Édition internationale

PORTRAIT - Marie PORTAL, quand créativité rime avec curiosité

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

Installée à Shanghai depuis 3 ans, et diplômée des Langues Orientales, Marie manie la langue chinoise avec aisance ; elle conjugue également avec brio de multiples talents de photographe, de designer d'accessoires, et d'écrivain. Rencontre avec une femme qui respire la féminité, la douceur, et l'humilité à l'occasion de la sortie de son nouveau livre « Un petit roux en Chine », illustré par Mélanie Abellan. Un ouvrage frais qui relate les aventures charmantes et rocambolesques d'un garçon de 10 ans au pays de Mao, en somme l'homologue local de notre mythique « Petit Nicolas ».

Vous parlez et lisez parfaitement le Chinois, votre éducation vous prédestinait-elle à ce parcours international et à cette vie en Chine en particulier ?

Petite, j'avais « Mon oncle de Chine ». Je le voyais tous les 6 ans quand il rentrait en France. Cela fait maintenant, 60 ans qu'il vit en Chine. Un jour, il m'a dit que je trouverais facilement du travail si je faisais une école de commerce et les Langues'O . Alors c'est ce que j'ai fait. Il y a vingt ans, il m'a trouvé mon stage de fin d'études à Canton: un stage marketing chez Danone. J'étais très contente mais au départ, je me suis plutôt retrouvée à travailler avec les chauffeurs-livreurs. Cette expérience au milieu des travailleurs chinois a été très enrichissante. De retour en France, je me suis aperçue que mes amis ne trouvaient que des CDD alors je suis partie chercher du travail à Hong-Kong. Il y avait à cette époque la même énergie qu'à Shanghai aujourd'hui. Je m'étais donnée deux semaines pour trouver, sinon je rentrais. Ca paraît court, mais en 1992, le South China Morning Post du samedi (le quotidien d'Hong Kong) offrait plus de 150 pages d'offres d'emploi. Dès le premier samedi j'ai reconnu le logo de Perrier au beau milieu des petites annonces. Mon futur patron cherchait « A male, with a five-year-experience ». Je n'avais aucune chance mais j'ai tout de suite pensé que c'était pour moi ! J'ai fait par la suite de nombreux allers et retours entre la France et la Chine. Mais à chaque fois que j'atterrissais en Chine, j'avais le sentiment de rentrer à la maison.

Qu'aimez-vous avant tout ici ?

Ce que j'aime ici, ce sont les Chinois. Je trouve que nous avons beaucoup de valeurs communes et de points communs. C'est dommage qu'il y ait cette barrière de la langue, car je suis sûre, que beaucoup pourraient s'en rendre compte. Je me sens certainement plus en phase avec une jeune femme chinoise qu'une Américaine par exemple. J'aime observer les Chinois, les photographier, capturer une situation, une attitude, un instant. Dans les entreprises, en arrivant on demande parfois au nouveau venu, d'écrire un rapport d'étonnement. J'ai beau vivre en Asie depuis des années, je m'étonne tous les jours de ces situations incongrues. C'est un peu ce qui m'a poussé à écrire « Un petit roux en Chine ». J'avais envie de décrire les étonnements d'un jeune Français en Chine, sa vie d'adolescent et sa confrontation à la culture chinoise.

J'apprécie aussi la capacité des Chinois à savoir dire « oui » de prime abord. Pour le coup, c'est une qualité que nous n'avons pas. En France, on commence par refuser la difficulté et le travail à faire. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne finisse pas par le faire quand même. En Chine, même si c'est difficile, parfois infaisable, c'est « oui » quand même ! Cette mentalité chinoise me donne des ailes. J'ai souvent le sentiment qu'ici tout est possible, tout est réalisable. C'est pour cette raison que j'ai créé Pivoine et la création de bijoux fantaisie. J'aime le contact avec les fournisseurs pour qui, justement, tout est possible et le fait de travailler de mes mains. En parallèle, je me suis lancée dans l'écriture et l'édition. J'ai fait l'an dernier un petit livre sur les jumeaux pour mes aînés. « Un petit roux en Chine » est dédicacé à mon troisième fils. Ça leur fera un souvenir de leurs années ici.

Y-a-t-il des choses qui vous agacent ou que vous ne comprenez toujours pas malgré votre parfaite intégration ?

La semaine dernière j'ai revu une ancienne collègue chinoise. Nous avons parlé à bâtons rompus tout l'après-midi. C'était sympathique et j'ai eu le sentiment de ne pas chercher mes mots. Pourtant, en montant dans le taxi pour rentrer chez moi, le chauffeur a mis cinq minutes à comprendre le nom de ma rue. J'ai eu beau prononcer Jianhe lu à la Pékinoise, à la Shanghaienne, rien n'y faisait et j'ai failli lui donner le nom d'une autre rue proche de ma résidence. Le chinois est parfois un peu décourageant !

Quel regard portez-vous sur ce pays ? Son évolution, son développement ?

Quand j'habitais à Taiwan, beaucoup de produits en France étaient « made in Taiwan ». Pendant ma période Hong Kong, tout était « made in HK » puis à Pékin c'était l'époque du « Made in China ». Maintenant je vis à Shanghai, je trouve toujours que je suis au bon endroit, à l'endroit qui bouge et j'aime ça !

Quel regard portez-vous sur la France et sur les Français qui débarquent ici ?

Il y a beaucoup de jeunes qui arrivent à Shanghai pour chercher du travail. Je leur souhaite d'en trouver mais pas à n'importe quel prix. Il faut qu'ils se fassent payer et qu'ils se déclarent au consulat. Je trouve qu'on ne peut plus être aussi insouciant qu'on l'était auparavant.

Après la photographie, l'écriture, les bijoux, la mode, de quoi sera fait votre lendemain chinois ?

Je ne sais pas de quoi sera fait mon lendemain chinois. Notre avenir est fait de ce que l'entreprise de mon mari lui proposera. Je profite de chaque jour en Chine, des gens et des surprises qu'ils me réservent. J'espère qu'il y aura encore beaucoup de jours chinois et que cela me donnera l'occasion de développer Pivoine et de continuer à écrire.

Un petit mot pour les Français de Shanghai ?

Bienvenus aux nouveaux. Je vous souhaite de réaliser vos projets, profitez-en c'est le moment.

 INFORMATIONS PRATIQUES : se procurer "Un petit roux en Chine"

 Bazar du Cercle des créateurs : mercredi 5 juin, au Club de Green  Valley Villa, 1500 Hami road (Hongqiao)
 BDA du Lycée Français (Qingpu)

 Le livre est également disponible à la vente (17.50€) à Shanghai à la  librairie l'Arbre du Voyageur, 155 Wuyi lu, 4/F (Ex concession française),  et dans le reste du monde en contactant Marie Portal  (marieportal@gmail.com) ou Mélanie Abellan (omabellan@gmail.com).

 

 

 

 

 

Raphaëlle CHOËL (lepetitjournal.com/shanghai) Mardi 28 Mai 2013

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 27 mai 2013, mis à jour le 8 février 2018
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