Tjejzonen, une organisation non partisane et non religieuse dédiée à soutenir les jeunes femmes, a récemment publié une étude basée sur une enquête menée par Sifo. Cette enquête a interrogé plus de mille femmes âgées de 18 à 65 ans, afin de mieux comprendre les facteurs qui affectent les femmes à être actives physiquement.


« Il faudrait absolument en parler davantage », affirme Erika Steorn, secrétaire générale de l’organisation Tjejzonen dans DN. L’enquête, reprise par DN, révèle que plus d’une femme sur dix s’empêche de se déplacer par peur d’être jugée sur son apparence ou son corps. En effet, une jeune femme sur deux associe l’activité physique à l’anxiété de performance. Parmi les facteurs majeurs, le manque de temps, les exigences de performance, l’insécurité et les complexes corporels sont les plus cités. Pourtant, les résultats montrent que 76 % des femmes interrogées aimeraient être plus active physiquement, mais sont gênées pour plusieurs raisons. Une peur de se lancer dans une activité sportive qui traduit notamment un manque d’estime de soi et de une peur d’être jugée. Malgré cette envie de pratiquer davantage, la majorité des femmes n’osent pas franchir le pas.
L’activité physique et la santé mentale
L’étude se penche également sur le rapport entre l’activité physique et la santé mentale. Une jeune fille sur quatre déclarent souffrir d’une maladie mentale lié à un stress. 75 % d’entre elles souffrent d’angoisse, d’anxiété ou encore d’inquiétude généralisée. Néanmoins, l’enquête met en lumière l’impact positif du sport sur la santé mentale, permettant notamment de réduire le stress, l’anxiété, la dépression mais aussi l’estime de soi et les capacités cognitives. Dans cette optique, Tjejzonen cherche à améliorer largement la santé mentale en permettant une société où femmes et hommes auraient des opportunités similaires. Cependant, une majorité des des femmes interrogées affirment faire déjà de l’exercice physique pour améliorer leur santé physique et mentale.
La pression sociale
Une autre dimension pointée du doigt par l’enquête est la rôle de la pression sociale et les normes inculquées par la société. En effet, 85 % des jeunes femmes ne se sentent pas en sécurité par rapport à l’activité physique, et 41 % d'entre elles ressentent cette insécurité de manière récurrente. La raison semble claire : elles se sentent surveillées. La peur d’être critiquée ou moquée à la salle de sport ou durant les entraînements de groupe, en amènent certaines à éviter ce genre de situations inconfortables. L’étude démontre que c’est principalement les jeunes filles qui arrêtent l’activité physique en raison des préoccupations concernant leur corps. Mais, cette problématique n’est pas une exception pour les plus jeunes puisque certaines femmes plus âgées ont répondu la même chose.
« Chaque fois que je m’entraîner depuis que je suis en surpoids, les gens me regardent de travers », témoignage d’une femme entre 18 et 34 ans, provenant de l’étude de Tjejzonen.
Dans l’enquête, une autre femme raconte avoir reçu un commentaire provenant d’un homme et concernant sur son corps à la salle de sport. Une autre explique qu’en cours de sport, ses professeurs classaient les élèves du plus bons au plus mauvais à l’avance. « Des commentaires qui m’ont rendu incertaines », ajoute-t-elle.
Le rôle des réseaux sociaux
L’influence des réseaux sociaux contribue à exacerber ces complexes chez les femmes en particulier. Les jeunes femmes se heurtent à des attentes sociales irréalistes qui les poussent à associer l’activité physique à une nécessité de performance. En effet, une étude précédente révélée par Tjejzonen montre que six filles sur dix sont insatisfaites de leur corps dès le secondaire, à cause de comparaisons constantes aux autres corps qu’elles voient sur les réseaux sociaux. « Pour certaines activités physiques, comme les cours de yoga, instinctivement, je vais éviter d’y aller parce que les réseaux sociaux me font penser qu’il "faut avoir un certain corps" pour pratiquer ce genre de sport. Moi de toute façon, je suis plus salle de sport ,et là-bas je n’ai pas peur qu’on juge mon corps. », confie Klara Davidsen, étudiante suédoise de 24 ans. Ces pressions sociales peuvent engendrer des problèmes de santé, de corps et de troubles alimentaire. Ce même rapport de Tjejzonen expose que 83 % des jeunes filles ont un complexe de leur corps qui les restreint dans leur vie quotidienne.
Néanmoins, il ne s’agit pas seulement d’avoir le temps de bouger, mais aussi de le faire correctement. Chez les jeunes femmes, beaucoup ressentent cette pression d’être toujours « bonne » dans une activité physique. Une pression engendrée par les normes de la société .« Je pense que pour les activités comme le yoga, qui est majoritairement pratiqué par les femmes, je vais avoir tendance à me comparer plus facilement. Mais, à la salle de sport, c’est un environnement plus mixe, donc c’est différent. Par contre, je vais éviter de faire certains exercices qui pourraient me donner l’air stupide, comme porter des charges lourdes. », ajoute la jeune femme. Mais, cette problématique associée aux réseaux sociaux, ne touche pas seulement les plus jeunes. En effet, l’enquête met aussi l’accent sur les femmes plus âgées affectées par la pression des réseaux sociaux. 19 % d’entre elles affirment être affectées négativement par les réseaux sociaux, tandis que 16 % disent que les réseaux sociaux leur procurent du stress.
Bien qu’ils véhiculent des idéaux de beauté souvent irréalistes, les réseaux sociaux peuvent également jouer un rôle motivant. Près d’un cinquième des femmes interrogées avouent que les applications et programmes en ligne peuvent les encourager à être plus actives physiquement.
La pratique physique des femmes en Suède
Mais, cette problématique n’est pas une généralité, puisque près de la moitié des femmes interrogées assurent être actives physiquement une fois par semaine, et 37 % de façon quotidienne. Cependant, ce n’est pas assez pour certaines : trois femmes sur quatre souhaitent être encore plus actives. Les deux raisons principales pour lesquelles elles ne peuvent pas l’être, concernent le temps et la fatigue. 68 % déclarent qu’elles n’ont pas assez de temps pour faire de l’activité physique, lorsque 54 % déclarent ne pas le faire dû à la fatigue et au manque de force. Cette fatigue et ce manque de temps peuvent être notamment liés à une répartition inégale des tâches à la maison, selon Tjejzonen. Révélant par la même occasion, les complications liées à la grossesse et à l’enfance comme un obstacle à l’activité physique.
L’étude a alors demandé aux femmes ce qui les rendrais plus active physiquement. Ce à quoi 26 % d’entre elles ont répondus : les exercices axés sur la joie et la communauté plutôt que la réalisation, 37 % souhaiterait avoir des horaires plus flexibles encore, et 28 % cherchent des alternatives gratuites ou moins chères. « J’aimerais faire plus d’activités physiques, mais je suis souvent trop fatiguée. Il y a aussi le facteur de l’argent, comme je suis étudiante, je n’ai pas assez d’argent pour payer plus qu’un abonnement à la salle de sport. », avoue Klara Davindsen.
Vers des solutions concrètes
Bien que la Suède soit souvent perçue comme un pays du sport, l’enquête révèle qu’il existe encore des barrières pour que les femmes y participent de manière égale aux hommes. Plusieurs initiatives existent déjà, comme des cartes d’abonnement ou des programmes de soutien à l’activité physique pour les employés. Cependant, Tjejzonen encourage un changement plus profond reste nécessaire pour briser les stéréotypes et encourager toutes les femmes à s'investir dans une pratique physique régulière, sans se soucier du regard des autres.
Le rapport énumère plusieurs mesures qui pourraient sembler efficaces, comme la nécessité de repenser les formats d’exercices physiques, pour que les femmes reprennent le goût de l’activité physique selon leurs propres envies et besoins. De plus, les municipalités pourraient proposer des formations gratuites ou subventionnées dans des environnements accessibles. La flexibilité des horaires et la mise à disposition d’alternatives gratuites ou moins coûteuses seraient également des leviers essentiels pour permettre aux femmes de bouger davantage.
Pour consulter le rapport de Tjejzonen dans son intégralité en suédois : c’est ici.
