Sensible, esthète et passionnée par tout ce qu’offre le beau, Gaël s’est inspirée et a puisé dans la culture japonaise pour fonder son entreprise de vente de seconde main de bijoux précieux. Rencontre avec une entrepreneuse artiste à la recherche des pépites à transmettre.
Quelle a été la genèse de votre idée ?
Après 17 ans au sein de grandes marques de luxe Internationales comme Louis Vuitton ou Gucci, et une aventure entrepreneuriale de 10 ans dans le domaine de l'éducation numérique (Edoki Academy,) je m’installe à Tokyo avec ma famille, où je découvre une autre facette de de l'économie circulaire. La capacité des Japonais à recréer un écosystème retail complet de seconde main et le niveau de qualité des produits m’impressionne. Le Japon possède probablement les meilleurs magasins vintage du monde, dont la sélection et les prix rivalisent avec les meilleures boutiques multimarques. Aussi je passe mes weekends à chercher des trésors à Harajuku, Shimokitazawa ou Ginza et à comprendre ce qui rend ce marché si unique. A chaque quartier son offre plus ou moins luxe, ou fashion. Mais toujours avec une exécution retail impeccable, un respect de la marque et du savoir-faire, et un niveau de service impressionnant. Chaque catégorie de produit a son écrin retail. La joaillerie aussi. Au bout de 5 ans, je n'achète plus qu’en seconde main, et en janvier 2022 je décide de participer activement au mouvement. Convaincue que cette vague va bouleverser le paysage du luxe, avec le digital, la circularité, et la durabilité comme moteurs.
J’interroge mes amies. Elles vendent et achètent toutes des sacs, montres ou vêtements de seconde main, mais pour les bijoux c’est différent. Aucune plateforme ne leur inspire assez confiance, ou bien leurs commissions sont trop élevées. Je leur propose de faire l’essai avec une approche inspirée du Japon : présentation impeccable, qualité irréprochable, service clé en main : photos, expertise, nettoyage, rénovation, vente. Mon réseau est réceptif et m’encourage à aller plus loin. C'est ainsi que weprecious est né !
Comment se porte le marché de la seconde main au Japon ?
Le marché du Vintage au Japon est très mature avec une offre beaucoup plus large que dans la plupart des pays du monde, et ce depuis de nombreuses années. Mais avec la baisse dramatique du Yen au plus bas depuis 38 ans, et le retour du tourisme post Covid au Japon, notamment chinois et américain, le marché de la seconde main a connu un véritable boom en 2024, relayé par des influenceurs ou célébrités comme Hailey Bieber, Jennifer Lopez, ou Dua Lipa entraînant une forte visibilité sur les réseaux sociaux. Certains détaillants et plateforme digitales de vintage au Japon rapportent des croissances impressionnantes entre +30% et +100%.
Votre concept, en quelques mots ?
Notre but est de proposer une sélection de bijoux de seconde main iconiques ultra-désirables au prix le plus juste, en respectant le savoir-faire des grandes marques et en sélectionnant une offre ultra qualitative. Et ainsi proposer la seconde main avec une expérience d'achat proche du neuf. En sourçant les produits auprès de particuliers de confiance, nous proposons une offre unique et exclusive de pièces iconiques des marques de luxe. De par la nature même du bijou, notre activité est, de facto, responsable et circulaire. Nous ne proposons que des bijoux d’extrême qualité et de bonne facture, des produits qui durent éternellement, et sont rénovés. Vendre avec nous permet de valoriser son patrimoine, sortir ses bijoux des coffres, avant de s’offrir de nouveaux trésors à un prix raisonnable.
Quels sont vos « best-sellers » ?
Les marques les plus demandées sont aussi celles les plus demandées sur le marché du neuf : Cartier, Van Cleef & Arpels, Bulgari. Plus un bijou est iconique, plus il est recherché mais aussi rare sur le marché de la seconde main.
Qui sont vos clients ?
Nos clients sont des amoureux de beaux bijoux iconiques : des femmes qui veulent s'offrir un intemporel pour marquer un événement, ou parce qu'elles recherchent une pièce spécifique depuis longtemps, mais aussi des hommes qui achètent pour eux ou qui souhaitent faire un cadeau. Contre toute attente, la seconde main n'est pas un frein dans l'achat d'un bijou, même pour un cadeau. L'aspect vintage est attractif pour la plupart des clients.
Quels sont vos défis ?
Le défi principal pour le bijou de seconde main, c'est l'authentification, c'est pourquoi je me suis associée à une experte reconnue sur le marché pour offrir une Garantie Authenticité. Un autre défi, pour la seconde main entre particuliers, c'est de s'adresser à deux cibles : des acheteurs et des vendeurs pour attirer la plus belle offre de bijoux pour séduire davantage de clients. Notre force est d'avoir une offre disponible exclusivement sur notre plateforme, ce qui fait que les clients reviennent régulièrement sur notre site pour voir les nouveautés.
Le Japon est-il toujours en avance sur ce type de concept ?
Je ne dirai pas que le marché Japonais est "en avance", il est tout simplement différent. L'exigence du consommateur japonais est telle que le niveau de service doit être impeccable. De plus la qualité du stock est très supérieure car leurs habitudes de consommation et d'entretien est radicalement différente. Enfin, l'offre est moins digitale et plus retail, c'est une spécificité japonaise dans toutes les industries où le digital est plutôt "en retard ». Il est probable que le marché de la seconde main en Europe ne ressemble jamais à celui du Japon car le consommateur est tout simplement différent, mais il est sans conteste de plus en plus source d'inspiration.
Comment voyez-vous l’avenir pour weprecious ?
Avec weprecious, nous souhaitons apporter de l'excellence sur le marché de la seconde main pour rendre hommage à des créations exceptionnelles. Notre idée n'est pas d'offrir l'offre la plus large, mais la meilleure offre et de devenir la destination de référence pour ceux qui souhaite s'offrir un bijou en seconde main sans se tromper, avec une expérience d'achat proche de celle d'un achat de luxe. C'est dans cette optique que nous souhaitons développer weprecious en grandissant, mais sans sacrifier la qualité de l'offre et du service.