Le 26 mai, un Sud-coréen de 44 ans, prit le vol OZ723, Séoul-Hong Kong, puis le bus pour Huizhou (Canton). Depuis le 21 mai, il souffrait de fièvre et de sueurs, mais avait décidé de faire fi de son mal et de prendre l'avion. Les caméras thermiques de trois points de passage-frontière d'Asie, n'avaient rien détecté. Le 29 mai, il se présenta à l'hôpital, avec 39,5°C. Peu après, il était détecté le 1er cas de "MERS", syndrome respiratoire du Moyen-Orient, un coronavirus détecté en 2012, plus meurtrier ( 465 décès mondiaux sur 1142 cas, soit 40,7% de taux de mortalité) que le SARS.
La réponse des services de santé fut fulgurante. Quatre heures après confirmation par Séoul que la Corée abritait bien une épidémie de MERS (17 cas recensés), Hong Kong localisait tous les autres passagers du vol, et la Chine retrouvait en 4h le premier des 77 voyageurs du bus (en 48h, 67 étaient isolés). Le 2 juin, la Commission Nationale de Santé et du Planning diffusait dans tous les hôpitaux un manuel de soins du syndrome. A Huizhou, 54 infirmières choisies par loterie (vu l'excès de candidates, selon la presse, voire vu leur rareté, prétend l'internet) se relaient autour du patient coréen sous respirateur. D'après l'OMS, la durée du cycle du MERS est de 12 jours, contre 21 pour le SARS.
La Chine s'est donc mise en alerte, sans anxiété. Depuis la 1ère vague de SARS en décembre-février 2003, elle a appris et a eu le temps de se préparer.
Après cette épidémie, avait suivi celle de la grippe aviaire H5N1 en 2005, puis en 2009, et du H7N9 en 2013. En 2003, le pays démuni, sous un ministre de la Santé incompétent (l'ex-infirmier personnel de Jiang Zemin) avait traité le mal par la censure et le déni durant deux mois, lui permettant ainsi de migrer sans obstacle de Canton à Hong Kong, au Canada et à Pékin.
Depuis, des efforts financiers ont été faits (200 millions de $ sur le champ, et bien plus les années suivantes) pour créer, à travers les 31 provinces, quatre niveaux de "CDC", appareil de prévention épidémiologique de niveau mondial. Le même effort a été fait pour séparer l'idéologie (l'image nationale) de la santé, et renforcer la coopération avec les nations et l'OMS. De cette modernisation lucide, la Chine récolte les fruits aujourd'hui.
Eric Meyer (VdC) pour lepetitjournal.com/shanghai Mardi 16 juin 2015
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