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WOMEN’S FORUM - Portrait de la tunisienne Dorra Berraies

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 10 novembre 2015, mis à jour le 8 novembre 2015

Dorra Berraies est une Tunisienne jeune et moderne. Universitaire et chercheuse, elle est aussi conseillère du ministre des Finances de son pays et siège au conseil d'administration d'une grande banque. Elle regarde le modèle singapourien avec intérêt.

Quelle est la signification pour vous du prix Nobel de la paix attribué au quartet tunisien?

Dorra Berraies - C'est une excellente chose. C'est un prix pour tous les Tunisiens et les Tunisiennes, pas seulement pour le quartet. Le dialogue national  est vraiment l'armure de la démocratie. Il a permis la mise en place d'un gouvernement de transition composé de technocrates qui a assuré la stabilité nécessaire pour rédiger une nouvelle Constitution à la fin 2013, après les deux assassinats qui ont été un grand choc dans notre pays pacifique.

La reprise du dialogue et le climat de tolérance a aidé la cause des femmes. La position des Tunisiennes n'a jamais été aussi fragile qu'entre 2011 et 2013.  Depuis l'indépendance, les Tunisiennes ont bénéficié de ce qu'on appelle le Code du statut personnel qui leur donne presque les mêmes droits qu'un homme - à part l'héritage réduit de moitié- . Les Tunisiennes ont le droit de voter, d'avorter, de divorcer, de porter plainte contre leur mari et de ne pas aller en prison, si elles ont des enfants hors mariage. Contrairement aux autres femmes du Maghreb, les Tunisiennes ont des droits même s'il reste toujours des obstacles culturels.

Où en est-on aujourd'hui ?

- Il y a eu des détériorations. Après la Révolution, le Code du statut personnel a été menacé. On allait vers un retour vers la polygamie. Les femmes sont sorties massivement dans la rue pour s'y opposer. Le dialogue a finalement permis que chacun accepte les différences et le maintien du code et des droits de la femme tunisienne.

Cette liberté n'est pas facile. Il faut cumuler les rôles à l'extérieur et à l'intérieur de la maison. C'est un combat continuel. Les Tunisiennes subissent des pressions quotidiennes. J'enseigne, près de Tunis, un des hauts lieux des salafistes sur un campus de 20 000 étudiants. Quand je m'y rends, j'ai, à la demande de mon mari inquiet pour ma sécurité, un voile sur le siège avant de la voiture que je n'ai jamais mis. Des étudiantes entièrement voilées viennent pour accéder aux cours accompagnées de trois ou quatre salafistes qui guettent notre réaction. On ne sait même pas si ce sont des étudiantes.  Il y a même des hommes qui ne s'arrêtent pas aux Stop car ils s'estiment prioritaires en tant qu'homme.     

Aujourd'hui, il faut rester vigilant pour que ce dialogue continue. La situation économique est très préoccupante. Il n'y a pas d'emplois pour les jeunes diplômés universitaires en majorité des femmes (60%).

Quel regard portez-vous sur Singapour?

- Le succès économique de Singapour est un rêve. Les Singapouriens sont partis de très loin et ont progressé en un temps record. Nous sommes différents mais ce modèle nous inspire.

Anne Garrigue (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 11 novembre 2015 Ce dernier article s'inscrit dans une série de portraits et interviews, réalisés par Anne Garrigue pour lepetitjournal.com dans le cadre du Women's Forum de Deauville, dont la délégation de Singapour était cette année l'invitée d'honneur.

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