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Connaissez-vous la "diplomatie du panda" ?

macron et un pandamacron et un panda
Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 11 mai 2023, mis à jour le 12 mai 2023

De la dynastie Tang au XXIe siècle en passant par la période maoïste, la « diplomatie du panda » occupe une place de choix dans la politique étrangère chinoise.

 

La "diplomatie du panda", tradition très ancienne, remonte à la dynastie des Tang au VIIe siècle. L'impératrice Wu Zetian (624-705), seule femme à régner sur l’empire, offre déjà deux pandas à son homologue japonais. Précisons que si ces bestioles – aussi mignones que maladroites – sont devenues le symbole de la Chine, c'est parce qu'elle en a le monopole. Il n'y a qu'en Chine, dans les forêts du centre du pays, que les pandas naissent à l'état sauvage. On n'en trouve nulle part ailleurs.

 Dans la Chine contemporaine, la diplomatie du panda débute en 1941. Le pays alors assiégé par le Japon bénéficie de l’aide des États-Unis. L’épouse du leader nationaliste Tchang Kaï-chek, Soong Mei-ling, fait parvenir deux spécimens à Washington en remerciement.

Malheureusement, à leur arrivée, Pearl Harbor vient d’être attaqué par les Japonais. L’événement accapare la une des journaux, et le don chinois n’a pas l’impact médiatique espéré. Qu’importe, la pratique se pérennise une fois les nationalistes chassés par leurs ennemis communistes. La Chine maoïste offre 23 pandas à neuf pays différents entre 1957 et 1982.

Le point d’orgue de ces années fastes reste la visite du président américain Richard Nixon en 1972. À cette occasion, Ling-ling et Hsing-hsing sont donnés au zoo de Washington après vingt-cinq ans de rupture diplomatique. En échange, les États-Unis envoient à la Chine une paire de bœufs musqués.

Plus de 100 000 € en bambou par an

Ce deuxième coup diplomatique chinois à destination du public américain s’avère un succès retentissant. Environ 20 000 personnes se précipitent pour voir les animaux le premier jour, et le nombre de visiteur dépasse le million dans l’année qui suit.

En 1984, Pékin cesse officiellement sa politique de dons. À la place, les pandas font l’objet de prêt longue durée dans le but de permettre aux pays étrangers de conduire des études scientifiques sur ces mammifères endémiques du centre de la Chine.

En échange, les hôtes doivent s’acquitter de sommes importantes, jusqu’à près d’un million d’euros par an pour les États-Unis et le Japon, voire plus en cas de naissance. Ces bêtes sont également exigeantes sur le plan alimentaire : elles n’acceptent que le bambou frais. Une extravagance qui aurait coûté 107 000 € par an au zoo d’Édimbourg en 2011.

Un prêt controversé à Taïwan

Depuis cette nouvelle ère, le prêt le plus remarqué a été celui de Tuan Tuan et Yuan Yuan (deux noms plébiscités par 130 millions de votants chinois) à Taïwan, en 2008, après un refus en 2005. « Tuan yuan » signifie « réunion », clin d’œil inquiétant aux velléités réunificatrices de Pékin, qui ne contrôle plus l’île de Taïwan depuis 1949.

La France a, elle aussi, l’honneur de recevoir ce sauvage cadeau. En 1973, Georges Pompidou se voit offrir un couple de pandas. Puis, en 2012, Yuan Zi (« rondouillard ») et Huan Huan (« joyeuse ») élisent domicile au zoo de Beauval. Les négociations pour leur venue commencent dès 2006, mais une rencontre entre Carla Bruni et le dalaï-lama en 2008 ralentit le processus.

Depuis 1984, les pandas ne sont plus donnés mais loués contre des sommes conséquentes (jusqu’à près d’un million d’euros par an pour les États-Unis et le Japon, voire plus en cas de naissance); une manne financière qui incite Pékin à multiplier les prêts. Les pandas restent bien sûr l'emblème du soft power à la chinoise mais leur rôle a un peu évolué : ils sont de plus en plus utilisés pour garantir des contrats d’approvisionnement stratégiques. En France, un couple de pandas, Yuan Zi (« rondouillard ») et Huan Huan (« joyeuse »), a été prêté au zoo de Beauval en 2012, l'année où Areva signait un très gros contrat de fourniture d'uranium. Mais c'est peut-être juste un hasard du calendrier.

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 11 mai 2023, mis à jour le 12 mai 2023

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