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FRENCH FILM FESTIVAL – Rencontre avec Finnegan Oldfield, le Kid de « Les Cowboys »

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2016

Il est l'une des figures montantes du cinéma français. Nominé aux Césars en 2016, dans la catégorie espoirs, pour « Les Cowboys », Finnegan Oldfield a récemment multiplié les tournages, de « Nocturama » à « Réparer les vivants » ou « Marvin ». Dans « Les Cowboys », il est Kid, un jeune garçon dont la grande s?ur disparaît en 1994 pour rejoindre, par amour, le Jihad. Commence alors pour lui, dans le sillage de son père, une grande aventure initiatique en mode western, sur fond de famille picarde traumatisée et de montée de l'islamisme ponctuée par les attentats de New York en 2001 et de Londres en 2005.

Comment avez-vous démarré dans le cinéma ?

Finnegan Oldfield - J'ai commencé lorsque j'avais 10 ans, tout à fait par hasard, en participant à un court métrage. A l'époque, c'est ma mère qui m'avait poussé à me présenter à un casting, dont elle avait repéré l'annonce. J'étais réticent au départ mais j'avais fini par accepter. Ensuite j'ai vécu le tournage avec beaucoup de bonheur. C'était comme une colonie de vacances.

Et après cette première expérience, comment les choses se sont-elles présentées?

- Ensuite ? il ne s'est rien passé pendant 3 ans. Un jour j'ai été rappelé pour un casting. Je n'ai pas été pris mais le directeur de casting m'a mis en contact avec un agent qui m'a pris sous son aile et m'a mis dans la boucle de castings qui m'ont permis de tourner dans des court-métrages et des séries TV.

Quelle était l'ambiance dans ces castings ?

- Comme chaque fois qu'on est en situation de compétition, en l'occurrence pour obtenir un rôle, il y a des aspects flippants, mais globalement l'ambiance était très bonne. On prenait plutôt soin de nous. Cela n'a rien à voir avec les Etats-Unis ou avec ce que l'on imagine être l'ambiance d'un concours de beauté. Plus que tout, le casting et le film qui suivra sont une question de rencontre. Pour le réalisateur comme pour l'acteur, il s'agit de tomber sur une personne avec laquelle on a un bon feeling. A cet âge, on n'est pas spécialement acteur. La relation avec le réalisateur est clé pour vous permettre de donner le meilleur de vous-même.

Et pour « Les Cowboys », comment les choses se sont-elles passées ?

- A la base, il y a eu un casting. J'ai rencontré Thomas Bidegain qui m'a raconté brièvement l'histoire de ce Kid que je devais incarner. Il m'a dit qu'il s'agissait de jouer le fils de François Damiens, que c'était l'histoire d'une famille de Français tranquilles qui se déguisent en cowboys. Il m'a expliqué que le film démarrait en France et en Belgique et qu'il se terminerait au Pakistan, dans un camion humanitaire, à la recherche de ma s?ur. D'emblée j'ai été bluffé. Je me suis dit, s'agissant de Thomas Bidegain : toi, tu sais vraiment bien raconter des histoires ! ». J'ai été immédiatement emballé par l'histoire et par ce parfum d'aventure. Ce n'est pas souvent qu'on trouve de tels scénarios

De quoi le film parle-t-il ?

- C'est une histoire de cowboys modernes. Cela parle de gens qui se prennent pour des cowboys et considèrent les autres, ceux qui sont différents, comme des indiens. Ils se sont organisé une petite vie tranquille bien protégée du monde extérieur. Et puis intervient la disparition de Kelly, ma s?ur dans le film. Leur petit monde explose. Ils imaginent qu'il s'agit d'un kidnapping et foncent tête baissé pour la retrouver. Mon père dans le film, incarné par François Damiens, va aller droit dans le mur. Et alors, c'est moi, le fils, qui vais reprendre la recherche de ma s?ur.

Le contexte du film, le jihad, vous touche-t-il particulièrement ?

- Le thème au c?ur du film c'est celui de la disparition. C'est un sujet que je trouve fascinant. Comme beaucoup, j'ai été très touché par les attentats.  Comment on peut basculer dans la peur. Le film est sorti juste avant l'attentat de Paris en novembre 2015. L'ambiance était très lourde. C'était très présent dans les débats après les projections. Mais le sujet du film, selon moi, c'est moins le jihad que la famille et la manière dont on se construit. C'est une histoire de cowboys classique avec ce petit garçon qui regarde son père et qui, d'abord très réservé,  finit par partir à la recherche de sa s?ur. C'était d'ailleurs le challenge du rôle, car il fallait être capable à la fois d'interpréter Kid quand il n'est qu'un enfant et puis d'accompagner la construction de ce personnage jusqu'au moment où il devient un adulte. C'est ce que j'ai trouvé intéressant : interpréter la transformation de ce garçon timide en quelqu'un de plus complexe.

Comment s'est passée la relation avec François Damiens ?

- Extraordinaire. J'avais eu l'occasion de tourner avec lui, dans un précédent film en 2006, mais j'avais le sentiment d'être passé à côté. C'était l'occasion de renouer et j'en ai été très heureux car c'est quelqu'un de formidable.  C'est un immense acteur et un poète, à la fois intelligent et touchant.

Qu'est-ce que vous aimeriez faire dans le futur ?

- Ce qui m'importe c'est de ne pas rentrer dans une case et de faire des choses différentes. Je viens de tourner dans le film « Marvin » d'Anne Fontaine. L'expérience a été particulièrement intéressante parce que le personnage est très différent de moi et qu'il s'agit vraiment d'un rôle de composition. Mais dans ce film, Marvin, le personnage que je joue est encore trouble et perturbé. J'aimerais aussi faire des choses plus légères, des comédies. J'aime beaucoup les comédies américaines du genre du Lauréat avec Dustin Hoffman, avec un jeu tout en sobriété.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour), lundi 14 novembre 2016

Crédit Photos : Corinne Mariaud

Le Film de Thomas Bidegain est présenté à Singapour dans le cadre du French Film Festival, du 10 au 20 novembre 2016. C'est le premier long métrage de celui qui avait été le scénariste, en collaboration avec Jacques Audiard, de "Un prophète" et "Dheepan", palme d'or à Cannes en 2015.

Voir le film:

le 20 novembre à 19:15 à Golden village, Plaza Singapura

logofbsingapour
Publié le 13 novembre 2016, mis à jour le 14 novembre 2016

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