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Gulangyu, une île chinoise en 1ère ligne face aux épidémies

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Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 17 janvier 2021, mis à jour le 17 janvier 2021

L’île de Gulangyu est située à quelques centaines de mètres de Xiamen (Fujian) en Chine du Sud. Si elle fût occupée pendant près d’un demi-siècle par des étrangers, elle a surtout été le berceau de nombreuses avancées majeures dans le domaine médical à une période où les épidémies étaient fréquentes. On doit notamment à Sir Patrick Manson, la découverte du lien entre les moustiques et la malaria.

Le 29 août 1842, la Chine et le Royaume Uni signent le traité de Nankin, mettant fin à la première guerre de l’opium. Le traité, celui là même qui a permis la cession de Hong Kong au Royaume Uni, ouvre 5 ports chinois sur le monde dont celui de la ville de Xiamen. Rapidement, afin de fuir les maladies qui sévissent dans la ville, les représentants étrangers dans la ville se réfugient sur l’île de Gulangyu, à quelques minutes de bateau. Il faut dire, la couronne anglaise a déjà payé un lourd tribut aux infections diverses et variées qui ont affectées ses forces armées. A l’époque, en Chine et à Xiamen, les maladies présentes sont entre-autres, la malaria, la dengue, la lèpre, la variole ou la peste bubonique (1884). Sur place, les étrangers s’installent : dès 1843 le Dr Cummings et le missionnaire David Abeel fondent la première clinique sur l’île. Les décennies suivantes verront se construire plusieurs autres hôpitaux, dont trois, imaginés et construits par le Dr. John Otte avant la fin du XIXème siècle.

Mais c’est à partir des années 1870 que l’île va prendre une dimension internationale dans la lutte contre les pandémies. Ces années là sont d’abord marquées par une immense défiance du peuple chinois envers les médecins occidentaux accusés selon eux de leur donner des pilules magiques créant des maladies qu’eux seuls pouvaient soigner. Certains allaient même jusqu’à penser que les docteurs étrangers mangeaient les bébés pour leur arracher leurs globes oculaires. Parmi les médecins sur place ces années-là, Sir Patrick Manson, un Ecossais passionné par la recherche sur les maladies tropicales. Selon Dr. Bill Brown de l’université de Xiamen, « Il estimait à environ 1 sur 450 le nombre de personnes atteintes de lèpre dans la ville de Xiamen. Or à l’époque, la médecine occidentale n’a aucune réponse face à cette maladie infectieuse, idem pour la malaria où 2% de la population de Xiamen décédèrent des suites de cette maladie sur l’année 1877 ».

Sur place, il s’interroge sur le rôle des moustiques dans les maladies infectieuses en disséquant toute sorte d’insectes. « Tout d’abord, il observe que seuls les moustiques femelles sucent le sang de leurs victimes, ensuite il établit le premier le lien entre ces moustiques et des maladies telles que l’éléphantiasis (augmentation considérable d’une partie du corps), très répandue à l’époque puis avec la Malaria » indique le Dr. Bill Brown. Cette découverte marque une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie qui sévit encore aujourd’hui. Durant ces années-là, il découvre par ailleurs deux parasites la Schistosoma Mansoni, responsable de graves maladies intestinales et la Sparganose une maladie rare pouvant entraîner la cécité totale.

 

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Mais l’île a également vu se développer en son sein les progrès de la gynécologie. Notamment à travers les travaux du Dr. Lin Qiaozhi qui a aidé à l’accouchement de plus de 50.000 bébés en l’espace de ses 60 ans de carrière. Elle fût également l’une des pionnières dans la lutte féministe qui anime à ce moment-là le monde scientifique.

La France participa à l’essor de la lutte contre les maladies tropicales sur l’île en travaillant, dans l’un des hôpitaux de l’île à la fin du XIXème siècle, à la vaccination de la peste de Chine, maladie qui a sévi dans le monde entier de 1855 à 1945.

Finalement, cette ile de 1,9 km2, proche de la superficie de Monaco, a permis à travers les décennies de développer significativement la recherche contre les maladies tropicales. La région du Fujian, très touristique fût rapidement touchée par la pandémie de Covid-19 et l’île de Gulangyu, fidèle à sa glorieuse réputation, instaura rapidement des mesures sanitaires pour limiter l’épidémie. L’île se confina totalement dès le 26 janvier et jusqu’au 6 mars 2020. Du jamais vu pour cette île très touristique qui accueille des millions de chinois chaque année qui viennent admirer les architectures coloniales des XIXème et XXème siècles.

Un article de Quentin Dussart

 

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 17 janvier 2021, mis à jour le 17 janvier 2021

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