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A la rencontre d’Alexis Hillairet, champion du monde d’Iceboard

Alexis Hillairet en démonstration lors des championnats du monde WISSA d’Iceboard, en Finlande ©Alexis HillairetAlexis Hillairet en démonstration lors des championnats du monde WISSA d’Iceboard, en Finlande ©Alexis Hillairet
Alexis Hillairet en démonstration lors des championnats du monde WISSA d’Iceboard, en Finlande ©Alexis Hillairet
Écrit par Kristen Collie
Publié le 16 mars 2018, mis à jour le 5 janvier 2024

Cocorico ! Le français Alexis Hillairet est devenu le 4 mars dernier sur un lac gelé de Lahti en Finlande, champion du monde d’une discipline singulière : l’Iceboard. La rédaction du Petit journal Stockholm s’est entretenue avec le nouveau maître de la discipline afin de partir à la découverte de ce dérivé du windsurf, s’apparentant à de la planche à voile sur neige ou sur glace.

 

Originaire du Pays Royannais, ce français de 34 ans, récent champion du monde de planche à voile sur glace, est en parallèle éducateur sportif au sein de l’école de char à voile / stand up paddle : Latitude à Saint-Georges de Didonne. Avant de devenir l’étendard français de l’Iceboard, il a tout d’abord commencé par des sports nautiques comme la planche à voile ou le speed sail. Attiré par la montagne et le froid des pays nordiques, il s’essaie en 2009 au snowfunboard, une des variantes de l’Iceboard, se pratiquant exclusivement sur neige ou sur glace. Véritable métronome de la planche à voile, Alexis est capable de pratiquer sa passion sur eau, sable, neige, glace et même dans les airs avec l’apparition du windsurf foil. 

 

Champion du monde ! Premier titre mondial français depuis plus de 20 ans ! Comment avez-vous vécu ce titre, quelles sont vos sensations ?

A.H : C’est une grande satisfaction ! Cela fait très longtemps que je fais de la compétition à travers différentes disciplines et j’ai rarement atteint la 1ère  place (3 fois champion de France en speed sail 2005/2006/2008, 3ème au championnat du monde sur neige 2013). Cependant, je reste lucide par rapport à cette victoire. Il s’agit d’un sport amateur et donc peut être plus accessible que les sports médiatisés comme le football où la concurrence et les enjeux ne sont évidemment pas les mêmes qu’en planche à voile sur neige/glace. Mais waouh ! Je suis content, mon travail a payé ! 

Alexis Hillairet maîtrisant son gréement sur un des milliers de lacs gelés de Finlande, à Lahti. ©Alexis Hillairet
Alexis Hillairet maîtrisant son gréement sur un des milliers de lacs gelés de Finlande, à Lahti. ©Alexis Hillairet

 

Comment vous êtes-vous préparé à ces championnats ? Comment devient-on champion du monde ?

A.H : Ma victoire ne résulte pas uniquement de ma préparation avant ce championnat. Je pense que de par mon métier d’éducateur sportif (voile / char à voile / stand up paddle) et mon expérience en planche à voile (27 ans de pratique), en speed sail (16 ans de pratique) et snowfunboard (6ème participation aux championnats du monde) cela a joué un rôle important, notamment en terme d’analyse (choix du matériel et réglages par rapport à la météo) et de maitrise de soi.

Concernant ma préparation, depuis le mois de septembre j’ai enchaîné entre le travail physique sur une base de 3 séances/semaine, et une préparation plus spécifique où je me suis rendu dans les Pyrénées afin de m’entraîner sur la neige. Je me suis également rendu assez tôt sur le lieu de compétition (Lahti en Finlande) afin de m’acclimater à la température (-25°) et effectuer un travail de repérage.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre discipline ? Quelles sont ses particularités notamment vis à vis de la planche à voile ?

A.H : Selon les pays et selon si l’on pratique sur neige ou sur glace, le nom de ce sport peut varier : "snowfunboard", "iceboard", "icewindsurfing", "winterwindsurf", "windski", "traineau à voile" etc. Généralement le terme de "sailboard" est utilisé lors du championnat du monde. Organisé par la WISSA (World Ice and Snow Sailing Association), ce mondial a lieu chaque année en alternance entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Trois catégories sont admises à concourir : la planche à voile sur neige/glace, le kitesurf et le kitewing. Pour chacune de ces catégories, plusieurs disciplines peuvent être validées : la course, le slalom, la vitesse, le freestyle (uniquement en kite), la longue distance. 

Comparé à la planche à voile, on peut dire que le gréement (ensemble du matériel nécessaire à la manœuvre des navires à voiles) est identique mais le support sous les pieds change. Du coup on utilise exactement les mêmes voiles qu’en planche à voile (et même speed sail). Il suffit d’adapter la taille de voile en fonction de la force du vent. Pour la planche il en existe 3 types :

- Le "snowfunboard" / "sled" : une planche avec 2 skis fixés dessous pour la neige : 

Le « snowfunboard »/ « sled » : une planche avec 2 skis fixés dessous pour la neige :

 

- L’ "iceboard" slalom : une planche type skate avec patin au lieu des roues : 

L’ « iceboard » slalom : une planche type skate avec patin au lieu des roues :

 

- L’ "iceboard" course : une planche avec 3 patins inox pour la glace :

L’ « iceboard » course : une planche avec 3 patins inox pour la glace :

 

Depuis quand pratiquez-vous l’"Iceboard" et comment avez-vous découvert ce sport ?

A.H : Depuis 2009 par l’intermédiaire d’un ami qui en avait fait quelques années auparavant. J’ai tout de suite trouvé mes marques et me suis senti à l’aise sur ce support, grâce à ma polyvalence et mon expérience des sports nautiques (planche à voile et speed sail). Evidemment il m’a fallu quelques temps d’adaptation dans ce nouvel environnement (glace/neige), mais les transferts de compétences techniques se sont faits rapidement tant il y a de similarités (maniement de la voile).

Où peut-on pratiquer le windsurf sur neige en France ?

A.H : En France, il n’y a pas de clubs ou de structures destinés à l’Iceboard. Je pratique sur un aérodrome (La Llagonne, Pyrénées) lorsqu’il est enneigé. C’est assez petit, mais il est assez bien exposé au vent et relativement plat. Il existe sûrement d’autres endroits dans les Vosges ou Jura, mais je ne les connais pas. L’idéal serait sur les lacs gelés, afin d’avoir une surface plate (lac de Matemal dans les Pyrénées, lac des Rousses dans le Jura), mais très souvent, et je parle en connaissance de cause, on nous interdit l’accès. A l’étranger, je pense aux pays Scandinaves, à la Russie et aux pays Baltes notamment, les pratiquants sont pour la plupart des véliplanchistes qui ont dû s’adapter aux mers et lacs gelés.

 

 

Comment évaluez-vous la popularité de votre sport et comment selon vous le démocratiser, le rendre plus médiatique ?

A.H : En France, du fait qu’il n’y ait pas énormément de spots et de bonnes conditions, quasiment personne ne pratique ce sport, du moins à ma connaissance. Cependant, grâce aux réseaux sociaux, plusieurs de mes amis véliplanchistes commencent à me demander des infos et seraient intéressés pour essayer. Au niveau des médias, le fait que le sport ne soit pas "populaire" ne suscite pas vraiment l’intérêt…

Il y a peu de temps, se sont clôturés les JO d’Hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud. Avez-vous l'espoir que l’"Iceboard" devienne une discipline olympique ?

A.H : Non ce sport ne peut pas devenir un sport olympique. Il y a trop peu de pratiquants à travers le monde et ce sport n’est pas suffisamment fédéré. 

Quels sont vos prochains objectifs ?

A.H : Mon prochain objectif sportif serait de redevenir champion de France de speed sail. Le championnat se déroule sur 4 étapes. Pour le moment je suis classé second après deux épreuves. En ce qui concerne la planche à voile sur neige, je compte bien défendre mon titre lors de ma prochaine participation aux championnats du monde WISSA.

Alexis Hillairet, champion du monde d’Iceboard

 

Un grand merci à Alexis pour sa disponibilité et de nous avoir fait découvrir cette discipline. Toute l’équipe du Petit Journal Stockholm te souhaite le meilleur pour la suite.

Kristen Collie, 16 mars 2018 

 

Kristen
Publié le 16 mars 2018, mis à jour le 5 janvier 2024

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