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Le Dalkurd Football club, l’étendard de l’identité kurde en Suède

Dalkurd FCDalkurd FC
Dalkurd FC
Écrit par Lepetitjournal Stockholm
Publié le 11 décembre 2017, mis à jour le 11 décembre 2017

Tout juste promu en Allsvenskan, la 1ère division suédoise, le club de Dalkurd FF fondé par des immigrants kurdes en 2004, est devenu le symbole et le porteur d’espoir de cette communauté.

 

Le 28 octobre dernier, les joueurs du Dalkurd FF exultent. Ils viennent d’assurer leur promotion au sein de l’élite du football suédois. Avec eux, des millions de Kurdes à travers le monde, pour qui ce club fait figure de sélection nationale. 
Le club est implanté dans la ville de Börlänge, à 3 heures de route au nord-ouest de Stockholm, là où Gustav Vasa a amorcé l’indépendance du Royaume de Suède un 6 juin 1523. A l’instar du légendaire roi suédois, le Dalkurd FF a lui aussi connu une histoire et une ascension aussi fulgurante que passionnante. 

La naissance d’un club communautaire 

Fondé en 2004 par neuf migrants kurdes, le club a progressivement gravi tous les échelons du football suédois. A l’aube d’entamer sa saison en Allsvenskan, le co-fondateur kurde Ramazan Kizil se remémore les prémices du Dalkurd FF : “A la base c’était plus un projet social qu’un club de football. La même année (2004) des jeunes joueurs de l’autre club de la ville, l’IK Brage, se sont fait virer pour problèmes disciplinaires. On les a accueilli et mêlé à nos jeunes migrants. L’équipe a alors commencé à prendre forme”. Arborant un écusson ouvertement inspiré du drapeau kurde, le club se fait progressivement un nom dans le paysage du football suédois mais devient surtout pour la diaspora un vecteur fort d’identité nationale. 

 

Dalkurd Fc

©Twitter @Pashazizi


Les ambassadeurs de l’identité kurde 


Cette équipe porte l’espoir des quelques 30 à 40 millions de migrants composant la vaste diaspora kurde. Bien qu’il ne reste plus que 3 joueurs d’origine au sein de l’effectif du Dalkurd FF, ils sont considérés comme de véritables héros. A l’image du défenseur et capitaine Peshraw Azizi, D’origine kurde et leader symbolique de l’équipe, ils sont devenus les ambassadeurs de l’identité kurde. Le défenseur central a d’ailleurs pu en mesurer l’ampleur lorsqu’il a visité un camp militaire de Mossoul, en Irak, en pleine guerre entre les Peshmergas (nom donné aux soldats kurdes) et l’Etat Islamique : “ Un soldat m'a alors reconnu et m'a demandé : “Que fais-tu ici ? Je te suis depuis trois ans, Peshraw. Tu joues pour notre équipe et tu es le meilleur joueur. Tu ne devrais pas être ici. Rentre en Suède et rends-nous heureux grâce au football.” J'ai ensuite réalisé que là-bas, les gens nous aiment et nous suivent. Aujourd'hui, la population au Kurdistan supporte le Real Madrid, le Barça et Dalkurd. C’est ce soutien qui me donne de l’énergie à chaque match."

 

Dalkurd FC logo

 


Une aura au-delà des frontières

Sur les réseaux sociaux où près de 1,5 millions de fans suivent le club via sa page Facebook, le Dalkurd FF possède plus d’abonnés que la plupart des clubs français comme l’OGC Nice ou les Girondins de Bordeaux. A chaque match du Dalkurd FF à Börlänge, les drapeaux du Kurdistan flottent dans les tribunes comme si l’on assistait au match de la sélection nationale. Sans équivalent dans le pays de Zlatan, joueur lui issu de l’immigration yougoslave, Dalkurd fait l’écho de la vaste communauté Kurde en Suède, la neuvième mondiale avec 70.000 migrants débarqués depuis les années 90 selon les chiffres de la revue hommes et migrations de 2014. Une chose est certaine, ces Peshmergas du ballon rond continueront de porter haut les espoirs de cette communauté en quête de reconnaissance et d’autonomie. 

La longue Histoire de la “question kurde”

Le sort du peuple kurde, qui compte près de 40 millions de personnes, a été scellé à la chute de l’Empire ottoman, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Depuis, ce peuple rêve d’autonomie et d’indépendance. Le conflit syrien et la percée de Daesh en Irak a récemment secoué l’histoire de ce peuple éclaté sur quatre pays : l’est de la Turquie (15 millions), le nord-ouest de l’Iran (8,4 millions), le nord de l’Irak (5,6 millions) et l’est de la Syrie (1,9 million). Le sentiment d’appartenance à une nation, le Kurdistan, demeure toujours fort mais cette communauté peine à se faire entendre sur la scène internationale, notamment par la Turquie qui nie totalement son existence. 


Kristen COLLIE, 11 décembre 2017.

lepetitjournal Stockholm
Publié le 11 décembre 2017, mis à jour le 11 décembre 2017

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