Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

L’ITALIE DU CINEMA – Partie 1 - Le Néoréalisme, l'après-guerre de 1945

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 24 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

De grands réalisateurs, inspirés par les nombreux événements qui ont fait leur nation, nous ont laissé des chefs-d'?uvre du cinéma. Connus de tous, Luchino Visconti, Vittorio De Sica, Roberto Rosselini, Federico Fellini et bien d'autres, des hommes qui, à travers des films de toute beauté, nous racontent de belles histoires dans l'histoire

(photo film I vitelloni)

Entre 1945 et 1975, le cinéma italien a connu deux grandes périodes.   
Le néoréalisme dans l'après-guerre de 1945 à 1958. Les studios de Cinecittà, devenus un centre de réfugiés, sont fermés et les réalisateurs ont un fort besoin de filmer l'Italie telle qu'elle est, sur le terrain.
En opposition à toute cette souffrance le néoréalisme, poussé par le miracle économique des années 60, fait place à la comédie italienne de 1958 à 1975. Fini, les pauvres gens opprimés, la part belle est à la satire sociale et à la bouffonnerie. Libérés, on ne se soucie même plus des limites du bon goût.                           
Le cinéma italien traverse une grave crise dans les années 80, liée avant tout à la diffusion de la télévision dans les foyers. Pendant cette période, le cinéma d'auteur disparaît pratiquement. Depuis quelques années, il revient sur la toile internationale avec quelques films brillants, comme un besoin de soulever le couvercle audiovisuel d'une nation qui a trop longtemps oublié sa créativité dans le 7e art.

Dans le vaste choix de ce cinéma très prolifique, nous vous proposons une sélection en trois articles, le néoréalisme, la comédie italienne et le cinéma du renouveau. Des films à découvrir ou à redécouvrir.

Partie 1 ? Le néoréalisme ? L'après-guerre de 1945


Roberto Rossellini
ouvre la voie au néoréalisme. Dès la libération de Rome par les forces alliées, il commence le tournage de Rome Ville Ouverte /Roma città aperta (1945) - avec des acteurs presque tous amateurs et de la pellicule dénichée où il pouvait. Il filme le destin de deux résistants italiens, un curé et un communiste, vivant l'occupation nazie de 1944 dans la Rome occupée. La dénonciation et la pauvreté?


Retenons trois films de la majestueuse filmographie de Luchino Visconti.
SENSO (1954) - Venise printemps 1866. Les derniers jours de l'occupation autrichienne. Au théâtre de la Fenice, une manifestation anti-autrichienne éclate. Le comte Ussoni défie en duel un lieutenant autrichien, qui a prononcé des paroles insultantes pour les Italiens.

Rocco et ses frères /Rocco e i suoi fratelli (1960) - Dans l'Italie d'après-guerre les déboires d'une famille du sud récemment immigrée à Milan.
L'innocence, la naïveté et les traditions méridionales se heurtent à la réalité des temps modernes et de la vie urbaine. Loin du soleil et de leur terre, nos cinq frères n'ont plus que l'amour des autres et d'eux-mêmes pour vivre et survivre dans un monde étranger.
Le guépard /Il gattopardo (1963) ? Incontournable et sublime, la fin des princes siciliens -  en 1860, la Sicile est la proie des luttes civiles déclenchées par Garibaldi et ses "chemises rouges". Le prince Salina se rend avec toute sa famille dans sa résidence secondaire. Le Prince, qui prévoit le déclin du rôle politique de l'aristocratie, accueille dans sa maison le maire et sa fille qui représentent la classe sociale montante. A l'occasion des 150 ans de l'unité italienne, jeudi 24 mars les Turinois auront la possibilité d'assister à la projection d'une version restaurée en numérique de ce célèbre film (consulter notre agenda). 


Le général de la Rovere /Il generale della Rovere de Roberto Rossellini (1959) ? Un film à découvrir pour son excellente mise en scène récompensée par le Lion d'or à Venise et le Golden Gate du meilleur acteur pour Vittorio de Sica. Un escroc se fait passer pour un général afin d'extorquer les familles de prisonniers, mais il finit par se faire prendre. En accord avec la Gestapo, il se fait emprisonner sous le nom d'un chef de la résistance pour démasquer un réseau. Entré dans son rôle, il se comporte comme le vrai général.

 

Vittorio de Sica nous a marqué avec Le voleur de Bicyclette /Ladri di bycicletta (1948) ? Chômeur et père de deux enfants, Antonio vient de décrocher un emploi. Il doit récupérer son vélo pour travailler, il échange les draps de la maison pour le récupérer au Mont-de-piété. Hélas, l'homme est victime d'un voleur de bicyclette qu'il tente de retrouver. Désespéré, il se transforme en voleur à son tour et se fait prendre.
Le Jardin des Finzi Contini /Il giardino dei Finzi Contini (1970) ? Les rencontres de jeunes gens dans le jardin d'une riche famille de la communauté juive de la ville de Ferrare. Derrière les grands murs, la pleine ascension de Mussolini et du fascisme italien dans les années 1930. Un film magnifique empli de nostalgie.

Federico Fellini met en scène pour nous d'hallucinantes chroniques sociales.

De I Vitelloni /"Les inutiles" (1953) - Une morose dolce vita provinciale, cinq trentenaires se trainent dans leur petite ville où il ne se passe jamais rien, comme dans leurs vies. Entre comique et tragique, un très beau film émouvant et drôle. Voir la scène culte en Italie d'Alberto Sordi faisant un bras d'honneur aux ?lavoratori' sur la route?
A La dolce Vita (1960) - L'errance nocturne dans un milieu social aisé auprès d'une aristocratie dés?uvrée fait de La Dolce Vita un film scandale en Italie. A Milan, le soir de la première, Fellini est sifflé, on lui crache à la figure. Mais soutenu par la palme d'or au festival de Cannes, il remporte immédiatement un énorme succès commercial qui divisera longtemps l'Italie. Un grand rôle pour Marcello Mastroianni, la scène mythique avec Anita Ekberg, les pieds dans la fontaine de Trevi.

Le poète et écrivain Pier Paolo Pasolini scandalise par ses films. Mamma Roma (1962) - Une prostituée pense être libérée de son souteneur et

tente de refaire sa vie avec son fils, qui ignore son passé. Une nouvelle cité de banlieue rêvée idéale et pleine d'espoir pour la nouvelle vie qui commence?
Theoreme / Teorema (1968) - Un personnage mystérieux d'une étrange beauté s'immisce dans une riche famille milanaise et entretient des rapports charnels avec chacun de ses membres, changeant radicalement leurs vies. Ce film fit scandale à sa sortie auprès de la vieille bourgeoisie, mais cette ?uvre est avant tout une poésie. Paradoxalement, le film a obtenu le grand prix de l'Office catholique international du cinéma, ce qui a laissé le public plutôt perplexe à l'époque.

Main basse sur la ville /Le Mani sulla città de Francesco Rosi (1963) - Un film coup de poing, traité comme un polar, du cinéma politique très réaliste et d'une modernité étonnante. Un film captivant de bout en bout, qui dérange, aujourd'hui comme hier, empreint d'une brûlante et troublante actualité?

Des films mythiques comme des empreintes dans la mémoire du pays.

MhBonnette (www.lepetitjournal.com/Milan) jeudi 24 mars 2011

Publié le 24 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Flash infos