S'il est bien une rue de Shanghai qui mérite toutes les attentions, c'est Taikang lu. Depuis 2005, elle a connu de multiples évolutions. Un immense lilong, composé de maisons des années 1920 a été détruit et transformé aujourd'hui en chantier. Tandis qu'un autre lilong, celui de Tianzifang, au 210, 248 et 274 nong de la rue, considéré d'année en année comme un des plus importants centres commerciaux de Shanghai, attire une clientèle de plus en plus bigarrée.
La petite allée appelée « Tianzifang » est une véritable aventure ! A la fin des années 1990, le potier Chen Yifei et le photographe Deke Ehr ont installé leurs studios dans des bâtiments industriels datant des années 1930-1950. Des cabinets d'architectes et de design ont aussi élus domicile le long de l'allée. Sans doute grâce à ces premières implantations, Tianzifang mais également tout l'habitat traditionnel alentour a été sauvé de la démolition? mais pas de la rénovation. Car si un ancien quartier de Shanghai doit être préservé, il n'y a que la raison commerciale qui puisse justifier un intérêt pour le patrimoine. En 2007, c'est le déclic ! En un peu plus d'un an, 45 pôles de restauration, cafés et bars ont investi les lieux, du 210 au 274 nong jusqu'aux 115 et 155 nong, Jianguo zhong lu.
Une chance ou un risque
Les dédales de ruelles plaisent au public ! L'étroitesse des allées, le foisonnement et la diversité des enseignes et des échoppes et surtout le mélange des genres, visiteurs et habitants locaux, donnent à ce nouveau pôle de loisirs un caractère plus humain que la plupart des enclaves commerciales de Shanghai.
Un hôtel cinq étoiles en cours de construction devrait figurer, tout au plus dans deux ans, en face de Tianzifang. Le bar de nuit, le Melting Pot au 288, Taikang lu, ouvert depuis 2005, pourra aisément tirer son épingle du jeu. Mais combien d'autres enseignes auront disparu pour laisser la place à des concurrents bien plus voraces ! Pour le moment, Taikang lu et ses allées conservent un aspect populaire comprenant de nombreux restaurants locaux et petites épiceries ou antiquaires. Mais subsiste le risque d'imitation du style de Xintiandi, une « vraie-fausse » architecture dans une optique de « vitrine » sociale.
Taikang lu, à travers Tianzifang, a l'immense avantage du miniaturisme par la concentration de ses boutiques et restaurants sur un périmètre restreint et « fermé », permettant à tous les publics de découvrir une facette de l'histoire de Shanghai passée et présente.
François Gonse ( www.lepetitjournal.com - Shanghai ) . Le 12 décembre 2008
Légende photo : Le grand chantier - copyright François Gonse







