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ATELIER JOURNALISME – A la rencontre de Zinedine Boudaoud, journaliste

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 21 mai 2013, mis à jour le 22 mai 2013

Après avoir travaillé pendant plusieurs années en tant que reporter pour France 2 et France 3, Zinedine Boudaoud a choisi de venir monter sa société de production au Brésil. Nos jeunes reporters de l'atelier journalisme l'ont interrogé sur son parcours.

Lepetitjournal.com ? Quand avez-vous commencé à vouloir devenir journaliste ?
Zinedine Boudaoud ? L'idée a surgi quand j'avais votre âge. Je viens d'une famille d'ouvriers immigrés, et il n'y avait pas beaucoup de livres à la maison. Mais nous avions la télévision, en noir et blanc. Il n'y avait que deux chaînes : on pouvait y voir des dessins animés, des séries comme Zorro, mais aussi des programmes culturels qui étaient très intéressants. Cela m'a permis d'apprendre de nombreuses choses. J'ai compris plus tard que c'est ce qui m'avait donné envie de travailler à la télévision.

Quelles études avez-vous fait pour atteindre votre objectif ?
Je n'ai pas suivi un parcours traditionnel. Je suis tout d'abord allé à la faculté de sciences économique, jusqu'au niveau du doctorat. Puis j'ai passé le concours pour entrer à l'école de journalisme de Bordeaux, qui est réputée pour son bon niveau.

Où avez-vous commencé à travailler en tant que journaliste ?
J'ai fait mes études à Aix en Provence, et en parallèle, j'ai commencé à travailler pour un journal régional, Var Matin : j'y étais pigiste. C'est là que mon apprentissage en tant que journaliste a commencé.

Qu'est-ce qu'un pigiste ?
C'est un journaliste qui est payé pour une journée de travail ou pour l'article qu'il a écrit.

Quel parcours avez-vous ensuite suivi ?
En plus de Var Matin, j'ai commencé à travailler dans des radios locales : Puissance 13 à Aix et Radio Cerise à Brignoles. Quand ensuite il a été question de trouver du travail à Paris, j'ai rencontré le patron de RTL qui m'a demandé si je pensais sérieusement pouvoir être journaliste à RTL après avoir travaillé pour Radio Cerise ! Ensuite, après mes études à l'école de journalisme, j'ai réalisé un stage à France 2 Sports, à France 3 Marseille puis à France 3 National où je suis finalement resté 8 ans. Ensuite, on m'a proposé de passer sur France 2.

Lorsque vous étiez à France 2, en quoi votre travail consistait-il ?
J'étais reporter et je m'occupais avant tout des questions de police et de justice. Par exemple, j'ai couvert les attentats terroristes à Paris, j'ai suivi l'explosion de l'usine AZF. Pour la partie judiciaire, je faisais également des compte-rendus d'audience de procès. Avant de partir au Brésil, pendant environ 6 ans, j'ai réalisé des reportages à l'étranger, sur tous types de sujets.

Quel a été le moment le plus marquant pendant ces années à France Télévision ?
Il est difficile de n'en choisir qu'un... C'est la soif de découvrir d'autres cultures, d'autres personnes qui m'a poussé vers le journalisme. Ces rencontres permettent de vivre des moments forts. Je me souviens notamment d'un tremblement de terre en Turquie. On comptait de nombreuses victimes, et beaucoup de dégâts. Le voyage pour arriver dans cette zone proche du Kurdistan a été très long, nous avons deux jours à atteindre le village. Quand nous sommes arrivés, la plupart des immeubles étaient effondrés. Nous sommes allés parler avec les familles en en avons rencontré une dont les enfants étaient morts durant le tremblement de terre. Ils nous ont donné l'autorisation de filmer les obsèques. Le village enterrait ce jour-là 10 enfants, qui étaient tous pensionnaires dans une école à 20km de là. Durant l'enterrement, les femmes pleuraient, hurlaient et m'ont insulté car, bien qu'ayant donné leur accord au préalable pour que nous filmions, elles ne voulaient plus voir les caméras dans ce grand moment de douleur.

Ce sont des situations très difficiles pour nous, car il faut parler aux gens avec compassion et pudeur, et en même temps, notre rôle est de montrer aux spectateurs la gravité de la catastrophe ainsi que la douleur des familles par le biais des images. On peut avoir parfois l'impression d'être des voleurs, lorsqu'on vient filmer et que l'on part ensuite vite pour pouvoir faire rapidement notre montage et l'envoyer à la chaîne. C'est ce que je voulais faire après l'enterrement, mais le fixeur (la personne qui aide et traduit) m'a expliqué qu'on ne pouvait pas partir tout de suite parce que la famille nous invitait à déjeuner. Même s'ils n'avaient pas beaucoup d'argent, ils nous ont préparé un déjeuner incroyable. C'était une belle rencontre ; j'aimerais pouvoir un jour retourner dans ce village.

Quand et pourquoi êtes-vous arrivé au Brésil ?
Je suis venu m'installer au Brésil en février 2011, parce que j'étais fatigué de la manière de mon travail à France 2, de la manière dont on fait ce métier maintenant. J'avais envie de changement et comme j'ai toujours eu envie de partir vivre à l'étranger... Maintenant, je suis indépendant, j'ai monté ma société de production, Cholila Press ; Christian Karembeu, un ancien international de l'équipe de France de football, est mon associé. Je dois trouver de nombreux sujets de reportages pour aller ensuite les vendre en France.

Quels sont vos thèmes de reportage de prédilection ?
Je traite notamment des questions de société, tels que les millionnaires au Brésil, les problèmes de criminalité, la protection de l'environnement et j'ai aussi réalisé plusieurs sujets de sport, surtout concernant le football. La prochaine Coupe du Monde, organisée au Brésil, a été l'une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de venir m'installer au Brésil.

Je m'occupe également des pays limitrophes du Brésil : je suis notamment allé à Buenos Aires au moment du choix du nouveau pape ou au Paraguay pour un reportage sur les Sans-Terre.

Jusqu'à maintenant, quel est celui que vous avez préféré faire ?
Pour l'instant, celui qui m'a le plus frappé, c'est celui de l'assassinat d'une juge à Rio de Janeiro. Ce sont des policiers qui l'avaient exécutée, parce qu'elle était en train d'enquêter sur eux. Ce reportage était très intéressant à faire, parce qu'il permettait de voir les dessous du Brésil. C'est ça notre métier : aller chercher les vérités cachées derrière ce que l'on veut bien nous montrer.

Quelles sont les étapes pour réaliser un reportage ?
Lorsque j'ai une idée de sujet, je fais des recherches détaillées. Si je pense ensuite que ce sujet peut intéresser les chaînes de télévision, je les contacte pour leur proposer mes idées de reportages pour les leur vendre. S'ils acceptent, je pars ensuite en tournage avec un cameraman et parfois un preneur de son. Ensuite, soit nous montons le reportage, soit la chaîne veut récupérer les images et les traiter comme elle le souhaite.

Est-ce que vous êtes stressé avant de passer à la télévision ? Avez-vous des "trucs" pour éviter d'être trop nerveux ?
On est toujours un peu stressé, surtout avant de passer en direct car des millions de personnes vont regarder, donc on n'a pas le droit à l'erreur ! Moi j'aime ça, parce que c'est du stress positif.

Pour essayer d'être bien détendu, j'ai des petits exercices de respiration : il faut se relâcher et respirer beaucoup. Il est également très important de préparer sa voix.

Nous préparons toujours notre texte avant, mais un conseil est de ne pas l'apprendre par c?ur pour rester le plus naturel possible et ne pas être perdu lorsque l'on oublie un mot ! Il est important de retenir le début et la fin de l'intervention. Entre les deux, on note les grandes idées.

Elena CHOQUART, Luma HALBRONN, François LANG, Leandra PAOLOZZI (www.lepetitjournal.com ? Brésil) mercredi 22 mai 2013

Rendez-vous sur le site de Cholila Press pour découvrir les reportages réalisés en Amérique du Sud par Zinedine Boudaoud : www.cholilapress.com.

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Publié le 21 mai 2013, mis à jour le 22 mai 2013

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