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STOCKHOLM FILM FESTIVAL — François Ozon en interview exclusive

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Publié le 14 novembre 2016, mis à jour le 15 novembre 2016

 

Le réalisateur François Ozon est à Stockholm pour présenter son dernier film, Frantz, un drame élégant autour de l'amour et de l'absence sur fond d'entre-deux-guerres et pour recevoir le Stockholm Visionary Award décerné par le Stockholm International Film Festival. Rencontre.

C'est en descendant les marches qui mènent sur le balcon intérieur de l'Hôtel Kungsträdgården que François Ozon donne le ton de sa conférence de presse : elle sera chic, intimiste, sans prétention mais assurée avec beaucoup de professionnalisme. Après une brève présentation, le cinéaste français, docile se laisse mitrailler par les photographes venus nombreux, puis il enchaîne avec les questions posées par une poignée de journalistes.

Pourquoi avoir choisi de tourner Frantz en noir et blanc ? 

François Ozon : J'ai voulu faire un film sur le mensonge et l'absence. Je n'avais jamais filmé la guerre et l'emploi du noir et blanc s'est imposé pour des raisons économiques et pratiques. Le tournage a eu lieu dans des petites villes de l'ancienne Allemagne de l'Est et nous n'avons pas eu à concevoir de décors. C'était un choix artistique aussi, mais j'ai gardé un peu de couleurs pour certaines scènes.

Tourner en allemand a-t-il été difficile ?

François Ozon : Je me débrouille en allemand et toute mon équipe m'a soutenu, au gré de conseils et de partage de compétences, un vrai travail de coopération. Pierre Niney a beaucoup progressé en allemand, aidé par Paula Beer, qui elle, parle français avec un accent adorable.

Comment avez-vous réuni ce casting ?

François Ozon : Pierre Niney s'est imposé directement pour Adrien, et pour le rôle d'Anna, j'avais remarqué Paula Beer lors d'un casting organisé en Allemagne. J'ai été touché par sa sensibilité, son apparente fragilité et sa force. Elle avait 20 ans, je lui ai donné sa chance. Pour moi, c'était elle, Anna.

Philipe Rombi a composé la musique de plusieurs de vos films, comment travaillez-vous ensemble ?

François Ozon : Il participe dès le début, il lit le scénario, se l'approprie, me propose une première esquisse et après discussion on l'adopte ou pas. Nous travaillons en parallèle. Je lui ai fait parvenir les premières minutes du film au début du montage image et il s'est imbibé de l'ambiance du tournage, il a mis des notes sur les espoirs et les désillusions d'Anna.

Votre film résonne dans l'Europe actuelle avec la montée des nationalismes, qu'en pensez-vous ?

François Ozon : La peur et l'humiliation subies par l'Allemagne après la guerre ont été le levain du nazisme. Adrien et Anna sont mal acceptés dans le pays de l'autre., Français et Allemands vivent dans la rancoeur. Aujourd'hui, alors que les peuples veulent de plus en plus de frontières et sont de plus en plus nationalistes, j'avais envie de raconter cette histoire qui montre que la guerre tue des deux côtés. C'est aussi une histoire de fraternité.

Quel sont votre réalisateur et votre film suédois préférés ?

François Ozon : J'ai une immense admiration pour Bergman et je suis très fier qu'il ait vu et apprécié un de mes films. Il était totalement sous le charme de Charlotte Rampling dans Swimming pool. J'aime tous ses films mais je choisis Persona.

 

Plus d'informations sur le film sur le site officiel du Stockholm International Film Festival. Prochaine projection le 18 novembre et sortie en salles en Suède prochainement.

Sylvie HERMODSSON lepetitjournal.com/stockholm Mardi 15 novembre 2016

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