À peine né, lepetitjournal.com/stockholm se lance un défi de taille : courir le semi-marathon de Stockholm, un circuit de 21 km dans la ville. Récit de notre reporter sportif, Fabrice Edde.
Avis aux sportifs expérimentés qui liront cet article, l'auteur est un coureur amateur et totalement novice !
Jeudi 10 septembre [J-2]
Les inscriptions sont terminées, nous serons donc 16 264 coureurs de 80 nationalités. Derrière la Suède, le pays avec le plus grand nombre de participants est l'Allemagne avec 432 coureurs ; vient ensuite la Finlande (431 coureurs), puis la Norvège (328), la Grande Bretagne (299), la France (124) et les Pays-Bas (124).
Comment 16 264 coureurs peuvent-ils partir en même temps, me direz-vous ? En fonction du temps indicatif de course donné au moment de l'inscription, 7 groupes ont été constitués, partant l'un après l'autre, et chaque coureur porte une puce au pied qui déclenche son propre chronomètre au passage de la ligne de départ.
Vendredi 11 septembre [J-1]
Première étape concrète avant la course : il est temps d'aller chercher sa tenue de combat à Kungsträdgården ! Jusque-là tout va bien.
Dans le cas où l'on se perdrait, ils ont même pensé à nous fournir une carte ! Très prévoyant... À moins que ça ne soit pour prévoir les arrêts ravitaillement, comme une veille de départ en vacances classé noir par Bison Futé ? La pression monte.
Samedi 12 septembre? [Jour J !]
8h Douleurs persistantes dans les mollets. J'hésite à aller m'acheter de nouvelles jambes, prendre rendez-vous avec un marabout, ou faire un aller-retour à Lourdes. En attendant, je suis en cure d'anti-inflammatoires et je bois toutes les 5 minutes un verre d'eau pour m'hydrater. Mon carburant officiel est donc l'eau des lacs ; il faudra que je pense à remercier la compagnie d'eau de Stockholm pour son soutien.
Il est temps de vérifier la météo puisqu'à Stockholm les prévisions changent en permanence : soleil timide prévu cet après-midi, pas de pluie? Parfait !
14h Arrivée au camp de base pour déposer ses affaires à la consigne et se mettre dans l'ambiance. Très étrange de voir toutes ces girafes (c'est-à-dire les sacs) en plein c?ur de Stockholm ! Première épreuve pas du tout anticipée : les toilettes ! Heureusement, nous sommes en Suède et des queues bien disciplinées se sont naturellement organisées, ce qui semble assez incroyable lorsqu'on imagine des milliers de personnes avoir un besoin urgent au même moment.
15h Il est temps pour moi d'intégrer mon enclos ! J'intègre un troupeau de taureaux visiblement nerveux et impatients d'être lâchés dans l'arène, enfin? dans la ville. Certains courent en rond, comme des poissons rouge dans un bocal, d'autres font des exercices d'échauffement, tous ont l'air hyper concentrés, on n'est pas là pour rigoler. Dommage.

15h30 Départ du premier groupe, sous les applaudissements du second groupe, le mien ! Nous sommes priés de nous avancer jusqu'à la ligne de départ, les rangs se resserrent, la compétition s'installe !
15h35 Top départ ! En fait, vu la foule compacte, il faut attendre quelques secondes avant de pouvoir marcher puis se mettre réellement à courir, et franchir la ligne de départ avec le sentiment que si un coureur tombe, il se fera piétiner sans merci. Première ligne droite, premier virage, les règles du jeu commencent à se préciser dans ma tête : on n'est pas là pour se faire des amis, certains jouent des coudes, d'autres intimident en criant pour se frayer un chemin plus direct. Plus d'hésitation possible, il faut désormais trouver son rythme et faire abstraction des autres, parvenir à doubler les plus lents sans se faire percuter par ceux qui veulent aussi dépasser (il faudrait penser à nous fournir des rétroviseurs plutôt que des éponges).
Après quelques centaines de mètres, les coureurs encore agglutinés en troupeau s'engouffrent dans un tunnel à l'asphalte étrangement humide (alors qu'il n'a pas plu), l'atmosphère est lourde. Après la girafe, le taureau et le poisson, me voilà rat de laboratoire, guettant au loin la sortie de ce couloir de béton infernal. Progressivement, les coureurs se dispersent, la course devient plus agréable, chacun pouvant évoluer sans gêne, à l'exception des virages qui restent toujours sensibles à négocier.

Après une heure et demie de course, la foule en délire (la fatigue a tendance à me faire exagérer) nous encourage pour les derniers mètres sur Gamla Stan. Dernier sprint jusqu'à la ligne d'arrivée, et une étrange sensation lorsque l'adrénaline ne fait plus son effet. Dernière collecte de « cadeaux » : une médaille (offerte à tout participant terminant l'épreuve), une gourde (remplie d'eau, la plus belle des récompenses) et un sac de victuailles dont une sorte de crème anglaise censée nous aider à récupérer, à condition de supporter l'horrible parfum chimique. Parfois, être français est un vrai handicap.
Mais au fait? je n'ai vu aucun coureur avec une éponge !
Une petite vidéo pour en (sa)voir plus
Crédits photos : FE & stockholmhalvmarathon.se
Fabrice EDDE lepetitjournal.com/stockhom Lundi 14 septembre 2015














