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DEBAT – Pour ou contre un salaire minimum

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 12 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

 

A Singapour, il n'existe pas de salaire minimum. Le salaire est le fruit de la négociation entre l'employeur et l'employé. Mais face aux disparités sociales, un débat a lieu entre les pros et les antis dans la cité-Etat

Le salaire minimum, pour vivre mieux
Un salaire minimum est le revenu nécessaire pour vivre décemment à Singapour. Le Parti démocratique de Singapour (SDP) a été parmi les premiers à réclamer un salaire minimum pour les travailleurs de la cité-Etat. Cela faisait partie de son programme électoral en 2006. "Cette législation est nécessaire pour empêcher les travailleurs de Singapour d'être exploités et s'assurer que les employés aient un salaire équitable par rapport à leur travail et en cohérence  avec le coût de la vie. Pour commencer, le salaire minimum devrait être fixé à 5 $ de l'heure. "
Courant février 2010, le Parti réformiste a apporté son soutien à  cette idée "Le Parti réformiste a toujours préconisé l'utilisation d'un salaire minimum ... qui s'appliquerait à tous les travailleurs et donc obligerait les employeurs à réduire l'embauche de travailleurs peu qualifiés "
Depuis peu, le diplomate M. Tommy Koh a rejoint ce mouvement. "La disparité croissante et les difficultés rencontrées par 20% de nos travailleurs est une menace pour notre cohésion sociale et incompatible avec notre politique de croissance, le salaire minimum permettra d'améliorer le sort des singapouriens dont la rémunération est parfois faible."

Le salaire minimum, un frein pour l'économie
Pour le ministre d'Etat en charge du commerce, Lee Yi Shyan, le salaire minimum "fausse les mécanismes du marché du travail le rendant plus rigide. En fait, il peut même devenir un frein pour l'emploi des travailleurs peu qualifiés? Ce qui rendrait plus difficile pour eux l'accès à un emploi.  En investissant dans nos ressources humaines, en encourageant nos entreprises à innover et en aidant nos travailleurs à bas salaire à acquérir de nouvelles compétences, nous avons la certitude que nous pouvons croître tous ensemble et aussi prospérer". Lucky Tan, singapourien, lui répond ceci sur son blog "le salaire minimum fausse seulement le marché et nuit à l'emploi des travailleurs lorsque vous avez une économie qui dépend des bas salaires, et de nombreux travailleurs sont actuellement payés moins que le salaire minimum."
New Asia Republic reconnait qu' "assurément, il apparaît qu'un salaire minimum est ce dont nous avons besoin à Singapour pour aider les travailleurs qui ont les salaires les plus bas?Cependant, ce n'est pas à l'Etat de déterminer la valeur de chaque individu, mais c'est à chaque individu de contribuer et d'ajouter de la valeur à son entreprise dans l'économie selon ses capacités."
Récemment l'instauration d'un minimum salarial a été vivement débattue entre les experts. Le ministre Lim Boon Heng reconnaissant l'existence d'un fossé entre les travailleurs moins bien payés, en situation précaire et les cadres supérieurs avec un pouvoir d'achat élevé.

Toutefois, il précise qu'une politique salariale n'est pas la voie à suivre pour aider les travailleurs à bas salaire.  Au lieu de cela, le gouvernement devrait intervenir pour compléter la rémunération des travailleurs à faible revenu, ce qui a déjà été fait avec le Workfare Income Supplement (WIS). " Un système existe, nous devons l'améliorer ... Je crois que le salaire minimum répond aux besoins d'une ère révolue, il ne répond pas aux besoins du monde actuel. " Cependant, comme le rappelle transitioning.org aux décideurs politiques une politique du salaire minimum est déjà en place dans de nombreux pays avancés dans le monde "la plupart des grandes puissances et même des pays du Tiers monde ont une politique du salaire minimum en place,  de sorte que les travailleurs ont accès à des salaires à peu près décents lorsqu'ils font leur juste part de travail ".

La situation de la Malaisie en exemple
La Malaisie est en passe d'adopter un salaire minimum pour hisser l'économie malaisienne loin d'un "modèle low cost". Le gouvernement est, il est vrai, également soumis à une pression croissante des syndicats ouvriers alors que la pauvreté prévaut toujours chez le "tigre asiatique". Une étude gouvernementale a montré le mois dernier que 34 % des 1,3 million de travailleurs interrogés gagnaient moins de 700 ringgits [176 euros] par mois, alors que le seuil de pauvreté est fixé à 720 ringgits. L'introduction d'un salaire minimum n'est toutefois pas gagnée, le patronat s'y opposant avec force. En juillet, les négociations visant à faire passer la rémunération minimum pour les 150.000 gardes de sécurité du pays à 1.450 ringgits [366 euros] ont ainsi échoué au dernier moment.

Sources :
http://www.singaporedemocrat.org/manifestoeconomy.html
http://www.straitstimes.com/BreakingNews/Singapore/Story/STIStory_578507.html
http://www.thereformparty.net/en/our-platform/our-views/71-reform-party-response-to-the-singapore-budget-2010
http://www.channelnewsasia.com/stories/singaporelocalnews/view/1081457/1/.html
http://singaporemind.blogspot.com/2010/09/mom-responds-to-call-for-minimum-wages.html

Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) Mardi 12 octobre 2010

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Publié le 12 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

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