Situé dans le bâtiment historique d' Old Tao Nan School sur Armenian Street, le musée Peranakan de Singapour a rouvert en avril 2008, après d'importants travaux de rénovations. Il héberge la plus importante collection au monde d'objets Peranakans
Que signifie ''Peranakan'' ?
Les Peranakans (Babas ou Straits Chineses) sont les descendants des Chinois immigrés en Asie du Sud-est du 16ème siècle qui ont épousé des femmes non-musulmanes en Malaisie, en Indonésie et même jusqu'en Birmanie. Ce mélange, cette fusion des cultures est un trait important de l'identité actuelle, de l'ouverture d'esprit et de la culture de Singapour. Peranakan signifie en Malais "enfant né ici", donc né localement.
Ils étaient souvent des commerçants riches, possédant de somptueuses maisons, établis à Penang, Malacca et Singapour. La vie de famille était, pour eux, une valeur fondamentale. Les Peranakans forment aujourd'hui une communauté qui respecte les traditions et les fêtes chinoises (influence des hommes ou Babas) mais dont la cuisine, la langue et l'habillement ont subi une forte influence malaise (venue des Nonyas, les femmes).
Les jeunes femmes arrêtaient l'école à l'âge de 13ans et dédiaient alors leur temps au travail des perles et de la broderie pour confectionner leur trousseau. Elles ont conçu de nombreux objets superbes, en combinant les motifs européens et chinois d'une façon tout à fait unique et éclatante. La qualité et la quantité des broderies et d'objets réalisés en perles étaient la marque de leur éligibilité au mariage. Beaucoup de ces objets étaient créés en vue de leur mariage, comme les mules en perles, les panneaux en perles pour le lit nuptial, les mouchoirs de cérémonie brodés ou bien les housses pour protéger les vaisselles fines. Elles confectionnaient aussi des objets destinés au futur époux : étuis à lunettes, étui pour le certificat de mariage ou encore portefeuille ...
Qu'ils soient en or, en soie ou en porcelaine, les motifs favoris, tels le phénix, la chauve-souris, la grue ou les fleurs comme la pivoine, correspondent aux symboles de fertilité, santé, bonheur et longévité. Bien sûr, tous ces biens sont devenus des objets de famille conservés précieusement.
L'habillement, un moyen d'expression fort et un élément culturel important
Au 19e siècle, les hommes Peranakans, dénommés Babas, s'habillaient selon la mode des hommes du sud de Chine, avec des vestes amples et des pantalons de soie et de satin brodé appelés baju lokchuan. Au 20e siècle, ils ont adopté l'habillement occidental, comme le costume colonial en coton aéré. Les femmes portent le baju panjang (''tunique longue'') et le sarong agrémenté de nombreuses parures de bijoux et d'accessoires tels que des épingles à cheveux, des bracelets, des broches, des ceintures et bracelets de cheville.
Les escarpins brodés, une particularité du 19e siècle, ont laissé la place aux modernes escarpins décorés de perles, les kasot manek. Les sarongs étaient les batiks floraux les plus raffinés de Java. La silhouette de ce vêtement a évolué avec le temps et reste populaire de nos jours sous forme de Kebaya.
Emily of Emerald Hill
Terminez votre visite par l'exposition consacrée à la fameuse pièce de théâtre Emily of Emerald Hill, écrite en 1982 par l'auteur singapourienne Stella Kon. De son inspiration liée à ses propres origines, en passant par les objets présents sur scène, l'exposition retrace fidèlement l'?uvre théâtrale la plus mise en scène à Singapour et exportée de nombreuses fois à l'étranger. Lire la suite ici...
Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) vendredi 14 septembre 2012