Travailler moins pour consommer plus ? Voilà le nouveau mot d’ordre du PCC depuis l’annonce, il y a quelques jours, d’un décret modifiant le calendrier des jours fériés chinois. Un moyen de booster la consommation individuelle dans un contexte économique tendu.
Un souffle de modernité dans un rythme de vie intense
L’Empire du Milieu met ses travailleurs au repos en ajoutant deux jours de congé au calendrier des vacances chinoises. Ce nouveau décret, annoncé la semaine dernière par le Premier ministre Li Qiang, entrera en vigueur à partir de janvier 2025. Le pays comptera désormais 13 jours fériés par an, avec le 28 janvier (veille du Nouvel An chinois) et le 2 mai (Fête du travail), soit deux jours de plus qu’en France. C’est la première fois depuis 2013 que le parti décide de modifier son calendrier pour permettre à sa population de partir davantage en vacances, en créant deux nouveaux longs week-ends.
Néanmoins, deux jours de plus ne sont pas forcément synonymes de repos, car, comme le veut la coutume chinoise, il faudra quand même rattraper le retard accumulé durant ces nouveaux congés. Cette annonce, bien qu’acclamée, ne fait donc pas la joie de tous les travailleurs, surtout depuis que l’âge de la retraite a été repoussé de trois ans. En effet, à partir de l’année prochaine, le départ se fera à 63 ans pour les hommes et 58 ans pour les femmes.
Des congés pour stimuler la croissance
Depuis quelque temps, la croissance économique chinoise a subi de nets ralentissements, surtout à cause d’une crise immobilière persistante, qui pousse la population à couper les dépenses dites "superflues" et à fuir les crédits bancaires. Face à cette situation épineuse, les autorités locales espèrent donc que cette nouvelle mesure viendra booster la consommation individuelle et générer une forte impulsion dans des secteurs clés comme le tourisme, la restauration, et les transports
Par ailleurs, ces changements dans le calendrier traduisent bien une occidentalisation des mœurs dans la société chinoise, qui adopte à son tour des mesures pour stimuler le tourisme de masse. En effet, ce rajout permettra à la classe moyenne de voyager plus facilement, et donc d’accroître sa participation dans l’économie de loisirs.
Avant la réforme, d’autres initiatives avaient également été lancées par Pékin pour tenter de relancer la consommation. À Shanghai, par exemple, la mairie avait distribué plusieurs millions de coupons pour inciter ses citoyens à se rendre davantage au cinéma, au restaurant ou à l’hôtel. Bien que l’idée ait été prometteuse, elle n’a pas réussi à conquérir les 25 millions d’habitants de la ville.
Quel avenir pour ce décret ?
Quels seront les retombées de ce nouveau décret ? Pour l’instant, les retours semblent plutôt positifs. Dans les heures suivant l’annonce, l’agence de voyage chinoise Qunar et la plateforme Toncheng Travel ont enregistré une nette augmentation des recherches pour l’achat de billets d’avion. À l’approche du Nouvel An, les demandes risquent d’augmenter à nouveau.
Cependant, certains analystes restent prudents, soulignant que le succès de cette réforme dépendra avant tout de la capacité des ménages à dépenser malgré la pression économique actuelle, ainsi que de l’efficacité des infrastructures existantes, déjà saturées pendant les périodes de forte affluence.