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L’armée en Suède, mythe ou réalité ?

Un militaire suédois sur une plateforme surélevéeUn militaire suédois sur une plateforme surélevée
Écrit par Hugo Messina
Publié le 1 décembre 2023, mis à jour le 3 décembre 2023

Sur le plan militaire, la Suède renvoie à une image qui voudrait que, comme la Suisse, le pays soit neutre, voire sans armée. Pourtant, différentes menaces ont poussé le pays à se développer dans ce domaine.

 

Connaître l’armée suédoise

En Suède, l’armée est connue sous le nom de Försvarsmakten, littéralement les forces armées. Elles dépendent du ministère de la Défense, contrairement à la France, ou les différents corps d’armée sont placés sous le commandement conjoint du Président de la République et de la ministre des Armées. C’est donc Peter Hultqvist, actuel ministre de la Défense, qui dispose du commandement des troupes suédoises.

Comme toute armée dans le monde, l’objectif principal est de défendre le pays, mais celui-ci n’a plus été sous de réelles menaces depuis plusieurs siècles. Ainsi, la majeure partie du travail vise un renfort des partenaires à l’international sur des zones de conflit, mais aussi à l’éducation civique de la population. Sur ce dernier point, on retiendra que le service militaire est redevenu obligatoire dans le pays en 2017.

De plus, du fait de sa participation à l’Union Européenne, la Suède est engagée d’office dans toute opération menée par l’institution. Il en va de même dans le cadre de l’OTAN, avec des missions tournées vers le maintien de la paix et le secours aux populations civiles.

On retrouve le trio militaire classique : armée de terre, armée de l’air et marine. Les corps de l’armée sont ainsi déployés dans plusieurs territoires de conflit, comme en Afghanistan depuis 2001, au Kosovo pour soutenir les casques bleus, ou encore au Sahel, pour appuyer la France et les pays européens dans la lutte contre le terrorisme.

 

Quelques chiffres sur le monde militaire en Suède

En terme de chiffres, on dénombrait en 2010 plus de quatre millions de femmes et d’hommes en âge de pouvoir s’engager dans le pays. Bien entendu, ce nombre est important car il tient compte en réalité de tous les actifs pouvant potentiellement réaliser le service militaire en Suède. Concrètement, l’armée suédoise dispose à ce jour de 30 000 militaires à plein temps, supplantée au cours de l’année par presque 23 000 réservistes.

Le budget alloué aux militaires varie chaque année entre 40 et 45 milliards de couronnes, soit entre 4 et 5 milliards d’euros. Un budget qui tend à croitre, et atteint entre 1 et 2 % du Produit National Brut depuis le début des années 2010.

 

La recherche d’une professionnalisation des forces armées

Casser avec l’image d’un pays faible et neutre, voilà quel objectif semble afficher les dirigeants du pays depuis les dernières années. En effet, une déclaration de l’ancien chef d’état-major de l’armée suédoise en 2012 avait créé un petit scandale, ce dernier affirmant que la Suède « ne résisterait pas plus d’une semaine en cas d’attaque limitée ». À l’époque, beaucoup de voix s’étaient élevées pour affirmer le contraire, mais force était de constater que le pays s’était alors peu à peu démilitarisé.

Les véritables éléments déclencheurs ayant mené à une prise de conscience du gouvernement ont été les affrontements en Crimée, doublés de l’intensification des activités militaires russes dans la région baltique.

 

« Nous sommes dans une situation où la partie russe est prête à utiliser des moyens militaires pour atteindre des objectifs politiques », Peter Hultqvist en 2020

Première mesure, le service militaire a été modifié en 2017. Sept ans après la décision qu’il ne soit plus obligatoire, les jeunes suédoises et suédois doivent s’y soumettre.

L’année suivante, c’est l’île de Gotland, où toute présence militaire avait été enlevée depuis 2005, qui a vu le retour des treillis. Le porte-avions de la Baltique, surnom des lieux dans le monde militaire, est donc de nouveau rentré en activité avec cette politique de défense totale.

En octobre 2020, Peter Hultqvist, ministre de la Défense, annonçait aussi une hausse du budget militaire de 40% entre 2021 et 2025. Rapidement, le Parlement a approuvé cette proposition. Les fonds alloués à ce domaine pourraient atteindre près de 8,5 milliards d’euros en 2025 ; du jamais vu depuis les années 50 !

Le pays affiche la volonté claire de disposer de plus de bras, environ 90 000 militaires, professionnels et réservistes confondus. En parallèle, une modernisation des forces mécaniques et techniques est cherchée, d’où la multiplication de partenariats avec des pays comme les États-Unis ou la France.

Sur le plan de la coopération d’ailleurs, la Suède, la Norvège et la Finlande ont ainsi signé fin 2020 un accord pour renforcer un soutien militaire mutuel.

Enfin, les enjeux actuels semblent aussi se porter sur les conflits indirects, c’est-à-dire l’espionnage et le piratage des données, ce qui insinue pour la Suède un renforcement des méthodes de cyberdéfense et de renseignement.

Dans les faits, le pays scandinave commence à relancer la machine militaire progressivement.

En février 2021, l’état-major annonçait le déploiement de 150 soldats des forces spéciales, en soutien dans l’opération Takuba au Mali. Le but de cette dernière est la lutte contre le terrorisme dans la région. Elle a été lancée par la France au sein de l’Union Européenne, pour accompagner l’armée malienne au combat. En plus de soldats, le pays va mettre à disposition trois hélicoptères de guerre. D’ici la fin de l’année 2021, un renfort de 100 militaires pourrait être apporté, en plus des 345 militaires suédois déjà sur place.

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