

On les appelle les workers. Qu’ils viennent de Chine, du Bangladesh ou d’Inde, ils peinent des heures durant sur les chantiers pour des salaires de misère.
Uddin a aussi fait partie des 20 finalistes à la cinquième édition du concours de poésie des travailleurs migrants, organisé en décembre à la National Gallery de Singapour. Cette manifestation, créée par l’auteur Shivaji Das, originaire d’Inde, représente une tribune rare pour ce pan de la société dont les voix sont peu mises en valeur, dans un pays où leur présence reste le sujet d’un vif débat.
Au Bangladesh M.D. Sharif Uddi possédait une librairie. Des problèmes financiers le poussent à laisser sa femme enceinte afin de chercher du travail à l’étranger. Il n’est pas préparé à ce changement. De chef d’entreprise où il avait plusieurs employés, le voilà en bas de l’échelle sociale, obligé d’effectuer des travaux que les Singapouriens rechignent à faire. Le logement n’est guère confortable. Il vit avec 25 ouvriers et travaille 12 heures par jour. Son contrat l’oblige à travailler 28 jours par mois mais s’il y a du retard sur un chantier, les heures supplémentaires sont obligatoires.
18 SGD par jour
Lorsqu’il est arrivé à Singapour il y a 11 ans, il gagnait 18 SGD par jour. Aujourd’hui son salaire s’élève à 50 SGD par jour car il est maintenant responsable de la sécurité. Lui a la chance d’habiter près du centre mais bien souvent ces travailleurs sont logés dans des dortoirs très excentrés, ce qui ne facilite ni leurs déplacements le dimanche, ni les contacts avec la population locale. Leurs amis et familles restés au pays les imaginent dans une vie luxueuse et gagnant beaucoup d’argent alors qu’ils ne profitent de rien et se tuent à la tâche pour un maigre salaire, certes plus élevé que ce qu’ils gagneraient dans leur pays d’origine.
Environ 280 000 ouvriers travaillent à Singapour. Des lois protègent les ouvriers étrangers et réglementent leur logement, selon le ministère de la main-d’œuvre, qui souligne également que la plupart des employeurs traitent correctement leur personnel.