Auteure-compositrice et interprète, Athésia, est une artiste au talent confirmé. Canadienne d'origine haïtienne, la jeune femme a développé un style particulier où se mêlent de manière harmonieuse konpa, salsa, jazz, bossa nova et musique électronique. Auteure de deux albums, elle a fait ses armes dans sa ville natale, Montréal, avant de venir s'installer en Australie il y a cinq ans.
« Lorsque j'avais 9 ans, je chantais souvent sous la douche et ma soeur me disait : "Ça suffit, arrête de chanter !", alors que, maintenant, elle me demande : ''Oh, peux-tu chanter à mon mariage ?" »
Si Athésia se plaît à partager l'anecdote en riant, c'est qu'elle a parcouru du chemin depuis ses premières "interprétations" dans la salle de bain de l'appartement familial de Montréal, alors qu'elle était encore une jeune fille.
Forte de deux albums, d'une voix chaude et sensuelle et d'un répertoire multiculturel - elle chante en anglais, en français, en créole et en portugais - Athésia est une chanteuse de stature internationale. Argentine, Brésil, Pérou, Vietnam, Chine... Elle a eu l'occasion de chanter un peu partout dans le monde, notamment pour représenter son pays d'origine lors des célébrations de la Francophonie.
Le chant comme don naturel
Après quelques années à jouer de la trompette dans un lycée montréalais, Athésia, encore pré-ado, se lance naturellement un défi : auditionner pour un concours de chant.
« On me disait ''tu es trop jeune'' et moi je pensais ''c'est pas juste !'' ».
Un jour, elle croise le directeur de la « compétition » et s'en va lui dire deux mots. Résultat : elle obtient un premier rôle en tant que remplaçante et débute sa carrière en chantant "Les Uns Contre Les Autres" pour le spectacle de la comédie musicale Starmania.
« Depuis ce moment là, je n'ai pas arrêté de chanter ».
Quelques représentations plus tard, Athésia se met à sortir la nuit à Montréal et découvre les clubs. Elle rencontre les DJ de la scène électro house québecoise et commence à chanter à leurs côtés. C'est le début des années 2000.
« Il y avait un DJ français qui cherchait une chanteuse. Il voulait développer un nouveau concept : lui ferait du DJing, et j'improviserai par dessus en « freestyle », raconte-t-elle, à Montréal, il n'y avait encore personne qui faisait ça ». « C'était le monde des clubs : cigarettes, alcool, etc., poursuit- elle, j'ai trouvé ça étonnant, mais à la fin, j'étais un peu fatiguée ».
De sa période DJ, elle garde entre autres quelques excursions au Miami Ultra Music Festival et une collaboration avec Deadbeat, Miguel Graca et Alain Vinet, des DJs de la scène montréalaise.
Nouvelle direction
En 2004, la canado-haïtienne décide de donner un coup de fouet à sa carrière : elle monte son propre label et sort un premier album, « Nostalgia » : un mix de tango, bossa nova et musique tzigane ...avec une touche de musique électronique. Dans ses morceaux, elle parle de la vie, d'amour, d'amitié, de famille, etc.
Ses inspirations ? Cesaria Evora, Ella Fitzgerald, Sade, Shirley Bassey, Toto Bissainthe ou encore Adriana Varela.
En 2010, elle enchaîne avec une tournée en Amérique latine (Argentine, Brésil, Pérou) pour représenter le Canada mais aussi son pays d'origine, Haïti, touché en janvier par un séisme dramatique.
"Une tournée enrichissante et fructueuse en raison de l'exceptionnel accueil du public", raconte-t-elle.
Cette même année, Athésia produit également son deuxième album, "Athésia & The Gentlemen". Preuve de son amour pour son pays d'origine, une partie des profits liés à ces activités et à la vente de l'album sont distribués à des institutions humanitaires oeuvrant en Haïti.
Arrivée à Sydney il y a cinq ans, Athésia dit aujourd'hui apprécier sa vie sur le territoire australien, où certains paysages lui rappellent le pays natal de ses parents, mais également Montréal, la ville où elle a grandit.
Athésia, la seule chanteuse d'origine haïtienne en Australie, considère également qu'elle a le devoir de partager sa culture canado-haïtienne avec le public australien.
Motivée et énergique
La jeune femme anime une émission dédiée à la musique francophone sur East Side Radio, station locale de Sydney, sur laquelle elle aime partager avec ses auditeurs "des sons qu'on entend pas trop en Australie".
Qu'est-ce qui l'anime tant à persévérer dans la musique ? « La passion de la musique, de chanter, de partager des moments magiques », répond-t-elle sans se faire prier, "j'aime avoir une interaction avec le public. Qu'il y ait une ou 2.000 personnes, je crois qu'il faut toujours donner son maximum, le meilleur de soi quand on délivre une performance".
Quant à ses origines diverses (québécoise, haïtienne, française mais aussi espagnole et taïno - peuple indigène des Antilles), elle en fait une force, et cela touche aussi sa vie d'artiste. « De mes origines haïtiennes, j'ai gardé le respect des aînés, la résilience, l'esprit d'entraide et de partage, explique-t-elle, de mes origines espagnoles, j'ai conservé le sang chaud latin : je suis passionnée et ma musique traduit toute la richesse de mes racines ».