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SOCIÉTÉ – Les couples binationaux

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Publié le 31 janvier 2016, mis à jour le 21 mai 2016

 

Comment se passe la vie quotidienne au sein d'une famille biculturelle en générale et franco-suédoise en particulier ? lepetitjournal.com/stockholm vous propose une série de rencontres avec des couples binationaux de tous âges.

Aurélie et Jesper Domargård, en couple depuis 9 ans et parents de Rebecka, 6 ans et Hector, 3 ans et demi. Stockholm. Interview réalisée en français.

 

 

Où et comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment a réagi votre entourage ?

Jesper : Nous avons débuté notre carrière dans la même entreprise. J'ai eu un coup de foudre pour elle la première fois que je l'ai vue. Elle était très belle, très souriante et il était facile de parler ensemble. Mon entourage a vu combien j'étais heureux a immédiatement été très content pour moi.

Aurélie : Mes amis ont été très contents pour moi. Nous le surnommions « Brad  Pitt » entre nous : un garçon parfait, à la fois grand, blond, beau, sportif, intelligent et gentil ! Un Suédois comme on se les imagine en France, en somme. Ma famille était rassurée dès lors qu'il a démontré qu'il était sérieux et volontaire quant à l'apprentissage du français. Le fait qu'il ait vécu en France plusieurs années et qu'il était ouvert à l'idée d'y revenir a bien sûr été un facteur favorable, sans parler de ses dons pour la cuisine !

Quelle langue parlez-vous entre vous ? Qu'avez-vous appris de la culture de l'autre ? Vous verriez-vous vivre dans le pays de votre conjoint (si ce n'est pas le cas) ?

Jesper : D'abord on a parlé anglais, français puis suédois. Chacun parle sa langue natale aux enfants et entre nous c'est un mélange. J'ai vécu en France pendant 4 ans, et j'aimerais énormément y revivre donc je pense plutôt bien connaître la culture et la mentalité françaises.

Aurélie : Au début de notre relation, nous vivions entre l'Allemagne, la France et l'Angleterre et nous utilisions l'anglais. Puis, dès lors que Jesper s'est installé en France, nous avons parlé français pour qu'il puisse le pratiquer. C'est très déroutant de changer la langue avec laquelle on a pris l'habitude de parler avec quelqu'un de si proche. Quand nous sommes venus vivre en Suède, j'ai commencé à apprendre le suédois, langue que j'ai pu énormément pratiquer lors de mon premier congé maternité. Nous avions une vision très claire de la façon dont nous voulions communiquer : si nous voulions fonder une famille, il fallait pouvoir maitriser la langue de l'autre aussi bien que possible avant que nos enfants nous prennent de court.

J'admire beaucoup la culture suédoise : le minimalisme, l'humilité, la communication non-violente, l'écoute, le compromis, le pragmatisme, le respect des autres et surtout celui des femmes et des enfants. 

« Les Suédois adorent passer tout leur temps libre à l'extérieur pour s'adonner à des activités de plein air (patin, ski, vélo, course à pied?), peu importe la météo. » (crédit photo : Simon Paulin)

Quelles sont les plus grandes différences culturelles au sein de votre famille ? Comment s'organise l'éducation des enfants ?

Jesper : Aurélie a l'esprit de contradiction. Par exemple, si je dis de quelqu'un qu'il est fort, elle va immédiatement trouver des arguments pour me prouver le contraire. L'éducation des enfants a été, et est toujours, difficile, mais nous commençons à trouver une bonne façon de faire. Notre fille aînée a commencé au jardin d'enfants suédois et va maintenant à l'école primaire française. J'aime beaucoup le côté traditionnel de cette école avec l'idée d'appeler les adultes « Madame » et « Monsieur » (et pas par leurs prénoms, comme en Suède), de serrer la main et de remercier pour les repas.

Aurélie : La prise des repas représente une grande différence culturelle. En Suède, on mange souvent sur le modèle individuel du buffet ou du plat unique alors qu'en France, le trio entrée, plat et dessert est servi à table où tout le monde doit être assis et partager le même repas. Je trouve qu'on ne mange pas aussi équilibré et varié au quotidien en Suède. Mon mari et moi avons des niveaux d'ambition différents sur ce sujet.

L'éducation des enfants est une autre différence très grande car les petits Français sont en général très sages et respectent les instructions données par les adultes, alors que les petits Suédois n'ont pas de cadres très clairs et sont bruyants. Nous nous étions d'ailleurs fait l'observation que bien souvent cette tendance est inversée à l'âge adulte ! L'éducation française est cadrée avec des règles claires et communes, ainsi qu'une zone de liberté et d'écoute à l'intérieur, alors qu'en Suède, on traite chaque enfant comme un individu avec ses propres besoins et on l'implique beaucoup dans les décisions de la vie de famille. Le risque de ce modèle est de tomber dans l'excès et de laisser trop de pouvoir de décision sur les épaules de l'enfant, d'éviter à tout prix la confrontation et d'avoir plus un rôle de baby-sitter que de parent.

Enfin, les sorties familiales dominicales sont parfois sources de discussion. Les Suédois adorent passer tout leur temps libre à l'extérieur pour s'adonner à des activités de plein air (patin, ski, vélo, course à pied?), peu importe la météo. Les Français sont plus faignants et se laissent vite démotiver si le temps est frais ou humide. Du coup, quand je propose un cinéma, une sortie au centre commercial ou une visite chez des amis, je ne rencontre pas beaucoup de succès ! Même après toutes ces années, ma première réaction est toujours négative quand je sais que l'on va sortir dans la nature par temps frais. Question d'habitude !

Auriez-vous un conseil à donner quant à la vie de couple lorsqu'on ne vient pas de la même culture ?

Jesper : Je pense que c'est la même chose pour tous les couples, qu'ils soient de même nationalité ou non : plus on arrive à comprendre la façon dont son conjoint fonctionne et la manière dont il a forgé sa personnalité, plus on est armé pour faire face aux défis de la vie à deux.

Aurélie : La communication est très importante dans toutes les relations mais je dirais qu'il faut être encore plus vigilant par rapport à la gestion du conflit chez les couples franco-suédois. Les Français expriment ouvertement leurs émotions alors que les Suédois ne comprennent pas cette attitude et vont alors avoir tendance à se mettre en retrait. Il faut de la patience, de l'indulgence, de l'humour et beaucoup d'amour pour arriver à se comprendre. Rencontrer d'autres couples binationaux aide à dédramatiser ces problèmes culturels. Une bonne connaissance des deux cultures et de la langue de son conjoint est un plus. Enfin, passer le plus de temps possible dans le pays natal de celui qui a émigré pour rééquilibrer les forces de temps en temps est important.

Pauline WESTERBERG lepetitjournal.com/stockholm Lundi 1er février 2016

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