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PIERRE-ALEXANDRE MIQUEL – Interview du chef du Service économique régional pour les pays nordiques

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Publié le 11 mai 2016, mis à jour le 12 mai 2016

 

C'est un Service peu ou mal connu et dont le rôle est pourtant crucial pour notre économie. Rattachés aux ambassades, les Services Économiques Régionaux (SER) dépendent de la Direction générale du Trésor et donc du ministère de l'Économie et des Finances. Pierre-Alexandre Miquel, Chef du SER pour les pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Islande), revient sur ses missions.

 

Lepetitjournal.com/stockholm : Quel est le rôle d'un Service Économique à l'étranger ? 

Pierre-Alexandre Miquel : Il a quatre missions principales. Tout d'abord soutenir le commerce extérieur français, sous l'impulsion de l'Ambassadeur et avec l'aide d'autres acteurs comme Business France et la Chambre de Commerce. Nous travaillons en amont de l'implantation de firmes françaises en Suède, en fournissant un mode d'emploi de la Suède. Ensuite, nous ?uvrons à promouvoir l'image de la France et à donner envie d'y investir. Pour cela, nous rencontrons les « influenceurs » et les investisseurs suédois, lesquels nous invitons à s'exprimer sur leur bonne expérience de notre territoire. Troisièmement, nous soutenons les priorités françaises comme l'environnement et le changement climatique. Dernière mission : l'analyse des forces et des défis suédois, en n'écartant aucun domaine (économique, culturel, politique?). Nous essayons de communiquer de plus en plus sur nos actions, d'expliquer à quoi nous servons en modernisant et développant nos outils de communication. Nous avons par exemple publié en mars un Numéro spécial de la revue « Échanges internationaux », qui représente pour nous la carte de visite de la relation France-Suède. Il est aussi possible de suivre notre actualité sur le compte Twitter de la DG Trésor.

Lepetitjournal.com/stockholm : À quoi ressemble une semaine de travail ?

Pierre-Alexandre Miquel : Depuis deux ans, je m'efforce d'apprendre à connaître la société suédoise et cela ne se fait pas en restant au bureau. La majeure partie de mon temps est consacrée à la rencontre des acteurs de l'économie suédoise afin d'initier des partenariats durables. Toute l'équipe se réunit deux à trois fois par semaine autour de la table pour discuter de l'actualité, soumettre des propositions d'études ou de rencontres? Les idées ne manquent pas mais malheureusement nous n'avons pas le temps de tout faire. Nous recevons également des commandes émanant de l'État Français : il faut produire des analyses, des études qui seront ensuite diffusées en France dans les ministères et les cabinets concernés ou intéressés. Régulièrement nous effectuons des suivis, des relances et rédigeons des notes. Enfin, nous publions des brèves dans notre périodique gratuit « La quinzaine nordique » ? qui récapitule l'actualité économique et financière des pays scandinaves ? pour rendre compte de nos réflexions et de nos rencontres.

Lepetitjournal.com/stockholm : Votre mission ne se limite donc pas à la Suède ?

Pierre-Alexandre Miquel : En effet, certains de nos travaux concernent toute la zone nordique, comme par exemple la cartographie des entreprises du CAC40 présentes dans les cinq pays (Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Islande), qui nous a par ailleurs permis de mettre en évidence que 70% d'entre elles sont ne sont que peu ou pas représentées en Suède. Être basé à Stockholm me permet d'être au barycentre de cet espace et de coordonner ses différents services économiques sans pour autant interférer dans leur travail. Une téléconférence mensuelle permet de déterminer les plans d'actions, de récapituler les visites à venir, de résumer les retours sur expérience, d'organiser des conférences, etc. Toute mon équipe travaille dans la même dynamique, tous persuadés d'évoluer dans une zone exceptionnelle avec un fort potentiel encore à développer. Nous organisons nos travaux au niveau nordique ou au niveau national, selon le thème. Sur l'environnement par exemple, le bon sens exigeait un travail global.

Lepetitjournal.com/stockholm : En quoi consistent vos travaux ?

Pierre-Alexandre Miquel : Ce ne sont pas des monographies à ranger dans une armoire mais des propositions opérationnelles, des idées et des suggestions tournées vers l'action. Ces travaux doivent être prêts à être utilisés et valorisés. Notre travail est d'ailleurs apprécié en France puisque nous sommes le 5ème SER le plus sollicité au monde ! Nous abordons des thèmes classiques, comme la stabilité financière, mais aussi des sujets plus originaux tels que « La construction d'une image pays » (avec l'exemple du Svenska Institutet), « La vitalité du débat public en Suède » (structuré mais pluriel), « Le marché de la musique » (rentable et performant), ou encore « Le e-sport » (les jeux vidéos en ligne). Autant de sujets qui sont d'un abord moins aride mais tout aussi utiles pour mieux comprendre et décrypter la société suédoise. Un quart de nos travaux sont en autoproduction. Nous nous considérons comme un laboratoire d'idées gouvernemental et notre leitmotiv est « Qu'est-ce que j'ai fait de plus pour la France » ?

Lepetitjournal.com/stockholm : Quels sont les dossiers que vous aimeriez voir aboutir ?

Pierre-Alexandre Miquel : Un des dossiers qui nous tient à coeur dans toute la zone nordique est celui du « Mieux Vivre En Ville ». Dans ce domaine, comme dans tant d'autres, nous sommes assis sur une « mine d'or » en termes d'innovation, de créativité... La Suède va, à titre d'exemple, investir dans les 25 années à venir entre 200 et 300 milliards d'euros dans de grands projets d'aménagement et de développement urbain que l'on pourrait appeler « Suède 2.0 » (logements, infrastructures, transports). Deux lignes à grande vitesse (les premières du pays) doivent voir le jour entre Stockholm et les deux autres grandes villes que sont Göteborg et Malmö. La commission d'enquête suédoise a été accueillie en France et nous avons en retour reçu en juin 2015 la visite de Guillaume Pépy (pour la SNCF, la Suède représente le second marché le plus important).  À ces occasions, nous saisissons toutes les opportunités et jouons pleinement notre rôle d'intermédiaire. La France a une longue et solide expérience dans le domaine des lignes à grande vitesse et nous souhaiterions que ce partenariat aille jusqu'au bout. Même chose pour les projets d'aménagement urbain qui doivent réinventer la ville. La coopération entre la Suède et la France a de beaux jours devant elle.

 

Crédits photos :  Pierre-Alexandre Miquel

Jennifer DUPUY lepetitjournal.com/stockholm Jeudi 12 mai 2016

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