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Le “flygskam” crée des turbulences dans le secteur aéronautique

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Dans le monde, 4 milliards de personnes ont pris l’avion en 2018 - Photo libre de droit
Écrit par Geoffrey Desvaux
Publié le 27 août 2019, mis à jour le 28 août 2019

Un nouveau phénomène assombrit l’horizon des compagnies d’aviation : le “flygskam”. Ce mouvement de “la honte de voler” est grandissant en Suède. Entre culpabilité écologique et contestation des compagnies, le futur du secteur aéronautique est incertain.  

 

Le trafic aérien représenterait 2 à 3 % des émissions de CO2 dans le monde, selon les compagnies. Des chiffres contestées par les associations écologiques. Selon le Réseau Action Climat France, le secteur aéronautique serait responsable de 4,9 % des émissions. D’après le dernier bilan de l'agence Transportstyrelsen, le “flygskam” aurait des conséquences sensibles sur le trafic aérien. L’Agence suédoise du transport annonce une baisse de 3,8 % du nombre de passagers depuis janvier et 8,7% sur les vols intérieurs. 

La militante écologique Greta Thunberg cherche à donner l'exemple. En janvier, la jeune Suédoise s’est rendue à Davos en 32 heures de train. Son plan ne déraille pas, elle évoque à son arrivée les 1 500 jets privés des dirigeants venus pour discuter du réchauffement climatique. Pour atteindre le prochain sommet du climat de New York, Greta Thunberg a embarqué à bord d’un voilier.

Le sentiment de culpabilité lié au transport aérien grandit au sein de la conscience écologique suédoise. Un autre mouvement suédois, “We stay on the ground 2019” (Nous restons au sol en 2019) réunit près de 15 000 boycotteurs. 

 

Maintenir le cap 

Environ 4 milliards de personnes ont pris l’avion en 2018. Le chiffre, en constante augmentation devrait doubler d’ici 2038. Les compagnies tentent de reprendre le contrôle en se rassurant. L’opérateur Swedavia AB, disposant des dix principaux aéroports de Scandinavie, relativise : “Nous avons connu une croissance de 6 % en moyenne sur les dix dernières années. Ce n’est donc pas étonnant qu’il y ait un ralentissement”. Ce “flygskam” ne peut engendrer un crash selon eux. De plus, les dernières actualités des compagnies de l’aviation auraient accentué les turbulences selon Jean-Marie Skoglund, expert du trafic aérien de Transportstyrelsen : “La banqueroute de la compagnie régionale Nextjet au printemps 2018, ainsi que la grève des pilotes de Scandinavia Airlines qui a duré une semaine en avril dernier et conduit à l’annulation de dizaines de vols, ont affecté les statistiques”. 

Alexandre de Juniac, directeur général de l'Association internationale du transport aérien répond au “flygskam” en expliquant le travail effectué : “Les émissions de CO2 sont le problème. Nous pouvons et nous avons pris des initiatives pour les réduire. Et nous devons le faire savoir”. Au printemps 2018, une taxe écologique sur le transport aérien de 60 SEK (soit environ 6 €) s’ajoute au prix du billet d’avion pour compenser les émissions de CO2. La compagnie Braathens Regional Airways, contrôlant 30 % des vols intérieurs en Suède, décide d’investir les recettes de cette taxe dans des parcs éoliens en Inde et en Turquie.

La distance entre boycotteurs écolos et compagnies d’avion s'agrandit et les opportunités de dialogue sont rares.

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Publié le 27 août 2019, mis à jour le 28 août 2019

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