dans toute l'Italie est extrêmement réduit (il est estimé à plusieurs dizaines de milliers, essentiellement dans des familles milanaises et turinoises) : les années Cinquante correspondent aux années du miracle économique italien et voient une diffusion rapide des postes de télévision. Petit à petit, le petit écran s'est installé au c?ur de tous les foyers de la Péninsule jusqu'à devenir l'accessoire indispensable, à la fois idolâtré et très souvent décrié, que l'on connaît aujourd'hui. Ce soixantième anniversaire est également l'occasion de rappeler aux Turinois la présence dans leur ville d'un Musée de la radio et de la télévision situé via Verdi 16, ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 19h00 (la visite est gratuite, mais la réservation est obligatoire), qui rappelle que c'est à Turin que les premières recherches et tentatives d'émission ont eu lieu dès les années Trente.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) jeudi 9 janvier 2014
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