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FRANÇAIS ASIATIQUES - Qui sont-ils ?

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 8 décembre 2014, mis à jour le 8 décembre 2014

Par Marie-Eve Richet

Les Bananes, c'est ainsi qu'ils se qualifient eux-mêmes? Visage asiatique mais mentalité d'occidental, ces Français d'origine chinoise avaient besoin de se retrouver autour d'une identité commune. C'est ainsi que Patrick Taing a créé l'AFAC, Association des Français asiatiques. Nous avons participé à leur troisième rencontre?

Pourquoi cette association ? Il y a les Ch'tis, les Alsaciens, les Marseillais? après tout, pourquoi pas les Français d'origine chinoise ?! "Nous aussi, on est une région à part entière !" revendique Patrick. Une région, mais bien plus? car passée la première prise de contact et l'inévitable question "et toi, d'où tu viens ?", je suis un peu perdue? Entre Patrick, du Cambodge, Florence de La Réunion, Ferrasse du Sud de la Chine, Isabelle de Paris, Ying du Vietnam, et encore de nouveau Michel du Cambodge, les réponses fusent dans tous les sens? Je comprends au fur et à mesure que si toutes ces personnes sont nées ou ont grandi en France, leur parcours familial est différent. Allure de jeune homme à tout juste 26 ans, le président de l'association me raconte l'histoire de sa famille : intellectuels, ses grands-parents ont fui la Chine maoïste et la Révolution Culturelle pour aller dans un pays voisin, le Cambodge. Quelques années plus tard, ils sont rattrapés par le génocide des Khmers rouges et doivent de nouveau fuir leur pays d'adoption, cette fois pour la France, ancienne patrie mère de l'Indochine. Florence, Patrick ou Michel partagent cette même histoire : enfants de la 3ème ou 4ème génération de Teochew (Chinois originaires de la province du Guangdong) émigrés en France, les Chinois de la Porte d'Italie ont une revanche à prendre.

Un jeune président investi (crédit Ba Min Sein Aye)

La Chine, un second pays d'adoption

Pour certains, la Chine est donc une découverte totale? Florence, réunionnaise, n'y était jamais venue avant son arrivée en 2012, le mandarin était sa LV2. D'autres au contraire ont cultivé avec la Chine un lien plus fort, comme Isabelle et ses camarades étudiantes à l'ICD (Institut de Commerce et Développement) à Paris qui ont choisi spécifiquement ce programme pour les deux années passées à Shanghai. Isabelle, dont les parents ont émigré dans le 93, revenait tous les ans dans la région d'origine de sa famille, à Wenzhou, dans le Sud de la Chine. Ici, elle a choisi de s'intégrer complétement dans l'environnement. "Je ne dis jamais que je suis Française, ça serait une trahison. En fait, pour les Chinois, je suis une huayi, une ressortissante chinoise, même si moi, je me sens beaucoup plus française dans mes comportements et ma façon de vivre". Quant à Ferrasse, grande stature, même de dos, et depuis dix ans, il se fait apostropher d'un "Hello !". Michel, lui aussi un "dinosaure" arrivé à Shanghai il y a treize ans, parle encore de la Chine comme d'un "pays d'adoption", même s'il reconnait que son "identité duale permet de passer plus facilement d'un pays à l'autre". Pour Ying, de maman vietnamienne et de papa chinois, elle "se sent avant tout Française et a du mal à se faire des amis chinois". En tout cas, ils sont unanimes pour vouer "une reconnaissance énorme aux valeurs rattachées à la France, et en particulier au système d'éducation". Des études (supérieures pour la plupart) qui les ont d'ailleurs menés à des postes élevés en Chine.

"La seule Caucasienne", avec Ying  (crédit Ba Min Sein Aye)

La Chine pour le professionnel, l'avenir en France pour la famille

Florence, jeune diplômée de Sup de Co Reims, débarque à Shanghai en 2012, "juste pour voir, le contexte économique n'étant pas très favorable en France". Elle trouve tout de suite un job, dans un cabinet de conseil français. D'une semaine, l'aventure s'est transformée en trois ans? Alors maintenant, "comme beaucoup de gens à Shanghai, je n'ai pas vraiment de plan défini? ". Ferrasse lui, s'est installé ici, et y a fondé sa propre société de déménagement. Michel, actuel patron de Lancel Asie-Pacifique, a fait toute sa carrière en Chine. Parcours hors norme, il nous confie son histoire : né sous le génocide de Pol Pot, il fuit avec sa famille le Cambodge pour la France. Recalé de médecine puis de pharmacie, études auxquelles le prédestinaient ses parents, il intègre un peu par dépit un BTS Action Commerciale. Mais il n'en restera pas là. Il accède par l'admission parallèle à l'ISC à Paris, puis dégote au culot un stage à Taiwan dans le domaine du luxe. Embauché à peine diplômé, il gravit ensuite rapidement les échelons, avec la volonté de se "forger une place dans la société", jusqu'au poste de direction générale qu'il occupe aujourd'hui dans un des premiers groupes de luxe français. L'AFAC, c'est aussi pour lui une occasion de partager son expérience aux plus jeunes. Tel Patrick, qui a trouvé son futur job dans une maison française de haute joaillerie par ce réseau.

A l'AFAC, on y développe donc des liens business mais aussi amicaux. Le mot de la fin à Ferrasse qui dit s'être tout de suite "reconnu dans l'association : on a la même double culture, la même histoire...et on s'y connecte très vite aux autres membres dont certains sont déjà devenus des amis ".

Marie-Eve Richet lepetitjournal.com/shanghai Mardi 9 décembre 2014

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 8 décembre 2014, mis à jour le 8 décembre 2014

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