Édition internationale

FREDERIC BOUILLEUX – L’Italie, c’est ma seconde patrie

Écrit par Lepetitjournal Turin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 26 août 2014

Frédéric Bouilleux quitte son poste de directeur de l'Alliance française de Turin pour s'envoler vers la France où l'attend la mission prestigieuse de vice-directeur du Domaine national de Chambord. Les Turinois devront s'en faire une raison : sa haute silhouette n'arpentera plus les salons turinois, son humour léger et badin, sa gentillesse et sa courtoisie feront le bonheur d'autres interlocuteurs. A la veille de son départ, il nous a livré quelques réflexions sur Turin, l'Italie et la France.

Lepetitjournal.com : Que représente l'Italie pour vous ?
Frédéric Bouilleux : L'Italie, c'est ma seconde patrie. C'est, après la France, le seul endroit où je pourrais vivre. De Palerme à Turin, en passant par Venise, j'y ai passé une dizaine d'années, ce qui est déjà considérable ; mais en fait, ayant toujours travaillé dans la coopération culturelle internationale, l'Italie n'a jamais cessé d'être au centre de mes préoccupations et j'ai la certitude que les occasions de collaboration avec Chambord ne manqueront pas non plus. C'est d'ailleurs en reconnaissance de cet engagement constant pour les relations culturelles et pour l'amitié entre nos deux pays que j'ai été décoré de l'Ordine della stella d'Italia par Carlo Azeglio Ciampi en 2006.

Quels sont les raisons de votre attachement pour l'Italie ?
Il y a bien sûr ce que tout le monde sait : l'Italie est l'un des plus beaux pays du monde et son patrimoine est immense, mais je ne voudrais pas tomber dans la banalité. Je dirais que ce qui est formidable en Italie, c'est cette capacité de conserver un certain enthousiasme malgré la situation difficile, cette sorte de « on y croit encore » due au fait que ce pays, qui n'a jamais vraiment cru à la force de l'Etat, a su conserver une structure sociale forte, celle de la famille, celle du quartier, celle des amis? Il y a en Italie une joie qui reste palpable, loin du certain désenchantement que l'on peut constater au sein de la société française, particulièrement chez les jeunes. Je retrouve en Italie cette ardeur que j'ai connue en France il y a une trentaine d'années, ainsi qu'une réelle capacité à rire, à se moquer de soi-même, qui est aussi un moyen de se défendre. Et puis ce qui frappe partout en Italie, au nord comme au sud, c'est la qualité de la vie au quotidien, cela saute aux yeux dès que l'on met le pied dans le pays. A Turin par exemple, dès qu'on est aimable avec les gens que l'on côtoie, ils sont aimables.

Vous avez passé deux ans à Turin. En 2013, lors de l'article que vous aviez accepté d'écrire pour notre rubrique « Turin, je t'aime », vous concluiez en ces termes : Ce qui me plaît de Turin c'est aussi ce qui me reste à en découvrir. Qu'avez-vous découvert à Turin ?
Turin est une ville qui sait surprendre et qui séduit par ses paradoxes, comme je l'avais souligné dans l'article que vous venez de mentionner. C'est une très belle ville méconnue où il fait bon vivre, qui doit répondre aujourd'hui au défi du tourisme international et de la culture en effectuant des choix qui marqueront durablement son développement futur. Ce que j'ai découvert surtout c'est que, derrière la relative réserve des Turinois, il y a une ouverture très agréable, très respectueuse de l'autre. Ce que l'on prend parfois pour de la froideur n'est en fait souvent qu'un très grand respect des autres. Turin est une ville qui, tout en étant plutôt bourgeoise, a su dès son origine accueillir des groupes marqués par leur « différence », les Juifs, les Noirs, les homosexuels? Bref, c'est une ville passionnante même si sa réserve et sa bonne éducation risquent de lui jouer des tours dans ce qu'il convient bien d'appeler ? passez-moi l'expression - un monde de brutes?

A votre arrivée, en septembre 2012, vous nous parliez de votre mission à Turin en soulignant le contexte local extrêmement favorable dans lequel vous alliez ?uvrer avec l'ambition de devenir un interlocuteur privilégié pour la vie culturelle française, voire francophone. Deux ans plus tard, le pari est gagné. Quel est votre sentiment à cet égard ? Quel rôle a joué l'année de la France à Turin ?

Frédéric Bouilleux, Edith Ravaux (consule générale de France) et Piero Fassino (maire de Turin) au Palazzo Chiablese le 14 juillet dernier

L'année de la France à Turin a été une période intense et je suis ravi d'avoir pu profiter de cette occasion qui m'a permis d'aller plus vite. Cependant, il convient de souligner que « Torino incontra? la Francia » a représenté un coup d'éclairage sur quelque chose qui existait déjà et qui demeure. Non seulement les relations entre la France et Turin sont anciennes et intenses, mais il y a ici une tradition de ville culturelle qui est palpable. On y trouve des interlocuteurs compétents, ouverts, de grande qualité, qui aiment la France. Travailler avec eux a été un plaisir. Aujourd'hui, je pense pouvoir affirmer que j'ai réussi à être un interlocuteur utile pour les autorités municipales et que c'est grâce au véritable échange qui s'est instauré que l'Alliance française de Turin a réussi à conserver une place que les autorités culturelles de la ville souhaitaient naturellement donner à la culture française.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) mercredi 27 août 2014

Publié le 26 août 2014, mis à jour le 26 août 2014
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