Jugiong, petite ville entre Sydney et Melbourne, fait la Une des médias australiens et internationaux depuis que le travail des enfants dans le café de la ville a été mis au grand jour.
Il n’existe pas d’âge minimum légal pour travailler en Nouvelles-Galles du Sud, en Australie. Il faut juste avoir 11 ans pour bénéficier d’un numéro de dossier fiscal. Le café “The Long Track Pantry” à Jugiong a donc trouvé une solution simple et radicale pour faire face à la pénurie de main d'œuvre dans ce village de 222 habitants: faire venir les enfants des campagnes alentour.
“The Long Track Pantry”, un café qui emploie des enfants en Australie
Le café, ouvert en 2006, par Huw et Juliett Robb était très discret à ses débuts. Il est rapidement devenu de plus en plus connu et un lieu incontournable à visiter lorsque l’on passait par la région de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Connu pour ses confitures, sauces et nombreuses conserves, il est aujourd’hui au centre de l’attention pour une toute autre raison. Dans ce village d’environ 200 habitants, difficile de combler le manque de main d'œuvre, et encore plus d’attirer des employés de la ville pour venir travailler à la campagne.
N’arrivant plus à répondre aux besoins des consommateurs, la solution trouvée par le couple, la voici: embaucher des enfants des campagnes avoisinantes. Ils ont donc doté leur café d’une petite usine, dans laquelle travaillent désormais une centaine d’employés dont une vaste majorité d’enfants.
Jam factory in tiny town solves labour shortage by employing primary school kids https://t.co/mTsS02qGbT
— ABC News (@abcnews) April 7, 2023
La responsable du service “bien-être et culture” du commerce explique que les enfants “travaillent dur mais s’amusent”. Elle élabore même davantage: les enfants ont des perspectives de progression: ils commencent à la plonge, passent à la préparation des aliments puis sont en contact avec la clientèle. “Beaucoup de nos managers aujourd’hui, ont commencé lorsqu’ils avaient 11 ans”.
ABC News qui a mis en exergue le travail des enfants dans ce café, a interrogé deux jeunes adolescentes. Toutes deux expliquent qu’elles adorent travailler là-bas et que cela leur permet d’échapper à l’ennui, le weekend. Elles ajoutent que ce travail leur donne des compétences professionnelles qu'elles n’auraient autrement pas acquises.
Le travail des enfants en Australie
L’Australie ne connaît aucune loi qui encadre le travail des enfants. Chaque État y fixe son âge légal minimum pour travailler. La Nouvelle-Galles du Sud ne connaît donc aucune obligation, hormis d’avoir un numéro de dossier fiscal, ce qui est possible à partir de 11 ans. Le travail pour les moins de 16 ans y est de 36,8% du salaire minimum d’un adulte.
These firms employ children because they’re more easily exploited.
— Alexander (@statesmanalex) April 9, 2023
The article even says the quiet part out loud and admits they pay the kids nothing. https://t.co/Qn1hOmO1Yb pic.twitter.com/l4Wuzb0Ztr
Les critiques envers cet article d’ABC News ont fusé. La situation des enfants est dépeinte de manière très heureuse par la chaîne, démontrant que les Australiens ne voient pas de réel problème à l’emploi d’enfants. Cependant les internautes sont choqués par ce qu’ils appellent pour la plupart une “propagande” en faveur du travail des enfants et assurent que cette usine les “exploite”. Le pays n’ayant pas ratifié la Convention de l’Organisation Internationale du travail fixant l’âge légal minimum à 15 ans, le débat autour du travail des enfants en Australie est aujourd’hui relancé. Un rapport parlementaire a d’ailleurs demandé la ratification de cette convention en mars 2023.
Le travail des enfants interdit par l’Organisation Mondiale du TravailL’Organisation Mondiale du Travail définit le «travail des enfants» comme suit: “un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et qui nuit à leur développement physique et mental. Il s'agit d'un travail qui: -est mentalement, physiquement, socialement ou moralement dangereux et nocif pour les enfants; et/ou -interfère avec leur scolarité en les privant de la possibilité d'aller à l'école; les oblige à quitter l'école prématurément; ou les oblige à essayer de combiner la fréquentation scolaire avec un travail excessivement long et lourd. Le fait que des formes spécifiques de «travail» puissent ou non être appelées «travail des enfants» dépend de l’âge de l’enfant, de la nature du travail effectué, du nombre d’heures de travail effectué, des conditions dans lesquelles il est effectué et des objectifs poursuivis par chaque pays. La réponse varie d'un pays à l'autre, ainsi que d'un secteur à l'autre. |
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