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CROWDFUNDING - Nouveau mode de financement participatif

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 16 juin 2013, mis à jour le 14 juin 2013

Nouveau concept à la mode, Martin Pasquier, fondateur de l'agence Tesla et bénéficiaire du crowdfunding, nous explique cette nouvelle pratique qui commence à se développer à Singapour.

Le crowdfunding se définit comme "une technique de financement de projets de création d'entreprise utilisant internet comme canal de mise en relation entre les porteurs de projet et les personnes souhaitant investir dans ces projets".

Lepetitjournal.com- Quelles sont les origines du Crowdfunding ?
Martin Pasquier - Le crowdfunding est en fait assez ancien, des groupes de musique ont su dès les années 80 tourner la ferveur des fans en préfinancement de concerts, d'albums. Internet et les médias sociaux, comme bien souvent, ne font qu'amplifier un usage déjà existant, mais d'une superbe manière. Grâce au crowdfunding, nous avons tous désormais la possibilité de lancer n'importe quel projet, pour peu que nos familles, amis, collègues, pairs, soient motivés pour financer une "v1", un prototype le plus souvent.

Comment est-ce que cela marche ?  
On dit pour faire simple que le crowdfunding, c'est le financement "beyond money", c'est à dire que le gain financier n'est qu'une partie des avantages. On construit en même temps une première base de clients (qui précommandent le produit), on fait parler de soi, de l'équipe, de la progression du projet, on permet à ses acquéreurs de devenir vecteurs de communication... bref, c'est assez complet, et surtout, ça permet d'éviter de se lancer dans une aventure entrepreneuriale sans savoir si ça marchera.

Quels sont les acteurs de ce nouveau secteur ?
L'acteur incontournable, c'est l'américain (et désormais britannique également) Kickstarter. Plusieurs projets ont dépassé leurs objectifs initiaux, en récoltant parfois plusieurs millions. La console "open source" OUYA a atteint 8.5M de dollars (sur même pas 1M initialement demandé), et la vraie star du crowdfunding, la montre intelligente Pebble, a dépassé les 10M de dollars de précommande alors que l'objectif initial n'était que de 100.000$. Ces deux projets sont désormais des sociétés qui ont levé plusieurs millions de dollars auprès d'investisseurs plus traditionnels.

Le crowdfunding se développe-t-il également à Singapour ?
En Asie, et à Singapour, c'est plus compliqué, le continent le plus connecté, mobile, croissant... reste un nain du financement participatif (voir infographie ci-dessous). Problème de culture (peu de participation et de communauté au sens où les médias sociaux à l'occidentale l'entendent- les solidarités sont beaucoup plus familiales), de confiance (globalement, les pays d'Asie sont moins confiants dans les moyens de paiement en ligne), peu de propension au risque également. Pour autant, l'un des derniers projets chouchous des crowdfunders occidentaux a été créé par un Singapourien sur Kickstarter. Son imprimante 3D "grand public" et low-cost ($300 environ, contre souvent $800 ou $1000 pour des entrées de gamme plus technique) a levé $100.000 dans les 10 premières minutes de la campagne, et avoisine désormais le million.



Quelle est la règlementation en vigueur en la matière ?
La pratique est règlementée différemment selon les Etats et les sites. Kickstarter n'est disponible que pour des comptes américains et britanniques (avec vérification du compte bancaire mais aussi du numéro de sécurité sociale pour éviter les fraudes). Le cadre législatif traine et peine à s'adapter. Pour autant, l'une des mesures de relance de Barack Obama comporte la libéralisation du crowdfunding à l'équité, c'est à dire que plutôt que de proposer des lots et des compensations un peu "gadgets", on imagine désormais qu'on puisse proposer des parts de l'entreprise qui porte le projet. Ce qui décuplerait évidemment l'attention portée à ce financement.

Pouvez-vous nous faire part de votre expérience en matière de crowdfunding ?
De mon côté, j'ai levé $7.000 pour un projet de journalisme participatif aux Etats-Unis. La somme couvrait tout : voyages, hébergement, matériel, alimentation. Le bilan est assez étonnant, puisque je ne suis au final "déficitaire" que de $60 sur l'ensemble de l'opération, l'estimation de départ était donc plutôt juste ! Ce que j'en retiens, c'est que j'ai changé complètement ma manière de faire du web depuis. D'une part, je soutiens désormais beaucoup de projets ici et là, car quand on parvient à lever $7.000 par le bouche à oreille, on a envie de rendre la monnaie de la pièce, littéralement. Ensuite, tout ce que j'imaginais utile de faire n'a pas du tout marché (comme contacter des personnes que je ne connaissais pas mais dont je pensais qu'elles pourraient être intéressées), et inversement. La seule règle d'or que je retiens, c'est que j'avais déjà le numéro de portable de TOUS mes donateurs (59 au total !). Il y a donc un vrai lien avec les personnes très proches.

Pour en savoir plus, Martin relatera cette expérience de manière plus détaillée au Hub le mardi 18 juin au soir, en compagnie de Kévin, qui travaille chez Crowdonomic, le seul acteur singapourien qui fait du crowdfunding.

Propos recueillis par Ludivine Hamy (www.lepetitjournal.com-Singapour) lundi 17 juin 2013

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Publié le 16 juin 2013, mis à jour le 14 juin 2013

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