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Le Petit Depot : « Pendant la crise, nous avons parié sur l’avenir »

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Écrit par Article Partenaire
Publié le 15 novembre 2020

Cela fait maintenant 7 ans que Le Petit Depot fait le bonheur des expatriés à Singapour, en leur livrant des produits français du quotidien. L’entreprise a affronté la crise sanitaire avec résilience, déterminée à continuer à approvisionner ses clients sans interruption. Un défi de taille dans ce contexte exceptionnel. Comment cette société d’import a-t-elle fait face à ce bouleversement, à la fermeture des frontières et à l’arrêt des transports maritimes et aériens ? Les fondateurs du Petit Depot, Yannick Guédon et Frédéric Douvillé, nous en disent plus.

 

Lepetitjournal.com : En quoi la crise sanitaire et le confinement ont-ils impacté l’activité du Petit Depot ? 

Frédéric Douvillé: Au Petit Depot, nous vendons près de 8 000 produits français. Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, un tel service requiert des journées et des nuits entières de travail.

Ce qui a joué en notre faveur, c’est d’abord le décalage horaire avec la France. Nous avons en effet une amplitude horaire possible de 17 heures par jour, qui s’est révélée être un atout considérable et un facteur d’agilité énorme pour gérer les problèmes rencontrés en cette période de crise.

Durant la crise, nous avons été amputés d’une partie de notre équipe, dont la mission principale est le packaging et la préparation des commandes. En effet, plusieurs de nos collaborateurs cles vivent en Malaisie et font tous les jours le trajet jusqu’à Singapour. Les frontières étant bloquées, certains ont décidé de rester en Malaisie avec leur famille. Nous avons logé les autres à l’hôtel depuis Avril.

De plus, nous travaillons avec des fournisseurs français qui ont choisi parfois, pendant la crise, de donner priorité au marché national. Nous avons donc été contraints d’aménager une partie de notre chaîne logistique car certains de nos suppliers ne pouvaient plus nous fournir de produits. 

Nous avons aussi fait face à des difficultés logistiques liées au transport maritime, et qui ont, curieusement, commencé avant la crise sanitaire, en novembre, quand des mouvements sociaux ont bloqué le port du Havre. Les marchandises ne pouvaient donc plus être transportées jusqu’à Singapour. Puis, en janvier, la Chine est entrée en confinement, et a arrêté d’exporter en Europe. Il n’y avait donc plus de bateaux vers ou depuis l’Europe, ce qui a été très compliqué pour l’activité du Petit Depot. Les coûts du transport maritime ont aussi considérablement augmenté, de 30 à 50 %.

Puis Singapour a décidé de fermer les frontières, la France a confiné, et il n’y avait plus d’avions pour livrer nos produits frais.

Du jour au lendemain, des acteurs avec qui l’on travaillait depuis 7 ans ont fermé boutique. Nous avons dû trouver de nouveaux partenaires et nous réorganiser complètement en l’espace de 2 semaines à peine.

 

Avez-vous pu continuer à effectuer les livraisons malgré tout ?

F.D : Dès le début de la crise, notre choix a été de maintenir notre niveau de service malgré les obstacles rencontrés.

Cela a été très compliqué pour les raisons évoquées, et compte tenu de l'afflux de la demande. En effet, beaucoup de nos concurrents ont considérablement rationné leur activité et de nombreux nouveaux clients se sont donc tournés vers nous. Du jour au lendemain, il a fallu doubler, voire tripler les livraisons, et donc trouver des transporteurs pour livrer tous nos clients. Nous avons heureusement pu compter sur des partenaires singapouriens avec qui nous entretenons des liens solides depuis des années.

Mais sachant qu’il nous manquait une partie de nos équipes, parmi lesquelles des collaborateurs clés de l’organisation, une problématique s’est tout de suite posée : comment faire pour livrer plus, avec moins d’effectifs ? Heureusement, nos équipes sont très motivées et impliquées et chacun a répondu présent pour absorber la vague.

 

Vous sollicitez une contribution logistique exceptionnelle auprès des clients : quel en est le montant et où va cet argent ?

F.D : La CLE s’élevait à 5 dollars par commande jusqu’en septembre, et a ensuite été réduite à 2 dollars.

Cette contribution sert à renflouer une partie du trou astronomique creusé par le prix du transport aérien principalement (que nous avons acheté aux enchères pendant la période), et qui n’est toujours pas comblé aujourd'hui.

En fait, pour supporter l’ensemble de ces coûts pendant le pic de la crise, il nous aurait fallu jusqu’à doubler le prix de nos produit frais les plus lourds (yaourts par exemple), ce qui n'aurait pas été acceptable pour nos clients.

Nous avons donc décidé de financer par nous-mêmes une partie importante de ces sommes à court terme, et de solliciter l’aide de nos clients via cette contribution logistique.

Les compagnie aériennes ayant ensuite réorganisé leur services pour recommencer à assurer plus de fret, nous avons pu réduire, début septembre, le montant de la CLE.

Toutefois, le confinement ayant pris fin à Singapour, il y a aujourd’hui une certaine incompréhension de la part de quelques-uns de nos clients par rapport au maintien de cette contribution logistique.

Mais le fait est qu’il y a encore très peu d’avions qui volent, et que cela implique un coût très important, bien plus élevé qu’en temps normal. Nous sommes attentifs aux baisses de ces coûts et la CLE est appelée à disparaitre à terme.

Pendant cette crise, notre mot d’ordre a vraiment été de maintenir notre service et de parier sur l'avenir. Nous étions conscients que cela allait avoir un coût, mais il nous tenait à cœur de ne pas limiter les volumes de commandes. Nous espérons avoir montré à nos clients que nous sommes un fournisseur de confiance, et qu'ils continueront à nous soutenir.

 

Cette période de crise a-t-elle amené des pistes de réflexion pour l’avenir du Petit Depot ?

Yannick Guédon : Nous pensons qu’il y a toujours deux manières de gérer des bouleversements : soit on attend passivement que la situation redevienne comme avant (mais cela n’a jamais été notre approche). Soit on décide de voir le changement comme une opportunité de créer quelque chose de nouveau.

Cette période nous a vraiment amenés à réfléchir à notre place en tant que vendeur en ligne à Singapour. Aujourd’hui, le diagnostic quant à notre positionnement est plus clair.

Nous allons capitaliser sur ces enseignements afin de construire Le Petit Depot du futur. Nous avons injecté une partie de nos capacités d’investissement pour faire face à la crise. Une autre partie va servir à financer la croissance de notre équipe, recruter de nouveaux collaborateurs et construire l'avenir. 

Concrètement, dans les prochaines semaines, nous allons proposer 500 nouveaux produits de grandes marques dans le bio, le sans gluten, l’épicerie fine, et moderniser par etapes notre interface de vente.

Les clients qui nous connaissent bien savent aussi qu’au Petit Depot, le meilleur est toujours à venir, et que nous préparons toujours plus de belles surprises. Nous sommes donc en train de renforcer cette dynamique et d’élargir notre offre de produits et services.

La conclusion que nous avons tirée de cette crise, c’est l’importance de marquer notre différence, et de continuer à se positionner comme une plateforme incontournable pour les expatriés français de Singapour, mais aussi bien au-delà.

Publié le 15 novembre 2020, mis à jour le 15 novembre 2020

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