Édition internationale

INTERVIEW - Ahmed Araïta Ali, Président du Conseil de promotion de la Francophonie

Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 11 septembre 2023

Ambassadeur de Djibouti et Président du Conseil de promotion de la Francophonie au Japon, Ahmed Araïta Ali revient sur le rôle de cette organisation qui vise à faire connaître les valeurs de l'espace francophone aux Japonais, alors que va être organisée dimanche prochain à l'université de Meiji la 4ème journée de découverte de la francophonie 

Lepetitjournal.com Tokyo: Quel est l'objectif de la 4ème journée de découverte de la francophonie ?
S.E. Ahmed Araïta Ali:
Quand je suis arrivé ici il y a trois ans, je me suis retrouvé confronté au problème de la langue au milieu de mes collègues ambassadeurs africains, qui utilisaient l'anglais. Or, lorsque l'on entame des discussions sur des sujets sérieux, on ressent le besoin d'avoir des documents en français. C'est en partant de ce constat qu'avec quelques collègues et partenaires nous avons mis en place le Conseil de promotion de la Francophonie au Japon (CPFJ), il y a environ deux ans et demi. Cette 4ème journée de découverte de la francophonie, que nous avons initiée à la création du CPFJ, s'inscrit dans ce cadre. Les différents pays qui vont intervenir vont surtout faire des présentations, témoigner, et montrer que la Francophonie est un espace de communication où les différences culturelles sont valorisées et encouragées. En même temps que nous consolidons entre nous nos relations, nous démontrons aussi aux jeunes japonais ce respect de l'autre, de sa culture et de son identité. Ces valeurs véhiculées par la Francophonie traduisent aussi l'esprit dans lequel les échanges et les élans de solidarité se manifestent au sein du groupe francophone, et permettent de faire découvrir ces pays tout en intéressant les Japonais à langue française.

Comment évolue la vision qu'ont les Japonais de la francophonie ?
Depuis que nous avons mis en place le CPFJ, nous cherchons à fédérer les initiatives qui sont prises de part et d'autre, aussi bien à Tokyo que dans le reste du Japon. Un peu partout les francophiles japonais, en particulier dans le domaine de l'enseignement et des universités, organisent des évènements, et il fallait avoir un élément fédérateur. En tant que diplomates ou ambassadeurs, nous n'avons pas voulu rester entre nous, mais nous ouvrir à toutes ces initiatives. Et je trouve que les Japonais sont de plus en plus enthousiastes lorsqu'on leur parle de la France, dont ils ont une image presque idéalisée. Nous avons essayé de mettre à profit tout cela, et en même temps démontrer que la Francophonie, au-delà de l'espace géographique, ce sont des cultures et des identités.
C'est également la tolérance des autres langues, le multilinguisme qui combat l'homogénéité en tant que promoteur du dialogue. Sur les 54 États africains, 31 utilisent la langue française et sont membres de la Francophonie. Sur les 27 États membres de l'UE, 16 d'entre eux sont membres ou observateurs de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il s'agit de montrer qu'en fin de compte la Francophonie, au-delà de la langue, représente l'unité dans la diversité. Ce sont des identités qui s'entremêlent, parfois s'entrechoquent, mais en tout cas avancent ensemble. Je remarque aussi que les Japonais sont très surpris lorsque je leur explique que je parle deux, trois ou quatre langues. Ils ne sont pas habitués à cela, et dans cette ère de mondialisation il y a lieu de les encourager à s'ouvrir au multilinguisme. Il y a une complémentarité entre les langues, même sur le plan professionnel, et cela aide aussi à avoir une certaine ouverture d'esprit.

Quelles actions avez-vous mises en place au-delà des journées de découverte ?
Nous nous réunissons déjà une fois par mois, entre les Ambassades francophones et les partenaires japonais et institutionnels. Nous avons eu la visite du représentant de l'OIF au Vietnam en 2010, et cette année aussi nous avons reçu Madame Anissa Barack, présidente de l'OIF pour l'Asie-Pacifique. Nous voulons surtout nous donner comme objectif de promouvoir l'image plurielle de la francophonie au Japon lors de la journée internationale (en mars .ndlr), et appuyer les efforts de chaque entité. Nous essayons notamment de faciliter la communication entre les partenaires via un rôle de médiation et de parrainage, et de multiplier les activités auprès du public scolaire au Japon, avec des conférences et des ateliers. Il y a eu aussi la Première université francophone d'Asie qui a eu lieu en septembre à la Maison franco-japonaise, avec qui nous étions associés.

Comment évolue la communauté francophone et francophile au Japon ?
C'est un combat de tous les jours. Il y a eu un recul de la francophonie en Asie même, cela va de soi. Mais de plus en plus il y a une prise de conscience que l'on ne peut pas substituer une langue par une autre, qu'il y a nécessité de maintenir le français à sa place et que tout cela dépend de nous, les francophones. Si l'on est militant, que l'on se bat pour que le plurilinguisme et la diversité culturelle soient notre slogan, je pense que nous pourrons y arriver. Au Japon comme ailleurs, la coexistence entre les cultures et les langues est un patrimoine de l'humanité, cela dépasse les pays.
Propos recueillis par Quentin Weinsanto (http://www.lepetitjournal.com/tokyo.html) vendredi 16 décembre 2011

4ème journée de découverte de la francophonie
Dimanche 18 décembre 2011
Université Meiji, Tokyo
Programme sur le site de l'Ambassade de France

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Publié le 15 décembre 2011, mis à jour le 11 septembre 2023

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