Malgré toutes les merveilles que la capitale a à offrir, Tokyo peut parfois devenir éreintant, entre cohue des foules, buildings vertigineux et distance des échanges avec des locaux happés par un quotidien assourdissant. L’envie de se (re)connecter à un sentiment différent, que les alentours du cœur de la ville peuvent apporter, se fait donc parfois ressentir. Mais partir à l’exploration des environs peut parfois intimider, où il paraît quelquefois difficile de trouver son chemin dans le labyrinthe des couloirs de Shinjuku. Devenir explorateur d’un jour est cependant bien plus simple que ce que l’on peut s’imaginer. Sans pour autant se lancer à la conquête de Fuji-san, la région autour de la capitale fourmille de randonnées faciles d’accès et adaptées aux débutants.


Voici donc un guide non exhaustif de randonnées et balades (testées et approuvées) pour sortir quelque peu des itinéraires habituels et découvrir les richesses cachées de la région.
Mont Oyama
Situé à environ 60 kilomètres à l'ouest de Tokyo, le mont Oyama est une figure du paysage de la préfecture de Kanagawa. Connu sous le nom de "Afuri-yama" ou "montagne des pluies" en raison de son sommet souvent recouvert de nuages, Oyama est un site spirituel important depuis des millénaires. La montagne abrite le sanctuaire Oyama Afuri, un complexe dont l'histoire s'étend sur plus de 2 000 ans.

Depuis le sanctuaire d'Afuri, les randonneurs peuvent continuer jusqu'au sommet, un trajet qui prend environ deux heures dans chaque sens. À noter que la partie supérieure du sentier peut être assez raide et rocailleuse, ce qui nécessite une bonne condition physique, il est donc conseillé de commencer tôt, surtout pour atteindre le sommet, car le dernier départ du téléphérique a généralement lieu vers 17 h le week-end et 16 h 30 en semaine.

Pour ceux qui préfèrent un voyage moins pénible ou qui manquent de temps, le téléphérique d'Oyama offre une alternative pratique à la randonnée dans la partie inférieure de la montagne. Bien que cela offre un accès facile au sommet, il convient de noter qu’un certain nombre de marches donne un avant goût de l’ascension. Cette allée, connue sous le nom de Koma Sando, est bordée de boutiques et de restaurants traditionnels, offrant un aperçu du riche patrimoine culturel de la région.
Accès depuis Tokyo :
Depuis la gare de Shinjuku, prendre la ligne Odakyu Express jusqu’à Isehara Station (~1 h 10, 690¥), puis prendre le bus Kanagawa Chuo depuis l’arrêt n°4 jusqu’à Oyama Cable Station (~30 min, 360¥).
Mont Tsukuba
Direction préfecture d’Ibaraki, au nord de Tokyo, pour y rencontrer le rival discret du mont Fuji : le mont Tsukuba. Selon l’une des anciennes légendes du pays, une divinité serait descendue des cieux afin de demander aux montagnes un refuge pour la nuit. Le mont Fuji, fier et arrogant, refusa. Le mont Tsukuba, plus humble, offrit quant à lui l’hospitalité, la nourriture et le gîte. En conséquence, le mont Fuji aurait été condamné à une stérilité glaciale et solitaire, tandis que le mont Tsukuba devint une terre fertile, riche de couleurs changeantes au fil des saisons.

À la suite du sanctuaire se trouvant au pied de la montagne, une vingtaine de minutes de marche à travers une forêt bien balisée mènent à une bifurcation. Deux sentiers permettent alors de rejoindre les sommets jumeaux du mont Tsukuba : Nantai-san (le pic masculin) et Nyotai-san (le pic féminin), souvent associés au yin et au yang dans la tradition locale.
Le sentier Miyukigahara, le plus fréquenté, serpente depuis le sanctuaire jusqu’au sommet en traversant une forêt ponctuée de formations rocheuses atypiques aux noms évocateurs, comme le rocher du crapaud ou encore le rocher du mariage.
Plus discret, le sentier Shirakumobashi propose une alternative plus sauvage et paisible, idéale pour celles et ceux en quête de tranquillité.

Le sentier, parfois rocailleux, nécessite un bon équipement, mais reste tout à fait accessible pour une excursion à la journée.

Accès depuis Tokyo :
Depuis la gare de Shin-Okachimachi à Tokyo, prendre la ligne Tsukuba Express jusqu’à la station Tsukuba (environ 50 minutes). De là, un bus mène jusqu’au sanctuaire Tsukuba (environ 40 minutes).
Mont Takao
Aux portes de Tokyo, le mont Takao s’impose comme l’échappée idéale vers la nature. Fréquenté autant par les Tokyoïtes que par les voyageurs curieux, ce sommet accessible offre une variété de sentiers, parfaits pour une promenade familiale ou une initiation douce à la randonnée.
Les chemins, soigneusement balisés, serpentent à travers une nature accueillante, ponctuée de restaurants, jusque sur les hauteurs. Cette parenthèse verte se savoure sans contrainte : nul besoin d’équipement technique, seulement l’envie de s’aérer l’esprit, le temps d’une journée hors de la ville.

Le mont Takao dispose de six sentiers menant à son sommet :
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Sentier n°1 (violet) : le plus long en montée, estimé à environ 1h40. Il rejoint les sentiers 2, 3 et 4.
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Sentier n°2 (bleu) : accessible plus rapidement en empruntant le train à câble jusqu'à une station intermédiaire.
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Sentier n°3 (vert clair) : permet l’observation de bâtiments traditionnels, tout comme les sentiers 4 et 5.
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Sentier n°4 (vert foncé) : traverse également des zones avec des bâtiments traditionnels.
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Sentier n°5 (kaki) : offre, comme les sentiers 3 et 4, des points de vue sur des constructions traditionnelles.
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Sentier n°6 (orange) : suit un ruisseau sur une grande partie de son tracé.
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Sentier n°7 (rouge / Inariyama) : débute par une série d’escaliers pendant environ 5 minutes, puis continue par une montée progressive.

Avec son temple Takaosan Yakuōin, s’étendant sur différentes strates au cœur de la forêt, le mont Takao dégage une ambiance particulière. Ce sanctuaire est dédié aux tengu, des créatures légendaires des montagnes, souvent représentées comme des démons ailés au long nez. Selon les croyances, les tengu sont les messagers des dieux et porteraient bonheur.

Un téléphérique ainsi qu’un télésiège permettent de rejoindre la moitié du parcours jusqu’au sommet. Les enfants, les personnes âgées ou celles moins enclines à la randonnée peuvent, elles aussi, profiter de l’air de la montagne et des paysages impressionnants qu’offrent les environs.
Accès depuis Tokyo :
Depuis la gare de Shinjuku - prendre un train Semi Limited Express de la ligne Keio Takao jusqu’à la gare Takaosanguchi. (Durée du trajet : environ 55 min)
Okutama – Sentier Okutama Mukashimichi
Situé près de la région du lac Okutama, le sentier Okutama Mukashimichi est une magnifique promenade le long de la vallée de la rivière Tama, parsemée de sites historiques de part et d’autre, avec de superbes vues sur la rivière elle-même. Les panoramas sont particulièrement impressionnants pendant la saison des couleurs d’automne.
L’observatoire de Hapo-Iwa permet d’admirer une vue panoramique sur les montagnes environnantes et le lac Okutama, ce qui en fait un lieu idéal pour se reconnecter avec les paysages naturels de Tokyo au fil des saisons. Le temple Shirahige Shrine, situé sur le parcours, offre quant à lui la sérénité unique des lieux reculés du pays.

Accès depuis Tokyo:
Train rapide de la ligne JR Chūō depuis Tokyo ou Shinjuku jusqu’à Ōme, puis correspondance avec la ligne JR Ōme à la station Tachikawa. À Ōme, prendre un train en direction d’Okutama.
Quelques conseils utiles avant de se lancer sur les sentiers:
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Bear bell ou bear spray : certaines régions sont habitées par des ours, mieux vaut prévenir que guérir !
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Trousse de premiers secours : toujours utile en cas de petite blessure ou de piqûre.
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Bâtons de randonnée (optionnels) : particulièrement pratiques sur les sentiers escarpés ou glissants.
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Bonnes chaussures de marche : certains chemins sont humides, traversent de petits cours d’eau ou peuvent être glissants.
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Eau en quantité suffisante : les points de ravitaillement sont rares, sauf parfois en haut, à l’arrivée d’un téléphérique.
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Application de randonnée (AllTrails, Yamap) : pour suivre le parcours, connaître le niveau de difficulté et rester sur le bon chemin.
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Application de transport (Japan Travel ou Navitime) : essentielle pour planifier les trajets en trains locaux ou bus, et vérifier les horaires en temps réel.
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Arrêt au point d’information (souvent situé au départ du sentier) : pour récupérer une carte papier, vérifier les horaires de bus retour, ou même collectionner des stamps souvenirs.
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Téléphone bien chargé (+ batterie externe) : indispensable en cas d’imprévu.
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Protection solaire (chapeau, crème solaire) : certains tronçons sont très exposés.
Photographies de l'article par Marie-Charlotte Jusczak.









