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URBANISME - Projet « cortiços », une expérience pionnière à São Paulo

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Les ?cortiços? de São Paulo ont été la source d'inspiration d'une exposition de photographies présentée à la Estação Júlio Prestes au mois d'août. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de s'y rendre, lepetitjournal.com fait un bref compte-rendu du projet de réhabilitation mené par la Secretaria de Habitação
Couverture du livre « Cortiços » - A Experiência de São Paulo
Photo: Fábio Knoll (divulgation presse)


Il n'y a pas de terme exact en français pour traduire « cortiço ». Le mot dérive en portugais de "cortiça" (liège), matériau avec lequel on confectionnait autrefois les ruches d'abeilles. C'est donc le concept d'essaim, de bourdonnement et de surpopulation qu'il faut en retirer. En effet, suite à la Révolution Industrielle du XIX ème et aux journées de labeur exténuantes, les ouvriers se mirent à construire leur maison, près des usines. Ces baraques improvisées, faites de bric et de broc, étaient occupées par plusieurs familles pauvres, agglutinées les unes sur les autres, d'où l'idée de ruche. Envahies par la fumée souvent toxique des usines et disposant de conditions d'hygiène précaires, ces constructions se transformèrent vite en taudis, source de maladies infectieuses. On les appelle d'ailleurs également « cabeça-de-porco », terme encore plus péjoratif !

Au début du XXème siècle, avec les vagues successives d'immigrants italiens et japonais vers le Brésil, beaucoup de maisons individuelles situées dans les quartiers industriels de São Paulo se sont converties en pensions de famille pour gens de passage. Avec les années, les conditions se sont dégradées, les loyers ont baissé et ont ainsi attiré les populations encore plus démunies : les paysans du Nordeste. Les « cortiços » étaient nés et ont survécu pendant des décennies...

Consciente du problème, Mme le Préfet Luiza Erundina a réussi à faire approuver en 1991, une loi, la Lei Moura, qui instaurait des normes sanitaires et sécuritaires pour ces établissements.Les propriétaires avaient un an à 18 mois pour se mettre en règle, sous peine d'une amende de 20.00 R$. Mais la grosse majorité d'entre eux n'a pas levé le petit doigt.


Une des photos (Fábio Knoll) illustrant le changement exceptionnel qui peut s'opérer...

Mãos à obra !
Quatorze ans après, en 2005, voyant que personne ne respectait la loi, la Secretaria Municipal da Habitação décide d'intervenir. Une équipe visite et recense les 1.800 vieilles bâtisses des quartiers Mooca et Brás. 40% d'entre elles présentent en fait de meilleures conditions que celles qui définissent les « cortiços ». Elles sont donc immédiatement débaptisées et reconverties en petits commerces. Sur les mille et quelques restantes, une soixantaine sont démolies et 280 sont actuellement en travaux de réfection complète, puisque l'actuel Préfet, Gilberto Kassab, a décidé de maintenir le projet. Plus de 200 familles ont accepté d'être relogées dans des « cages à poules » (financement CDHU). Cependant, beaucoup préfèrent rester sur place et procéder à de petits travaux, avec l'aide financière du propriétaire et selon le chronogramme de recommandations fourni par la Secretaria Municipal de Habitação.

En effet, il s'agit souvent de familles monoparentales ou de frères et s?urs orphelins ou encore de couples âgés qui craignent l'isolement mais surtout la responsabilité d'un prêt bancaire. Pourtant, le loyer est assez élevé - entre 300 et 400 R$ par mois pour environ 24 m2, soit la moitié seulement d'un flat de même dimension dans les rues attenantes à l'Avenue Paulista (sans les charges communes de ces adresses luxueuses, mais quand même, on croit rêver !)

Alonso López - Directeur de la Divisão Técnica Regional Centro

Interwievé par lepetitjournal.com, Alonso López a annoncé que le projet, déjà bien avancé allait maintenant pouvoir être étendu aux « cortiços » du centre-ville. L'expérience a également donné lieu à un très beau livre institutionnel publié par la Superintendência da Secretaria Municipal de Habitação et qui a été rédigé par le trio Elisabete França (Superintendante), Keila Prado Costa (Communication et Publications) et Alonso López lui-même. La photographie (superbe) est de Fábio Knoll et fait souvent le contrepoint à des images d'archives du Museu da Cidade. Enfin, la préface est de Thomas Hagenbrock, consultant international en architecture et urbanisme pour le compte de la Banque Mondiale. Rappelons que les locaux de la Secretaria Municipal de Habitação se situent justement au cinquième étage de l'Edifício Martinelli (voir article) qui fut lui-même quasiment un « cortiço » dans les années 60.

Marie-Gabrielle BARDET (www.lepetitjournal.com - São Paulo) mercredi 8 septembre 2010


Sites pour télécharger le livre gratuitement :

http://cidadeinformal.prefeitura.sp.gov.br

www.habisp.inf.br

Site intéressant, à consulter également :

http://www.usp.br/fau/cursos/graduacao/arq_urbanismo/disciplinas/aup0268/Intervencao_em_Cortico_-_Analise_de_uma_Exp_Didatica.pdf


lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 8 septembre 2010, mis à jour le 13 novembre 2012
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