PORTRAIT DE PAULISTA - Raphaëlle Faure, au cœur de l’atelier Piratininga de Vila Madalena

"Un bon pays pour les artistes". C'est ainsi que la Française Raphaëlle Faure, diplômée des Beaux-Arts et passionnée par l'art urbain, perçoit le Brésil. Membre de l'atelier Piratininga, à São Paulo, elle a rejoint le collectif il y a maintenant cinq ans. Lepetitjournal.com l'a rencontrée.

Pour Raphaëlle Faure, artiste en photogravure et arts urbains, tout a commencé en 2008, lorsqu'elle gagne une bourse des beaux-arts pour partir à l'étranger. "Il fallait monter un projet. Mon intention était de faire une intervention urbaine. Au début, j'ai regardé plusieurs pays pour partir, comme la Chine et le Japon. Finalement, j'ai choisi le Brésil car il y a beaucoup de collectifs d'artistes. J'ai envoyé une demande de stage à Piratininga, et ils ont accepté", raconte-t-elle. Mais bien que rentrée en France en 2009, elle reste attachée au Brésil.

Toujours en contact avec l'atelier Piratininga, à Vila Madalena, elle remporte un concours de la Faap (Fundação Armando Alvares Penteado). La fondation lui offre ainsi un appartement pour six mois, ainsi qu'un accès à leurs ateliers. "A l'origine, je devais rester juste les six mois. Finalement, je ne suis jamais repartie", explique-t-elle.

"En France, j'habitais dans une petite ville, Annecy. Quand je suis arrivée ici, j'ai aimé l'énergie de la ville, comment les Brésiliens se sont appropriés l'urbanisme. Cela collait véritablement à mes envies. J'ai commencé à faire des photos de ?pinxhos', ces lettres d'une certaine typographie propres à la ville. J'ai presque mis deux ans à m'installer. Je n'ai pas eu mon visa la première fois, en 2009. En 2010, je suis revenu avec mon projet de la Faap et mon mari, ce qui m'a permis d'obtenir mon visa", poursuit Raphaëlle Faure. "Aujourd'hui, je suis bien posée et je ne me vois pas retourner en France."

L'atelier Piratininga, un des plus vieux de São Paulo
L'atelier Piratininga a été fondé en 1993, par Ernesto Bonato. A l'origine, il se situait dans le quartier de Santa Cecilia, avant de déménager à Vila Madalena. "Vingt ans pour un atelier à São Paulo, c'est très vieux", souligne Raphaëlle Faure. Piratininga a toujours été lié à l'image et à la gravure. "A l'origine, je réalisais surtout des installations volumineuses, souvent en environnement urbain", décrit-elle. "Avec la taille de l'atelier, j'ai dû apprendre à faire petit. Et je travaille beaucoup maintenant sur des sérigraphies, et des photogravures. Je donne aussi des cours, à travers des workshops."

Raphaëlle Faure est la seule Française présente en permanence à l'atelier : "Tous les autres, ce ne sont que des Brésiliens. Mais je me sens bien, je me suis bien intégrée et je ne cherche pas forcément à m'approcher de la communauté française". A ses côtés, Samuel et Ralph ont rejoint l'atelier en 2007 et 2008. "Je suis arrivé à l'atelier grâce à mon professeur d'art à l'université, qui était en fait Ernesto Bonato", indique Samuel. "On a commencé à fréquenter tous les jours l'atelier, et on a travaillé sur les activités et nos travaux personnels". Des résidents temporaires sont également de passage à l'atelier : "On reçoit des artistes du monde entier ici. En payant une contribution, ils peuvent alors utiliser l'atelier, et proposer leurs ?uvres lors de nos expositions générales."

"Ce n'est pas facile en revanche d'être une artiste. On ne peut pas en vivre", contrebalance Raphaëlle Faure. "Je ne connais que deux personnes actuellement qui arrivent à gagner leur vie grâce à leur art". Comment joindre les deux bouts ? "Je suis professeure de français à côté et je donne des cours particuliers", dit-elle. Et l'artiste de conclure : "La seule facilité, ici, au Brésil, c'est que les opportunités sont plus nombreuses, et les esprits plus ouverts à l'art."

Félix MAZET (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 3 décembre 2015