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ISABELLA LAGATTOLLA - "A Turin, nous connaissons bien le théâtre français dans tous les cas !"

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 11 mai 2016, mis à jour le 17 mai 2016

Place au théâtre à Turin ! Cet été, le festival de théâtre des Collines de Turin reprend du service pour la 20e année consécutive. S'il a migré des jardins au centre-ville, il n'en garde pas moins son ouverture et ses ambitions. Isabella Laggattolla, sa présidente nous présente son édition 2016 ainsi que la pièce « Un Mage en Eté », une pièce française venue de la ville de Reims.

Lepetitjournal.com/turin : Parlons d'abord du festival, comment est né et vit le projet ?

Isabella Lagattolla : Le festival est né il y 20 ans pour présenter dans les villes et les châteaux des collines autour de Turin, des spectacles de théâtre contemporain, joués par des acteurs en rapport direct avec le public. En effet le festival se tenait dans les jardins et à l'extérieur, donc les acteurs jouaient la plupart du temps en solo, avec le public autour. Le festival a depuis légèrement changé son âme et esprit, car il a commencé à virer dans la création contemporaine. On a de fait aussi décalé en ville, c'est-à-dire que plus de choses se passent à Turin car ces spectacles contemporains ont besoin de supports vidéos, informatiques ou de lumière qui ne pouvaient plus s'installer en extérieur. Peu à peu nous avons migré en ville, dans les théâtres et les lieux d'arts de Turin. Aujourd'hui nous avons donc plutôt un festival urbain. En effet nous avons superposé aux premièreséditions dans les collines, toutes ces créations plus contemporaines.

Pouvez-vous nous présenter un peu plus cette édition 2016 ?

Les thèmes de cette année sont : les femmes, l'identité de genre et les auteurs. Ce qui nous a poussé à mettre légèrement les spectacles de la création italienne pour rajouter des spectacles étrangers (venus de France, Roumanie, Grèce, Israël et Iran). On a choisi plutôt des solos également, pas uniquement mais en majorité. C'est une conséquence dirai-je de prendre des spectacles étrangers : ce qui par contre nous ramène un peu aux origines du festival !

Pourquoi avoir choisi la ville de Turin ? Les Turinois ont-ils un rapport spécial avec le théâtre ?

Oui ! A Turin on observe un engouement autour du théâtre depuis quelques années. Il faut voir que la ville a beaucoup changé. On la présentait avant comme « la ville de Fiat » mais elle a su ouvrir d'autres horizons (et la Fiat a un peu déménagé !). Une de ces directions nouvelles est donc l'art contemporain. Les Olympiades d'hiver en 2006 ont aussi à leur manière, dynamisé la ville. Je dirai que nous sommes devenus une ville d'art, et lorsqu'on voit les touristes dans les rues aux moments des expositions, des jours fériés, cela confirme cette impression ! Le festival, qui s'est d'abord déplacé pour des raisons techniques a aussi en ce sens, évolué avec Turin. La descente en centre-ville a permis une augmentation importante du nombre de spectateurs. En vingt jours, on voit environ 10.000 personnes devant les spectacles.  Or pour un festival qui s'occupe purement de création contemporaine, ne travaille pas qu'avec des grands noms, c'est  à mon avis un record !  

Cette année il est construit autour des thèmes de genre et de l'identité, pourquoi était-il important pour vous de parler de ces thématiques-là ?

Oui ! Le ministère de la Culture a l'an dernier changé ses programmes. Il a demandé à toutes les institutions culturelles et artistiques de présenter un projet pour trois ans : nous avons donc beaucoup réfléchi. Notamment au niveau des choix des spectacles où l'on a senti une certaine priorité sur les sujets de la figure féminine, l'identité? Nous nous sommes interrogés beaucoup, car également dans la vie quotidienne l'on sent aussi plus de présence féminine. Les femmes sont devenues des protagonistes importantes : cela joue aussi dans les deux sens. Parler de « Femmes » aujourd'hui c'est à la fois évoquer ce qui peut être positif, et ce qui l'est moins (comme la violence faite aux femmes). Nous avons donc pensé à tracer un contour autour des femmes : dans 3 axes différents pour les 3 années à venir. En premier lieu les femmes et la vie politique, la femme comme richesse d'identité, dans la pluralité? On voudrait également donner la parole à d'autres groupes sous-représentés comme la communauté LGBT notamment. Ces figures de femmes cette année  parleront de la vie sociale, l'an prochain, ce sera sur les femmes et la vie éthique et religieuse.


Une pièce sera jouée en français par une compagnie française : pourriez-vous nous en parler un peu ? (*)

Ce spectacle du « Mage d'été », nous l'attendions depuis 4 ans où nous l'avions repéré au festival d'Avignon ! Or chaque été, l'acteur ne pouvait jamais venir car il était engagé dans d'autres festivals, dans d'autres projets. Cette année, grâce au soutien de l'Institut français nous avons réussi à faire venir et le spectacle, et la Comédie de Reims au festival ! Ce sont Ludovic Lagarde, le metteur en scène, et Laurent Poitrenaux qui le produisent ensemble pour le compte de la Comédie de Reims. Les trois sont des amis du festival et nous avions déjà présenté leur travail dans des éditions précédentes. C'est une belle interprétation des questions sur l'Homme.
Cela dure une heure et demie, heure et demie où Laurent est tout seul sur scène et c'est un acteur formidable. Le Mage d'été construit ses cabanes sur son île et y vit sa vie, en la racontant au public. Or le texte d'Olivier Cadiot est très beau et intéressant. Le seul défi est de le présenter à des Italiens ! On prépare donc des sous-titrages pour que le spectacle soit accessible à tous.

Est-ce que les Italiens connaissent un peu le théâtre français ?

Oui, je pense que c'est le cas ! Quand j'étais plus jeune à l'Université, nous avions lu du théâtre français, quelques pièces. Au festival, nous avons beaucoup travaillé déjà avec des institutions et des acteurs du théâtre français, en partenariat aussi avec le ministère de la Culture. Nous avons aussi présenté un projet transfrontalier qui s'appelait Carta Bianca, en partenariat avec la Scène Nationale de Chambéry, chaque année, 4 ou 5 spectacles français pendant trois ans. La plupart des théâtres ici travaillent beaucoup avec la France. La coopération est aussi facilitée par la proximité avec la France c'est sûr, je ne peux donc pas dire pour toute l'Italie mais à Turin, nous connaissons bien le théâtre français dans tous les cas !

Propos recueillis par Philippe Creusat, www.lepetitjournal.com/turin, le 11 mai 2016

Du 2 au 21 juin à Turin et ses environs.

Billetterie et plus d'infos sur  le site du Festival et/ou sur Facebook

(*) Participez à notre jeu concours pour gagner des places pour la pièce

Publié le 11 mai 2016, mis à jour le 17 mai 2016

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